[POLITIQUE] OBAMA: IL NE FAIT PLUS RÊVER LES AFRICAINS

Obama a oublié le continent de son père au profit de l’Asie. Une immense déception à l’image du formidable espoir suscité par son élection. Pour qui votera alors l’Afrique le 6 novembre?

Faut-il tourner la page Obama, le premier président «Noir» des Etats-Unis, qui a oublié que son père venait du Kenya? Faut-il, insulte suprême, lui rappeler que Georges Bush le républicain avait davantage fait pour l’Afrique, en finançant massivement des programmes anti-sida?
Obama, c’est d’abord un malentendu. Si son père est Kényan, il a été élevé à Hawaï puis en Indonésie par sa mère, une Américain blanche d’origine irlandaise. Il n’a donc pas grandi dans un milieu cultivant les racines africaines mais en Asie/Pacifique.
S’il est «Afro-Américain» au sens où un de ses ancêtres vient d’Afrique, il n’a pas la mémoire douloureuse des fers de l’esclavage.

On le voit l’attache affective entre Obama et l’Afrique de son père est des plus ténues.

Et l’Afrique au sud du Sahara a peut-être un peu trop rapidement cru que la couleur de peau faisait de Barack un frère… Avant d’être «Africain», Obama est d’abord et surtout «Américain» et l’origine de son père, qu’il a d’ailleurs très peu vu, a peu influé sur la politique étrangère de Washington.
Son élection en novembre 2008 a logiquement suscité l’immense espoir d’un monde plus juste après les guerres en Irak et en Afghanistan menées par George W. Bush (2001-2009). Et d’abord en Afrique, où de nombreux dirigeants l’ont chaleureusement félicité.

Un monde meilleur?

Nelson Mandela, premier président noir d’Afrique du Sud et icône mondiale de la lutte anti-apartheid, lui avait même écrit que sa victoire démontre que « personne dans le monde ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur ».

A-t-il vraiment rendu le monde meilleur, au moment où les massacres quotidiens en Syrie n’émeuvent même plus les opinions publiques, à l’heure où l’ambassadeur américain en Libye a sauvagement été assassiné par des islamistes?

Aujourd’hui, quel est le « bilan africain » d’Obama? Et surtout, qui comprend qu’il ne soit venu qu’une seule fois au sud du Sahara?

Sa visite au Ghana le 11 juillet 2009, avec un généreux discours sur l’Afrique, qui contrastait si fort avec le lamentable discours de Dakar de Nicolas Sarkozy, ne saurait faire oublier tout le reste.

Qu’a fait Obama en Afrique? Il a aidé les forces franco-britanniques à déloger Kadhafi, a soutenu de loin les Français pour bouter hors du palais présidentiel le mauvais perdant Gbagbo.

Il a « couvé » le dernier-né de la grande famille africaine, le Soudan du Sud et soutenu la force africaine contre les Shebab en Somalie. Mais Mugabe est toujours au pouvoir, tout comme Omar el-Béchir.

Il a lancé la traque, avec l’aide d’Hollywood, contre le chef rebelle ougandais Joseph Kony. Mais ce dernier, probablement terré au Soudan, échappe toujours aux militaires américains partis à ses trousses.

C’est maigre pour un mandat à la tête de la première puissance mondiale. En Afrique, comme dans le reste du monde, le gentil Obama a refusé de jouer les « gros bras ».

Bon père de famille

Visiblement peu à l’aise pour endosser l’habit du « gendarme du monde », il a géré les affaires du monde en bon père de famille, sans faire de vague. Ses détracteurs lui reprochent un manque flagrant de leadership, ses partisans mettent en avant son humanité et rappellent que Ben Laden a été éliminé sous son mandat.

Avec lui, l’Amérique est devenue moins arrogante. Mais a-t-elle gagné en popularité dans le monde musulman et en Afrique? Pas sûr.

Bien sûr, concernant l’Afrique, Obama a essayé de se rattraper. En août 2010, il a reçu à la Maison blanche plus d’une centaine de jeunes Africains pour discuter de leur « vision de l’Afrique pour les 50 ans à venir », critiquant implicitement la génération des indépendances.

