FRANÇAFRIQUE : DE MITTERRAND À MACRON

Alors même que les extrêmes se revitalisent du fait de l’actuelle politique, on trouve ceux qui critiquent une « repentance sans fin » et ceux qui applaudissent ce qu’ils considèrent comme un « devoir de mémoire ».

Et il y a plus spécifiquement ceux qui souhaitent que le courage de regarder l’histoire en face, sous toutes ses facettes, même les plus sombres, s’étende désormais à l’un des derniers dossiers sur lesquels la responsabilité de l’Etat français dans de très nombreux crimes n’a jamais été reconnue : la « Françafrique ».

Pour cela, il faut passer en revue la politique de la France de Mitterrand à Macron en Afrique.

Mitterrand et le néocolonialisme

Avec l’arrivée au pouvoir à Ouagadougou en 1983 de Thomas Sankara, le président Mitterrand s’est retrouvé confronté à une nouvelle vague de dirigeants politiques en contraste avec les leaders de l’époque coloniale.

François Mitterrand entretenait des relations houleuses avec son homologue du Burkina Faso.

Le plaidoyer de Thomas Sankara devant le président français avait laissé ce dernier médusé. Au point que beaucoup ont lu les instructions de la France dans l’assassinat du « père de la révolution » burkinabè.

La colère et l’indignation avec Sarkozy

Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy le 26 juillet 2007 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal, avait provoqué la colère et l’indignation dans toute l’Afrique.

L’ancien président français avait déclaré sans détours que « l’Homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire. »

Il avait poursuivi son propos en relevant que « le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. »

« Dans cet imaginaire où tout recommence, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès », avait-il ajouté.

Le partenariat entre la France et l’Afrique d’Hollande

En octobre 2012, le président François Hollande s’était prononcé en faveur de la fin de la « Françafrique » lors d’une visite à Dakar.

Dans un discours devant le parlement sénégalais, le président français avait déclaré que « le temps de la Françafrique est révolu: il y a la France, il y a l’Afrique, il y a le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. »

Hollande avait alors déclaré ne pas être en Afrique pour « imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale ».

La colonisation remise en cause par Emmanuel Macron

Emmanuel Macron avait consacré dans son programme « 0,7 % de la richesse française à la coopération avec l’Afrique ».

Ce taux de 0,7 % du PIB devait englober aussi bien l’aide au développement que l’assistance sécuritaire.

Il s’agit en fait d’un des objectifs fixés par l’ONU envers l’union Européenne et sa coopération avec l’Afrique.

D’autre part, Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » lors de son voyage en Algérie à la mi-février 2017.

Il avait continué en évoquant une « barbarie » qui fait partie « de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes ».

Cette position reste inédite dans l’histoire politique française même si l’ancien ministre de l’Économie, quelques jours plus tard, était revenu sur sa position. Au lieu de « crime contre l’humanité », il avait parlé de « crime contre l’humain ».

 La Françafrique

La Françafrique est un réseau parallèle mêlant politique et affairisme entre la France et ses ex-colonies africaines. S’il entend redorer l’image de la France et convaincre la jeunesse, Emmanuel Macron devra donc d’abord s’atteler à changer les relations franco-africaines.

Les Africains sont de plus en plus hostiles à la présence de l’ancien colon sur son sol sur fond de menace terroriste dans Sahel et des conditions inhumaines vécues par des migrants trop nombreux refoulés aux portes de l’Europe.

En 2013, Emmanuel Macron défendait la modernisation de la vie économique.

Il disait que « la gauche moderne est celle qui donne la possibilité aux individus de faire face, même aux coups durs. Elle ne peut plus raisonner en termes de statuts ».

Pour montrer qu’il apporte un vent nouveau et moderne éloigné du passé colonial, Emmanuel Macron ne convaincra qu’en évoquant des projets concret autour de partenariats économiques, de projets entrepreneuriat, de projets basés sur l’éducation et les énergies durables.

 

NN

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