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Cameroun : Paul Biya libère Maurice Kamto et 333 détenus de la crise anglophone pour réussir le grand dialogue national

Un tribunal militaire au Cameroun a libéré samedi le leader de l’opposition, Maurice Kamto, emprisonné depuis neuf mois pour insurrection. Sa libération, ainsi que celle de dizaines de ses partisans et de plus 330 détenus de la crise anglophone, interviennent alors que le président Paul Biya cherche à adopter une politique plus conciliante à travers un grand dialogue national.

Maurice Kamto libéré

Arrêté pour avoir organisé en janvier des manifestations contre le résultat de l’élection présidentielle de l’an dernier, Maurice Kamto, candidat du Mouvement de la Renaissance camerounaise (MRC), est sorti de prison ce 5 octobre, quelques jours après la décision du président camerounais de le gracier.

« Le jour (où), par la volonté de Dieu et par votre engagement et votre détermination, vous me porterez aux affaires, alors j’irai diriger le Cameroun », a déclaré M. Kamto à la foule venue l’accueillir pour sa libération.

Paul Biya, au pouvoir depuis 37 ans, qui tente depuis des années de réprimer une révolte séparatiste, a remporté un septième mandat dans les bureaux de vote en octobre dernier. M. Kamto, qui a été son plus inquiétant rival avec 14,2% des suffrages, a jugé que le résultat des élections avait été truqué. Le gouvernement a qualifié la libération du chef de l’opposition de geste de réconciliation nationale, a rapporté l’agence de presse Reuters.

Les graciés de la crise anglophone

Cette semaine a été marquée par ce qu’on a appelé un « grand dialogue national », alors que le président tentait de réunir différentes parties au cours du conflit qui durait depuis trois ans dans les deux provinces anglophones du Cameroun.

Jeudi, dans un geste apparemment de bonne volonté, le président Biya a ordonné l’abandon toutes les charges retenues contre plus de 300 personnes détenues en lien avec la crise anglophone. Suite à cette annonce, le ministère de la Défense s’est engagé à rendre disponible, dès le 4 octobre une liste complète et détaillée de cet accord.

Un autre communiqué du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh, annoncé cette-fois à la radio nationale, précise que cette décision porte « sur l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires et concerne 333 personnes, toutes arrêtées et détenues pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest ». Conflit mieux connu sous le terme de « crise anglophone ». Mais cette série de grâces présidentielles n’a pas apaisé les critiques qui affirment que des milliers d’autres personnes sont incarcérées pour des accusations forgées de toutes pièces.

L’exception Sisiku Ayuk Tabe

La crise anglophone au Cameroun autrement connue sous le nom de guerre d’Ambazonie, est liée à la situation sociopolitique spécifique des régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest du Cameroun depuis la fin de l’année 2016. Initialement basée sur des revendications corporatistes des avocats et enseignants, cette crise a basculé progressivement vers des revendications sécessionnistes fortes en raison des réponses insuffisantes du gouvernement camerounais qui refusait jusque-là d’ouvrir un débat sur le retour au fédéralisme et de nombreux abus des droits humains par les forces de sécurité camerounaises.

Une décision qui vient soutenir l’établissement du ‘’grand dialogue national’’ pour ramener la paix dans les deux régions anglophones du Sud-ouest et du Nord-Ouest. Sauf que celle-ci exclut certains leaders et activistes séparatistes, Sisiku Ayuk Tabe, président autoproclamé de l’« Ambazonie » condamné à la prison à vie.

Il est nommé président intérimaire de la République d’Ambazonie à la suite d’une réunion tenue au Nigéria, en juillet 2017, puis, le 5 janvier 2018, est enlevé dans un hôtel d’Abuja par des hommes de la Sécurité intérieure nigériane (Department of State Services, DDS). Agé de 52 ans, l’ingénieur aux costumes cravates est actuellement détenu dans une cellule du Secrétariat d’État à la Défense (SED) de Yaoundé où il attend son procès avec neuf autres personnes arrêtées en sa compagnie.

Le dialogue national a formulé un certain nombre de propositions, notamment une plus grande autonomie des régions du nord-ouest et du sud-ouest touchées.

Jennifer Doukrou

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