LE ZIMBABWE VEUT (RE)BATTRE SA PROPRE MONNAIE

Le Zimbabwe introduira une nouvelle monnaie dans les 12 prochains mois, a annoncé le ministre des Finances, alors qu’une pénurie de dollars américains a plongé le système financier dans le désarroi et contraint les entreprises à fermer leurs portes, selon un dépêche de l’agence Reuters datée du 12 janvier 2018.

Le ministre des Finances, Mthuli Ncube, a déclaré lors d’une assemblée générale vendredi qu’une nouvelle monnaie locale serait réintroduite dans moins de 12 mois. »Sur la question de lever suffisamment de devises pour introduire la nouvelle monnaie, nous sommes déjà en route, donnez-nous des mois, pas des années », a-t-il déclaré. « Sur nos efforts pour rassembler suffisamment de devises étrangères pour lancer notre propre devise, je dirais que nous avons déjà bien avancé ». C’est ce qu’a déclaré vendredi soir le ministre Ncube, cité par le quotidien gouvernemental The Herald.

Au cours des deux derniers mois, le pays d’Afrique australe a souffert d’une grave pénurie de produits importés, notamment de carburant dont le prix a été augmenté de 150 % samedi. Le Zimbabwe a abandonné sa propre monnaie en 2009 après que celle-ci ait été détruite par l’hyperinflation et adopté le billet de banque et d’autres devises, telles que la livre sterling et le rand sud-africain.

Mais il n’y a pas assez de monnaie forte dans le pays pour sauvegarder les 10 milliards de dollars de fonds électroniques piégés dans des comptes bancaires locaux, ce qui incite les entreprises et les fonctionnaires à demander de l’argent qui peut être déposé et utilisé pour effectuer des paiements.

Les données de la banque centrale indiquent que les réserves de change du Zimbabwe couvrent désormais moins de deux semaines les importations. Le gouvernement avait précédemment déclaré qu’il n’envisagerait le lancement d’une nouvelle monnaie que s’il disposait d’au moins six mois de réserves. Les habitants de la région sont hantés par les souvenirs du dollar zimbabwéen, devenu inutile alors que l’inflation atteignait 500 milliards de dollars en 2008, le taux le plus élevé au monde pour un pays non en guerre, détruisant pensions et épargne.

La devise des obligations de substitution introduite en 2016 pour enrayer les pénuries de dollars s’est également effondrée. La même année, le gouvernement a tenté de remédier à la fuite des dollars en introduisant des « bonds notes », des sortes d’obligations, en principe d’une même valeur que les billets verts. Mais, faute de la confiance des opérateurs économiques, leur valeur réelle a vite baissé et l’opération a elle aussi échoué.

Successeur de M. Mugabe fin 2017, Emmerson Mnangagwa s’est jusqu’à présent révélé incapable de reprendre la main. La situation s’est même détériorée un peu plus depuis l’introduction récente d’une taxe sur les transactions bancaires électroniques, destinée à augmenter les recettes de l’Etat. En fait, la mesure a encore accéléré la fuite des dollars.

Stéphane Baï

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