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YAA ASANTEWA: LA REBELLE GHANÉENNE VISCÉRALEMENT ANTI-COLONIALISTE

Yaa Asantewa , née aux alentours de 1840 et morte le 17 octobre 1921, avait reçu le titre de « Reine Mère d’Ejisu » par son frère Nana Akwasi Afrane Okpese, le « Ejisuhene », c’est à dire le Chef d’Ejisu, de la Confédération Asante, aujourd’hui connu sous le nom de Ghana. Yaa Asantewa a marqué l’histoire pour avoir conduit cette fameuse rébellion contre les Britanniques, une guerre anticolonialiste connue sous le nom de « Guerre du Tabouret d’Or » (« War of the Golden Stool »). Pendant le règne de son frère, Yaa Asantewaa assiste à la croissance du pouvoir britannique dans la région, comme les Anglais prennent le contrôle de larges zones de l’Empire Ashanti, témoin d’une série d’évènements menaçant le futur de la Confédération Asante, notamment la guerre civile de 1883 à 1888.

Quand son frère meurt en 1894, Yaa Asantewaa use de son droit de reine mère pour nommer son petit-fils, Ejisuhene. Quand les Britanniques l’exilent aux seychelles en 1896, avec le roi Asante Prempeh I et d’autres membres du gouvernement Ashanti, Yaa Asantewaa devient régente du district d’Ejisu-Juaben. Le 28 mars 1900, alors que l’Ashanti était devenu un protectorat britannique, le gouverneur local, Frederick Hodgson rassembla Yaa Asantewaa et les autres chefs ashantis restants. Ce dernier, outre les conditions financières humiliantes auxquelles allait être soumis l’Ashanti exigera qu’on lui remette le « Tabouret Doré » (« Golden Stool »), symbole de la nation Asante. Cette demande irrespectueuse obligera les membres du gouvernement d’Asante à se réunir à Kumasi pour discuter du retour du Roi. Cependant, lors de la réunion, il y aura une divergence d’opinion quant à ce retour. Yaa Asantewaa, présente à cette assemblée majoritairement masculine se lèvera et s’adressera à l’assemblée dans un discours d’anthologie aux autres chefs présents plus tard le même jour :

« Comment un peuple fier comme les Ashantis regarder sans rien faire alors que les Blancs enlèvent leur chef et les humilient ensuite par des demandes relatives au Siège d’Or ? Les Blancs ne voient que de l’argent dans le Siège d’Or ; ils ont creusé et cherché partout pour le trouver. Je ne paierai pas une pièce à ce gouverneur. Si vous, les chefs de l’Ashanti allez-vous comporter comme des peureux et ne pas vous battre, vous devriez échanger vos pagnes contre mes sous-vêtements. Je me souviens, aux temps d’Osei Tutu, d’Okomfo Anokye et d’Opoku Ware I, les chefs ne seraient pas restés assis à regarder leur roi être exilé sans tirer un seul coup de feu. Aucun Européen n’aurait osé parler aux chefs d’Ashanti comme le gouverneur vous a parlé ce matin. C’est donc vrai que le courage d’Ashanti n’est plus ? Je ne peux pas le croire. Ça ne peut être vrai ! Je dois vous dire ceci : si les hommes d’Ashanti ne vont pas au front, nous le ferons. Nous, les femmes, nous le ferons. Nous nous battrons ! Nous nous battrons jusqu’à ce que la dernière d’entre nous tombe sur le champ de bataille. »
Après cela, elle prit la tête de la rébellion Ashanti de 1900, gagnant le soutien d’autres membres de la noblesse. La rébellion verra le jour au fort de Kumasi, là où les Britanniques auront pris refuge. Ce fort existe encore aujourd’hui, devenu un Musée Militaire. Après plusieurs mois (de mars à septembre), les Britanniques chercheront du renfort pour en terminer avec cette rébellion. La Reine Mère Yaa Asantewa et quinze de ses plus proches conseillers seront capturés et envoyés eux aussi en exile aux Seychelles. Cette rébellion signera la fin d’une série de guerres tout au long du 19ème siècle, et le 1er Janvier 1902, les Britanniques pourront finalement faire de l’Empire Asante un protectorat de la couronne britance, chose que l’armée d’Asante leur avait empêché d’accomplir pendant au moins un siècle. Yaa Asantewa mourra en exile, et trois années après sa mort, en décembre 1927, Pempreh Ier ainsi que d’autres membres exilés de la cour d’Asante auront le droit de rentrer sur leur territoire.

L’affrontement d’une femme à la tête d’un empire était étranger aux troupes coloniales britanniques du XIXe siècle en Afrique. L’appel de Yaa Asantewaa aux femmes de l’empire Ashanti est basé sur les obligations politiques des femmes de l’empire Ashanti et leur rôle dans la société. La société Ashanti était un matrilignage, et dans la hiérarchie les postes masculins avaient des homologues féminins. Pour chaque ôdekuro, conseil de village, une ôbaa panyin était partie responsable pour les affaires des femmes du village. Le chef d’une division, le ôhene, et le chef de la communauté, le ômanhene, avaient leur homologue féminin ôhemma : une femme chef qui assiste aux conseils. Les femmes participaient non seulement aux procédures judiciaires et législatives, mais aussi au partage des terres et à la décision de commencer ou d’arrêter la guerre.
Yaa Asantewa demeure une figure très appréciée de l’histoire d’Asante et de celle du Ghana. Elle représente le symbole du courage contre l’injustice du colonialisme britannique. La « Yaa Asantewa Girls’ Secondary School », école secondaire pour jeunes filles qui porte son nom, a d’ailleurs été crée en 1960 pour encourager le leadership de la femme dans la société ghanéenne. En aout 2000, on célébrera le centenaire du Ghana pendant une semaine et on se souviendra des oeuvres de Yaa Asantewa. Au même moment, un musée a été dédié au district de Ejisu-Juaben. Mais malheureusement, un incendie saccagera le musée en juillet 2004 et détruira plusieurs objets, dont les sandales et la tenue de combat que portait Yaa Asantewa.
NegroNews

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