En août 2009 et août 2012, il a envoyé la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton en tournée sur le continent. Mais n’y est pas allé lui-même.

En juin 2011, c’est même sa propre épouse Michelle, accompagnée de leurs deux filles et plusieurs membres de la famille, qui ont accompli un pèlerinage sur le continent de leurs ancêtres. Mais sans Barack Obama.

Mme Obama tout comme Hillary Clinton ont répété inlassablement le même discours: l’Afrique doit se prendre en main.

Il est ahurissant que, ces dernières années, l’Europe et les Etats-Unis aient délaissé l’Afrique au moment même où le continent émergeait sur la scène mondiale, avec une longue période de croissance économique. Et un poids démographique (un milliard d’habitants) qui en fait un acteur incontournable.

Réveil africain

Les négligences occidentales, qui n’ont pas perçu le « réveil africain », ont au moins profité à un pays: la Chine. Quand Washington, Paris, Londres, Berlin et Bruxelles s’en sont rendu compte, il était trop tard.

La place était prise: le commerce entre la Chine et l’Afrique est passé en 10 ans (de 2001 à 2011) de 20 à 120 milliards de dollars. Tout obnubilée par sa traque de Ben Laden, l’Amérique a laissé les Chinois faire main basse sur les matières premières africaines.

La «Chinafrique» est en marche avec son modèle contesté d’autoritarisme politique et de croissance économique. Elle a même un modèle, l’Angola. La «Chinafrique» rêve d’un grand bond en avant en ignorant superbement les critiques des organisations occidentales de défense des droits de l’Homme.

La dernière tournée en Afrique d’Hillary Clinton, qui pourrait un jour être tentée par la Maison blanche, visait notamment à contrer cet expansionnisme chinois.
Obama, comme les Bush avant lui, n’a pas vu venir en Afrique l’«ogre chinois». Les Américains, tout comme les Européens, n’ont pas anticipé non plus la menace croissante des «fous de Dieu» en Afrique.

Traumatisés par le 11 septembre 2001, obsédés par la traque de Ben Laden, les Occidentaux ont négligé les islamistes africains, qui ont prospéré en toute quiétude.

Les Shebab somaliens, affaiblis, ont toujours une grande capacité de nuisance et tentent de faire plonger le Kenya dans la spirale des violences inter-religieuses.

Dans le nord du Nigeria, les combattants de Boko Haram harcèlent l’armée et tous les symboles de l’Etat, et visent particulièrement la minorité chrétienne du Nord. Leur objectif: un Nord-Nigeria indépendant sous la coupe d’une charia pure et dure.

Et surtout dans le Sahel, les islamistes armés se sont considérablement renforcés avec l’effondrement de la Libye de Kadhafi. A l’exception de l’Algérie, tous les pays d’Afrique du Nord sont gouvernés par des islamistes, qui ont les plus grandes peines à contenir des salafistes de plus en plus envahissants et violents.

Obama n’a rien pu faire pour contrer l’avancée des Chinois et des islamistes. Mais l’Afrique votera-t-elle en novembre pour son adversaire Mitt Romney, républicain, mormon et surtout immensément riche, sûrement trop riche?

Sûrement pas. Oui, Obama a déçu. Mais l’Afrique ne veut pas qu’il parte. Sans lui, cela serait pire.

Source : Adrien Hart

Commentaires

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Commentaires

  1. zock thierry dit :

    OBAMA; a reduit le desordre dans le monde, les occidentaux ne peuvent pas etre les seul gendarm du monde. La chine ne peut pas devenir une grande puissance si elle est seulement opportuniste, Elle a une grande par de responsabilite dans le desordre actuel suite a ses blocages au conseil de securite la Syrie continue a vivre dans la dictature.OBAMA organise une reunion en aout avec les AFRICAINS j’y attends des surprises.

