Vérone Mankou, un jeune informaticien du Congo-Brazzaville, en Afrique centrale, a mis au point un Smartphone dénommé ‘Elikia’. Quelques semaines après son lancement sur le marché, à la fin de 2012, les consommateurs se disent satisfaits du produit.
« J’ai acheté depuis trois semaines, le Smartphone Elikia conçu par un Congolais, et je ne m’arrête pas de m’émerveiller, vu ses fonctionnalités. Rien à envier avec les iphones et autres qui nous viennent d’Europe », affirme à IPS, Mamie Mbon, une habitante de Brazzaville, la capitale congolaise.
Christ Tsoumou, un douanier résidant à Brazzaville, témoigne à IPS: « Jusque-là, pas de plainte. Je communique sans problème avec ce nouveau téléphone, j’écoute la musique et je lis mes mails. J’ai même déjà réduit mes fréquentations aux cybercafés. Vraiment, c’est une fierté nationale ».
De nombreux Brazzavillois ont pu acquérir à 190 dollars le téléphone ‘Elikia’, qui signifie ‘espérance’ en lingala, une langue nationale au Congo. Pour une première série, ce téléphone a été fabriqué à 5.000 exemplaires et se vend comme de petits pains à Brazzaville et à Pointe-Noire, les deux principales villes du pays.
Présentant son œuvre, Mankou, le jeune concepteur de 27 ans, a indiqué que ce téléphone répond aux normes actuelles de la téléphonie mobile. « Son écran est assez grand, soit 3,5 pouces, et il tourne sur un système d’exploitation androïde qui est le plus utilisé au monde. Avec ses deux caméras, on peut faire des vidéos et voir le correspondant qui est au bout du fil Elikia », explique-t-il à IPS.
Mankou estime que Elikia n’a rien à envier aux autres téléphones comme le Blackberry, car les usages sont les mêmes. « La seule différence, c’est que chez nous c’est Elikia, et eux ont choisi d’autres noms », commente-t-il.
Conçu au Congo en 2012, le Smartphone Elikia a été assemblé en Chine. « On trouve en Chine des fournisseurs des accessoires de téléphonie mobile à des prix abordables et une main-d’œuvre de qualité. C’est ce que fait tout le monde pour éviter de payer un surcoût douanier en faisant venir les pièces au Congo », explique Mankou.
Après avoir reçu plusieurs refus de la part des banques pour obtenir des crédits, Mankou, responsable de la société VMK (Vérone Mankou), a été soutenu par le gouvernement congolais qui lui a donné 700.000 dollars. « Sans cette aide, nous ne serions jamais arrivés à la réalisation de ce téléphone. Nous ne sommes pas encore une grande entreprise », avoue-t-il. Elikia emploie une vingtaine de personnes.
Pour le ministre congolais des Télécommunications et des Nouvelles Technologies de la Communication, Thierry Lézin Moungalla, « Vérone Mankou vient de prouver que la jeunesse africaine est capable de prouesses, à condition de bien l’encadrer et de l’accompagner, en octroyant des financements et la formation ».
Moungalla ajoute avec une fierté nationale: « Vérone Mankou a pu développer un premier Smartphone en Afrique. Tous les débats et polémiques sur le lieu de montage n’ont pas lieu d’être. Ce genre d’initiative est la base même de la société d’information de demain, il faut l’encourager ».
Roger Nguimbi, membre de l’Association des informaticiens professionnels du Congo, explique que la plupart du temps, les concepteurs informatiques remettent des plans à un assembleur qui s’occupe du produit fini. « La Chine est le plus souvent visé, même par les grandes sociétés occidentales, à cause de ses meilleurs prix », ajoute-t-il à IPS.
Dans les boutiques au siège de la société VMK, basée à Brazzaville, plusieurs Congolais consentent, sans hésitation, à donner 190 dollars – environ le salaire moyen dans le pays – pour acquérir Elikia.
« Les téléphones de même qualité nous sont vendus à 500, voire 600 dollars sur le marché. A ce prix, on ne peut pas se plaindre », estime Brice Elion, un journaliste.
Selon son patron, la société VMK s’était donné le pari de vendre à moins de 100.000 francs CFA (200 dollars) ce nouveau téléphone mobile.
Au Congo, le gouvernement avait indiqué en 2012 que 90 pour cent des 3,8 millions d’habitants du pays avaient accès au téléphone portable. Même les plus démunis tiennent à un téléphone portable. « Ce qui signifie que nous nous approchons de la saturation », a prévenu le ministre Moungalla.
En 2011, VMK avait mis sur le marché une tablette tactile, un petit ordinateur de poche, avec des fonctionnalités plus développées que d’ordinaire. Après avoir englouti 85 millions de FCFA (environ 170.000 dollars dans la fabrication de cette tablette, VMK la revend à 300 dollars l’unité, et son concepteur n’est pas déçu: « Nous avons déjà dépassé les 50 pour cent de nos objectifs, la tablette se comporte très bien sur le marché », a-t-il déclaré.
Fils d’un ingénieur congolais dans une société pétrolière, Vérone Mankou est détenteur d’un baccalauréat plus deux années d’études en informatique à l’Université privée Charles Petty de Pointe-Noire.
Source : Nextafrique.com
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