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[CULTURE] LES REINES AFRICAINES : NDATE YALLA MBODJ

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Comme toutes les régions d’Afrique, le Sénégal aussi a laissé dans l’histoire des femmes qui tentèrent de s’opposer à l’esclavage et à la colonisation. Durant leur règne, elles furent puissantes, craintes et respectées par leurs homologues masculins des autres royaumes. Au 19 eme siècle, Ndete Yalla Mbodj fut l’une des toutes dernières. Reine du royaume Waalo (au nord-ouest de l’actuel Sénégal), elle résista de son mieux contre l’annexion de son territoire par les troupes du général Faidherbe qui voulaient faire du Sénégal une tête de pont pour la constitution de l’empire colonial français d’Afrique noire.
Alors qu’en France la citoyenneté féminine ne sera reconnue qu’un siècle plus tard, ce n’est pas sans surprise que les esclavagistes blancs découvrent cette à la tête d’une immense armée. En succédant à sa sœur, Ndete Yalla hérita d’une situation très compliquée. D’un côté, les Maures Trarzas, arabo-musulmans esclavagistes de la rive droite du fleuve Sénégal semaient la terreur pour alimenter en esclaves leur commerce arabo-maghrébins. De l’autre, les esclavagistes et colonisateurs français installés depuis le 17e siècle dans leurs comptoirs de Saint-Louis, souhaitaient neutraliser toutes les royautés africaines qui gênaient leur expansion et leur pillage.

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LA SOCIÉTÉ MATRIMONIALE WOLOF (Sénégal)

Le wolof (parfois écrit ouolof) est une langue parlée au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Il appartient à la branche atlantique des langues nigéro-congolaises. Il a aussi des liens avec d’autres langues de la région comme le peul et le Sérère.
La communauté Wolof représente près de la moitié de la population (43,3 %) au Sénégal. Elle arrive en troisième position en Gambie (16 %) et constitue environ 9 % de la population mauritanienne.
La société traditionnelle wolof était matriarcale comme tout le continent africain. C’est l’islamisation qui bouleversera profondément le mode de fonctionnement de cette communauté pour en faire aujourd’hui l’une des plus islamisée de toute l’Afrique noire.
Il faudra attendre la moitié du XIXème siècle et le début du XXème siècle, pour que face à la pénétration coloniale, les différents mouvements contribuent à la pénétration de l’Islam auprès des masses populaires. Ce phénomène aura des conséquences à long ou moyen terme sur le statut de la femme. Dans son livre intitulé « l’Afrique noire pré-coloniale », Cheikh Anta Diop nous dit que la femme africaine avait, historiquement, beaucoup plus de liberté et jouait un rôle politique décisif avant l’intro­duction des conceptions patrilinéaires introduites par l’Islam et la colonisation des européens chrétiens. Même si l’imprégnation de la religion islamique fut lente, la conversion fut massive à la fin du XIXe siècle, à travers le mouridisme, et la confrérie Tidjane. Aujourd’hui au Sénégal comme dans la plupart des pays d’Afrique sous domination étrangère, les religions non africaines occupent une place centrale et ont même tendance à régir toute la psychologie collective. La presque totalité des Wolofs sont devenus musulmans et adhèrent au patriarcat. Avant arrivée de l’islam la femme avait plus de pouvoir de décision, aujourd’hui les rôles ont bien évidemment changé. Malgré cela la tradition africaine est encore très vivace. La femme est encore respectée et honorée. Le respect envers les aînés, et les personnes âgées est primordial comme dans de nombreuses sociétés africaines.

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LES ROYAUTÉS WOLOF

Le royaume du Walo était situé au nord du Sénégal et au sud de la Mauritanie et occupait une position stratégique entre le monde arabo-berbère et l’Afrique noire. Sa capitale était Njurbel situé au sud de la Mauritanie actuelle.

Le pays wolof connaît après le XIVe siècle une unification politique autour de l’empire Dyolof. Au XVIe siècle, il se disloque en quatre provinces, le Dyolof proprement dit, le Walo, le Cayor et le Baol.
Les Wolof qui s’étendent depuis Saint-Louis jusqu’au sud de la presqu’île du Cap-Vert sont signalés pour la première fois par Da Mosto, au milieu du XVe siècle. Selon ces voyageurs blancs, les habitants de cette region sont appelés tantôt Galaff ou Gelafa ou Galofes, tantôt Iolofes ou Jaloffs ou Iolof, tantôt Guiolof. Cette appellation viendrait, dit-on, du nom du fondateur du premier village du Dyolof, d’origine mandingue, Dyolof Mbeng.

