Les familles de nos chefs d’Etats africains sont de vraies dynasties avec des capitaux énormes et des propriétés à perte de vue. La République Démocratique du Congo, ne déroge pour ainsi dire, pas à la règle. En effet, la famille Kabila, au pouvoir depuis plusieurs décennies, dirige la RDC d’une main de fer, à travers un règne sans partage. Le président actuel, Jospeh Kabila, qui a succédé à son père (mort au pouvoir) à la tête de l’Etat, fait indubitablement partie des chefs d’Etat les plus riches d’Afrique. La cause, une main mise sur l’économie et les ressources du pays. Ainsi, cette famille amasse les milliards alors que la population vit encore sous le seuil de pauvreté. Un pays riche, avec d’innombrables ressources naturelles, mais une population parmi les plus pauvres du continent.
Le cas Zoé Kabila
Dans cette dynastie Kabila, l’un des membres est sous les feux des projecteurs, ou du moins, sa fortune pose problème. Zoé Kabila, frère cadet du président congolais, est un député qui est réputé avoir plusieurs entreprises, et une fortune colossale. Le député de 38 ans s’est bâti un véritable empire financier. En effet, l’agence de presse économique Bloomberg, a fait des révélations sur la fortune du clan Kabila et particulièrement celle du frère cadet du président Kabila. 12 sociétés qui ont brassé des dizaines de millions et qui couvrent des domaines allant du minier à la construction en passant par les permis de conduire, constituent l’empire financier que s’est bâti Zoé Kabila. Bloomberg cite notamment un rapport de la Banque mondiale de 2011. Number One Contracting (une des entreprises du fils Kabila) apparaît comme l’une des quatre principales sociétés de construction du pays, près de 11% de parts de marché entre 2003 et 2008, engrangeant une estimation de 14 millions de dollars par an. En 2004 déjà, il se présentait comme Zoé Francis Mtwale, un nom d’emprunt en référence au pseudonyme Francis Mtwale que prenait son père Laurent Désiré Kabila, une manière assez subtile mais surtout illégale de faire les affaires. A cette époque il possèdait déjà la moitié des parts de cette société de construction.
L’une des nombreuses sociétés du député Zoé Kabila, une dont il ne s’en cache pas l’appartenance, est Cosha Investment, une société qui a construit notamment l’hôtel de luxe de Muanda, le Belvior, inauguré l’an dernier par son frère et président Joseph Kabila. Mais cette société ne se déploie pas que dans le batiment, elle s’est également déployée dans d’autres domaines. Elle a pris des parts dans plusieurs sociétés au fil des années, comme la compagnie d’aviation, Okapi Airlines, la chaine de fast-food Nando. A travers Isis Congo, une autre société, Cosha a obtenu un contrat de l’Etat en 2007 pour fabriquer des permis de conduire.
Et là, comme si ce n’était pas assez, Zoé Kabila, peut se vanter d’avoir des contrats beaucoup plus juteux que ceux déjà engrangés par sa société multisectorielle. En effet, la société Cosha Investment compte parmi ses contrats, des contrats miniers, qui lui rapportent gros. Bloomberg a documenté des relations d’affaires avec la société canadienne Ivanhoé qui a raflé de nombreux contrats au Congo ou encore sur le méga-projet minier de 3 milliards de dollars, Sicomines.
Un phénomène fort récurrent en Afrique Centrale
Les familles présidentielles africaines sont résolument de véritables empires financiers, érigés en parfaites dynasties qui règnent sur leurs pays respectifs. Récemment encore, au Gabon, un document (Complément d’enquête) de France2, faisait un zoom sur la fortune inestimable du clan Bongo, qui possèderait, via des sociétés-écrans, près de 18% du PIB du pays. Le Gabon lui aussi, pays immensement riche et doté d’un potentiel économique important. C’est quasiment partout les mêmes méthodes, la population croupie sous la pauvreté alors que ces familles présidentielles possèdent de nombreuses richesses. En Guinée-Equatoriale, au Congo, les affaires dites de « biens mal-acquis » font assez la lumière sur les richesses colossales des familles présidentielles au pouvoir depuis de nombreuses années.
L’enquête de Bloomberg sur Zoé Kabila est un prélude à un rapport paru ce 20 juillet du Groupe d’étude sur le Congo et du Pulitzer Center sur la richesse du clan Kabila, 10 membres de famille, 80 sociétés. De quoi jeter de l’huile sur le feu, au regard de ce qui se passe actuellement en RDC. Le pays traverse une phase de vives tensions politico-sociales, les affrontements et massacres ne cessent pas, alors que le président Kabila, lui, n’est plus légitime du fait de la fin de son ultime mandat depuis décembre 2016.
NegroNews
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