  2. Noula dit :

    Franchement, n’importe quoi. Les gens sont incroyables avec leurs articles. C’est pas parce que BO est noir qu’il doit sauver l’Afrique. Il est tout d’abord President des US et doit relever son ‘continent’ face à cette crise avant de penser aux autres. Est ce que les gens savent quelles pressions il subit? Les americains l’attendent au tournant et nous Africains venons revendiquer ce qui n’est pas à nous. Il serait tant que l’Afrique prennent elle meme des initiatives et la donc les autres pourront l’aider. Faut arreter le ‘parce que on est noir’ franchement c’est tellement con et ignorant. Et un aussi un président qui arrive au pouvoir surtout a la tete d’un continent dirai je ne peut rien faire en 4 ans. L’Afrique passe son temps à se plaindre de l’exclavage, oullaaa on a compris, nous avons été maltraité, personne ne l’ignore… maintenant faut peut etre avancer car personne ne viendra souffler notre cuillère. Donc si les gens veulent soutenir BO, qu’ils le fassent pour ses idées mais pas parce qu’il est noir. Apres on dit que ce sont les autres qui sont racistes, nous aussi noirs le sommes.

  3. plakata dit :

    Oups une double validation … Fail 🙁

  4. Som dit :

    Je pense quíl faut aussi regarder le trvail de fond quíl a fait durant toute ces annees. Comparer a dautre dans la meme situation je ne suis pas sure quíl aurait fait mieux.
    Et pour mot finale il a raison de dire que láfrique doit se prendre en main par elle meme parce qu’apres si ce sont les autres qui le font faudra pas etre etonne que ce qui s’est passe pour la colonisation recommence et que tout soit pris au africains. Notre peuple a deja assez souffer et doit se prendre en main seul pour ne rien devoir a personne.

    1. plakata dit :

      je suis assez d’accord avec votre commentaire, sur le travail qu’il a accompli. Mais l’Aide à l’Afrique n’aurait pas été sous forme d’interventionnisme, mais par des programmes d’aide économiques qui devraient aboutir, contraindre à la sortie ces sangsues de dictateurs militaires ou civil 🙁 c’est en cela que j’entends aider l’Afrique, de ce point de vue BO s’est comporté comme un américain blanc (non en Affro-Américain avec une prise de conscience que lAfrique doit devenir un partenaire d’égal à égal) ou seul le profit et l’intérêt du peuple prévalent (guerres programmées avec la Syrie, Casser l’Iran pour conforter Israël dans rôle de leadership ^^ dans la région), et là … là il n’a pas vu venir cette volonté d’évolution de l’Afrique, que les Chinois n’ont eu qu’a tendre la main pour cueillir leurs aspirations dans des conditions d’échange dont on se doute ne seront certainement pas fifty/fifty.

    2. plakata dit :

      je suis assez d’accord avec votre commentaire, sur le travail qu’il a accompli. Mais l’Aide à l’Afrique n’aurait pas été sous forme d’interventionnisme, mais par des programmes d’aide économiques qui devraient aboutir, contraindre à la sortie ces sangsues de dictateurs militaires ou civil 🙁 c’est en cela que j’entends aider l’Afrique, de ce point de vue BO s’est comporté comme un américain blanc (non en Affro-Américain avec une prise de conscience que l’Afrique doit devenir un partenaire d’égal à égal) ou seul le profit et l’intérêt du peuple prévalent (guerres programmées avec la Syrie, Casser l’Iran pour conforter Israël dans rôle de leadership ^^ dans la région), et là … là il n’a pas vu venir cette volonté d’évolution de l’Afrique, que les Chinois n’ont eu qu’a tendre la main pour cueillir leurs aspirations dans des conditions d’échange dont on se doute ne seront certainement pas fifty/fifty.

  5. plakata dit :

    Effectivement BO a déçu par les attentes qu’il a suscitées. Il a aussi déçu pour le traitement du conflit au Proche-Orient pire permettre que tout règlement semble s’éloigner irrésistiblement.
    Il n’a pas su donner à l’Afrique du Sud ce rôle de leadership qu’il lui séyait pour la modernisation économique de l’Afrique. il n’a pas réussi à fermer Guantanamo. Bref son bilan est plus que mitigé. J’ai cru en son élection en tant que noir de France (Antillais). Mais les élections approchant tous en rang serré derrière lui, car le cinglé de MR ferait le Monde basculer dans une guerre au Proche-Orient. en impliquant Iran, avec risque d’internationalisation. Souhaitons lui bonne chance pour mardi 6/11/2012 pour qu’il puisse au moins terminer ses premiers objectifs n’ayant plus de mandat par la suite.

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