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NDATE YALLA MBODJ (1810-1860)

Abritant une population de seize à vingt mille âmes, pour la plupart cultivateurs et commerçants, le Walo formait un bouquet d’îlots posés sur le fleuve. Grenier à mil de la région, cette contrée bénéficiait de vastes champs de riz et d’arachides, d’eaux poissonneuses, de riches pâturages et d’imposants troupeaux de bœufs, de moutons, de chèvres et de chevaux. Dans les jardins familiaux entretenus par les femmes, poussaient en abondance des cultures maraîchères, patates douces, courges, melons, tomates. Le fleuve représentait en outre une importante activité économique puisque le Walo en contrôlait la traversée grâce à son imposante flottille de pirogues affectée au transport des marchandises. Ainsi, les étrangers européens de passage dans cette région devaient fournir un impôt pour emprunter les voies fluviales et commercer avec les villages ; ce qu’ils commenceront à contester dès que s’affirmeront leurs intentions colonialiste sur le Sénégal.

Dans ce royaume, les femmes, sœurs ou mères de roi exerçaient un rôle influent, Ndete Yalla, s’étant substituée au Brak (roi) Mody Malick, jugé trop apathique pour faire face aux pressions extérieures, décida de prendre les choses en mains afin de mener une politique à la fois prudente et énergique afin de préserver la cohésion du territoire sur lequel s’étendait son autorité.

Pendant près de deux siècles les côtes sénégalaises avaient représenté l’un des enjeux les plus disputés pour le contrôle de la déportation des africains vers les Amériques. Portugais, Hollandais, Anglais et Français se sont combattu pour établir leur domination sur cette région qui leur servait de point de ravitaillement en esclaves et en matières premières. Lorsqu’il apparut que le fleuve pouvait servir de point d’appui à la conquête française et constituer un axe stratégique de pénétration de l’Ouest africain, la ville de Saint Louis se métamorphosa. D’entrepôt d’esclaves, elle devint une plaque tournante pour le pillage et l’exportation des produits tropicaux (or, épices, ivoires, gomme arabique, …) et l’introduction de fusils, poudre, alcool et pacotilles dans l’intérieur du continent.

Les ambitions françaises sur cette zone étaient donc claires : tuer tous les africains voulaient entraver leurs activités commerciales et freiner l’expansion coloniale. Des fortins armés furent donc édifiés le long du fleuve pour protéger les escales et faire passer le trafic fluvial sous contrôle français. Bien entendu, ces tentatives d’implantation se heurtèrent à l’hostilité des royaumes locaux qui y pressentaient la perte de leur souveraineté.

De leur côté, les Maures n’étaient pas du tout disposés à céder leur leadership à ces Blancs qui venaient les concurrencer directement dans le pillage très lucratif des produits. Chaque année à la saison sèche, ils quittaient la Mauritanie voisine et traversaient le fleuve pour aller razzier des villages sénégalais dont ils vendaient les habitants sur les marchés d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Lybie …). Se faisant plus menaçants envers les populations noires pour les empêcher de privilégier les échanges avec les Blancs, ils accentuèrent aussi leur pression sur les Européens qu’ils rançonnaient aux escales ou dont ils arraisonnaient les caboteurs chargés de marchandises. Ces tensions étaient en fait inévitables du fait de la coexistence, sur un même créneau (esclaves, or, ivoire, gomme arabique, etc.). Le commerce esclavagiste arabe, dirigé vers le Maghreb et le moyen Orient, n’était plus de taille à lutter contre la déportation d’esclaves contrôlée par les Européens entre l’Afrique et l’Amérique.

La reine Ndete Yalla , qui vivait sur un grand îlot bordé par le lac Paniefoul était bien consciente des convoitises que suscitait son royaume. « Nous n’avons fait de tort à personne, écrivit-elle en 1847 au gouverneur colonialiste de Saint-Louis. Ce pays nous appartient et c’est à nous de le diriger. C’est nous qui garantissons le passage des troupeaux dans notre pays. Saint-Louis appartient au gouverneur, le royaume du Cayor appartient au Damel (titre royal) et le Walo appartient au Brak (titre royal). Que chacun de ces chefs gouverne son pays comme bon lui semble. »

C’est vers cette époque, plus précisément en septembre 1850, que lui rendit visite l’Abbé David Boilat, un métis colonialiste franco-sénégalais, missionnaire de son état.

