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[ACTUALITÉ] QUATORZE ANS APRÈS, LE MYSTÉRIEUX MEURTRE DE DEUX CONGOLAIS AUX ASSISES DE L’ISÈRE

Trafic d’uranium, putsch contre Kabila ou barbouzerie ? La cour d’assises de l’Isère a exhumé lundi la nébuleuse affaire du meurtre de deux opposants congolais, plus de 14 ans après la découverte de leurs corps carbonisés dans une voiture en Isère.
Un avocat de la défense, actuellement hospitalisé, demandait le renvoi du procès mais celui-ci, ouvert à 14h00, a bien été maintenu, la cour décidant de disjoindre le cas de son client et de juger les deux autres accusés. Dont un par défaut puisqu’il est porté disparu, mystère de plus dans un dossier qui fit couler beaucoup d’encre avant de tomber aux oubliettes.

Le 29 décembre 2000, un Renault Scenic était découvert en flammes, frein à main serré, dans un champ de maïs fauché à Chasse-sur-Rhône. A l’intérieur, deux hommes tués de deux balles dans la tête et dans le cou.

Après analyse ADN, les victimes s’avéreront être Philémon Naluhwindja, chef Maï Maï d’une tribu de la province du Kivu en République démocratique du Congo (RDC), et Aimé-Noël Atembina, conseiller militaire du gouvernement congolais à l’époque de Mobutu.

Selon l’instruction, tous deux cherchaient alors des financements pour monter un coup d’État contre Laurent-Désiré Kabila, président de la RDC, assassiné 18 jours plus tard. Philémon Naluhwindja, qui dirigeait la société minière du Congo (So.Mi.Co), aurait aussi cherché à vendre des barres d’uranium pour financer l’achat de munitions.

Les enquêteurs s’intéressent rapidement à un homme d’affaires belge, Benoît Chatel, lié à l’une des victimes. L’homme a un pedigree peu ordinaire. Né en Belgique, il a passé une grande partie de sa jeunesse dans l’ancien Zaïre, où il a établi plusieurs sociétés dans l’extraction des diamants, les télécommunications, le PMU, etc. Familier des principaux dirigeants de la nouvelle RDC, il revendique en outre un statut d’informateur auprès des services secrets congolais et français.

Il a par ailleurs été condamné à de nombreuses reprises pour des faits d’escroquerie et d’abus de confiance par les justices française et belge.

– ‘Les services secrets n’y sont pas pour rien’ –

Avec son associé Alain Deverini, décorateur d’intérieur monégasque, Benoît Chatel aurait fomenté l’assassinat des deux putschistes congolais pour protéger ses intérêts en RDC. Leur homme de main, Domenico Cocco, un Italien proche du milieu et impliqué dans des affaires de proxénétisme et de trafic de cocaïne selon l’acte d’accusation, se serait chargé de recruter deux tueurs lyonnais pour effectuer la basse besogne, moyennant la somme de 200.000 francs (30.500 euros).

D’après le scénario retenu par l’instruction, Benoît Chatel aurait donné rendez-vous aux deux victimes à la gare de Lyon Part-Dieu en leur promettant une importante somme d’argent pour financer leur coup d’État. Mais c’est finalement Domenico Cocco et deux «maghrébins» qui se seraient rendus sur place pour les abattre.

Benoît Chatel, 51 ans aujourd’hui (Alain Deverini a 63 ans et Domenico Cocco 62), ne sera pas là pour répondre à ces accusations devant les assises de l’Isère car «il est sans doute mort», selon son avocat Jean-Michel Drevon, sans nouvelles de lui depuis trois ans.

«On n’y croit pas un instant», tonne Alain Fort, avocat d’Alain Deverini. «On a des photos de lui en 2012 en RDC avec des hommes d’affaires», ajoute-t-il. Benoît Chatel, qui était censé être sous contrôle judiciaire, «a manifestement bénéficié d’un certain nombre de concours en tant qu’honorable correspondant de la DGSE», accuse Me Fort, critiquant le «mobile d’épicier» retenu par l’accusation.

Selon lui, l’enquête qui aurait dû être confiée à des magistrats spécialisés, n’a pas suffisamment creusé les autres pistes envisagées un temps, comme une implication des services secrets, le trafic d’uranium, voire un rôle d’Al-Qaïda.

«Les services secrets n’y sont pas pour rien», estime également Me Drevon.

L’affaire a aussi pâti de nombreux changements de juges d’instruction en 14 ans. «Certains magistrats ne voulaient pas entendre parler du dossier car ils avaient compris que c’était tordu», pointe Me Fort.

Le verdict est attendu vendredi.

AFP

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