La reine le reçut dans sa concession, entourée de ses dames de cour. Vêtue d’une robe de couleur vive brodée de fils d’or et portée sur un pagne chamarré, elle fumait une longue pipe noire. Ses cheveux tressés et ornés de pépites d’or étaient enserrés dans un foulard noué en cône, très haut sur la tête. Sur le buste s’entremêlaient des colliers en or et des amulettes recouvertes de cuir. Elle leva la main en signe de bienvenue, faisant cliqueter les bracelets torsadés assortis à ses boucles d’oreille en or et ses bagues serties d’ambre et d’agate.

A l’approche du visiteur, d’une voix légèrement voilée, la reine invita le missionnaire à prendre place face à elle. Elle lui posa de nombreuses questions sur le rôle des missionnaires et sur les modes de vie en France, les types de gouvernement et les activités économiques. L’interprète traduisait avec rapidité. Le Marosso Tassé Diop, époux de la reine, se montra quant à lui curieux des forces militaires dont disposait cette puissance coloniale et des dernières inventions européennes en matière d’armement.

Pendant près de dix ans, Ndete Yalla parvint à maintenir son royaume dans une paix illusoire. Mais les frictions ne cessaient de se multiplier avec le comptoir de colons français à Saint-Louis du fait notamment de conflits fonciers dus à l’appropriation intempestive par des planteurs français de terres appartenant à ses sujets. De plus, face aux avancées progressives de l’armée coloniale dans la région, les commerçants de Saint-Louis commençaient à refuser de payer les redevances dues au Walo pour se déplacer sur le fleuve et commercer sur ce territoire. Privé d’un impôt indispensable, le pays s’engagea sur le chemin de la résistance. Dans une lettre très ferme au gouverneur de Saint-Louis, Ndete Yalla exigea l’évacuation des parcelles autour de la ville coloniale et relevant de sa souveraineté. Elle interdit en outre tout commerce européen sur les escales de son royaume.

C’est l’occasion que saisira le chef de bataillon de génie Louis Faidherbe, qui venait d’être nommé gouverneur du Sénégal. Arrivé à Saint-Louis en 1854, ce polytechnicien très grand ami de Victor Schoelcher (chantre de la l’abolition de l’esclavage). La révolte de la reine Ndete Yalla lui offrait donc un prétexte pour défaire le récalcitrant Walo, s’emparer des royaumes voisins du Baol et du Cayor et tenter un coup de force décisif contre les Maures qui s’étaient mis à soutenir la fronde des chefferies locales.

Par un petit matin de février 1855, il quitta Saint-Louis, armé de puissantes canonnières et d’une colonne de milliers de soldats, dont un corps de militaires africains enrôlés pour combattre leurs propres frères.

Faidherbe nomma ses soldats tirailleurs sénégalais. Dans les villages proches de Saint-Louis, les tam-tams de guerre se mirent à battre précipitamment pour prévenir les gens du Walo de l’expédition qui se préparait. En dix jours de marche, Faidherbe, pratiquant la politique de la terre brûlée qui lui avait réussie en Algérie, dévasta tout sur son passage malgré la vaillante résistance des guerriers du Walo.

Les troupes coloniales françaises incendièrent vingt-cinq villages, pillèrent les récoltes, capturèrent de nombreux troupeaux de moutons, d’ânes et de chevaux. Et emportèrent, selon la comptabilité méthodiquement établie par l’intendance militaire, deux mille bœufs étaient destinés aux Blancs de Saint-Louis qui craignaient de manquer de lait et de beurre. Sentant sa cause perdue, apres plusieurs mois de résistance Ndete Yalla trouva refuge dans le Cayor où elle tenta d’organiser une second résistance avec son fils Sidia. Mais, brisée par le chagrin, c’est dans cet exil qu’elle mourra en décembre 1856, après vingt-deux ans de règne.

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Après la mort de Ndaté Yalla, Faidherbe emmène son fils Sidya, qui n’a que dix ans à Saint-Louis pour l’endoctriner à l’école des otages. Ce que Faidherbe ignore c’est que l’enfant avait déjà reçu une éducation par sa mère. La reine a inculqué à son fils le sens de la fierté nationale et un esprit de stratège dès son plus jeune âge. L’enfant sera envoyé au Lycée Impérial d’Alger en 1861, et deux ans plus tard, demandera à Faidherbe de revenir au Sénégal. Ce dernier acceptera et baptisera le jeune homme Léon en devenant lui-même son parrain.

Sidya n’a que 17 ans quand la colonie française lui confie le commandement du canton de Nder. Chose surprenante, le jeune homme refuse. En nationaliste initié par sa mère, Sydia décide de défier les Français. Il se débarrasse de tout ce qu’il a appris des Européens pour se tourner vers les traditions de son peuple et revêtir sa tenue traditionnel. Le fils de la reine porte des tresses de Thiédo que nous connaissons plus communément sous le terme de dread locks. Il se jure de ne même plus parler la langue des colons ni de porter leurs vêtements.

En novembre 1869, Sidya dirige une insurrection générale contre les français, ce qui entraîne de lourdes pertes du côté des troupes françaises. Il sera néanmoins traqué sans cesse par l’administration coloniale, et quand il arrive à Lat Dior pour concrétiser un front de libération nationale, il est trahi par ses guerriers qui le livrent au Gouverneur Valère à Saint-Louis le 25 décembre 1875. Sydia sera déporté au Gabon en 1876 où il meurt en 1878, à l’âge de 30 ans.

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Encore une fois les européens descendants d’esclavagistes, marchands de la mort et destructeurs culturelles continuent de cacher méticuleusement les méfaits de leurs aïeux, en faisaient croire à qui veut bien l’entendre que leurs ancêtres sont venus en Afrique pour nous aider. C’est ce qu’ils appellent encore aujourd’hui la mission civilisatrice. Ce rappel historique met en évidence une chose importante: la colonisation et le massacre des habitants de ce royaume du Sénégal ont eu lieu après la révolution française de 1789. Ce qui signifie que pendant que les français criaient liberté, égalité, fraternité et parlaient des « droits des hommes ». Les même « humanistes » soutenaient le pillage nos terres, le massacre de nos ancêtres, et la destruction de nos cultures. Donc aujourd’hui, lorsqu´on les entend parler de démocratie, de coopération, d´amitié entre les peuples tout en entretenant les pillages, les déstabilisations et les guerres tribales en Afrique, force est d’admettre que les hommes blancs ne diront jamais la vérité sur leur véritable nature. L´autre remarque importante est la présence des hordes arabes esclavagistes, qui continuent de pratiquer leur entreprise d’asservissement des noirs en Mauritanie au nom du Coran. Les deux plus grands prédateurs de l´Afrique (d’origine indo-européenne), sont ainsi rassemblés dans leurs œuvres civilisatrices de destruction. Il serait peut-être grand temps que l´africain naïf ou aveugle ouvre ses yeux: ces deux races ne nous ont réservé que destructions, meurtres, pillages et cruautés. Ou peut-être attendez-nous que les descendants des meurtriers de nos ancêtres réfléchissent pour nous ?. Le plus affligeant est savoir que plusieurs années après la fausse indépendance du Sénégal, la ville de St Louis n’a toujours pas été débaptisée. Et à ce jour personne n’a trouvé nécessaire de détruire la statue de ce négrier colonialiste Louis Léon César Faidherbe, qui trône au nord de la ville. Tandis que nos véritables héros et héroïnes sont toujours dissimulés à la Jeunesse africaine et remplacés par des traitres qui ont préféré maintenir l’Afrique sous la domination des blancs.
Les conséquences de notre asservissement sont pourtant flagrantes en Afrique: désolation, pauvreté, néo colonisation, corruption, immigration vers l’occident … N’est-il pas temps de tirer leçons de l´histoire ?

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Sources:
http://www.black-feelings.com/accueil/detail-actualite/article/ndate-yalla-mboj-la-reine-resistante/
http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article1287
http://www.xibar.net/HISTOIRE-Ndete-Yalla-derniere-reine-du-Walo-Senegal_a12063.html
http://africanhistory-histoireafricaine.com/blog/2013/10/30/ndate-yalla-mbodj-la-reine-resistante-wolof/
http://www.africanouvelles.com/africulture/arts-a-cultures/8077-heroines-africaines-les-epopees-de-dix-femmes-puissantes.html
http://afroweb.chez.com/sen_his.htm
http://www.grioo.com/info5550.html
http://reinesheroinesdafrique.doomby.com/pages/recits-des-reines-heroines/ndate-yalla-mboj-la-reine-resistante.html
http://www.sengenre-ucad.org/TexteNdate.htm
http://www.savoiretpartage.com/2011/07/04/ndate-yalla-mboj-la-reine-resistante-12/
http://www.ndarinfo.com/Talatay-Nder-et-le-radeau-de-la-Meduse-Deux-destins-tragiques-lies_a2185.html
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