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[SOCIÉTÉ] « WHITE PEOPLE », LE DOCUMENTAIRE QUI RÉPOND SANS TABOU AUX QUESTIONS RACIALES

 

Le privilège d’être blanc, le documentaire qui fait mal…

Oui « MTV » a osé le documentaire de la controverse et on aime ça !

Avec toutes ces bavures policières qui perdurent à l’encontre des communautés minoritaires des États-Unis et la non-justice qui en résulte, on était en droit de se demander ce que la nouvelle générations blanche pensait de ces actes perpétrés par ses ailleuls et leurs semblables.

La jeunesse américaine blanche cautionne-elle ces injustices ? Est-elle scandalisée par ces massacres,pour ne pas dire génocide, maquillés en fait divers ? Est-elle conscience de l’ère dans laquelle nous vivons ?

Alors qu’on ne sait que trop bien ce que représente le fait d’être noir en 2015… Plus que jamais, la question « qu’est-ce que d’être blanc aujourd’hui en Amérique? » se pose.

Au vu du documentaire de MTV, cette interrogation et toute sa complexité ne resteront pas sans réponse.

 

En 1955, James Baldwin a voyagé à Leukerbad, en Suisse, un petit village niché au cœur des Alpes. Ce voyage changea sa réflexion à jamais et il en résultera un film tourné en 1962 intitulé « Un étranger dans le village », dont en voici un passage :

« L’imagination que l’on se fait des autres personnes est dictée, bien sûr, par les lois raciales du maître, de sa propre personnalité et ceci est l’une des ironies de la relation noir-blanc. En pensant à ce que l’homme blanc imagine être l’homme noir, l’homme noir est incapable de savoir qui est l’homme blanc. »

Soixante ans après le voyage de Baldwin, Jose Antonio Vargas pousse ses réflexions un peu plus loin en mettant la lumière sur les blancs afin de jauger à quel point le facteur « blanc » est ancré dans la dynamique raciale de l’Amérique.

Dans le nouveau documentaire de Vargas, « White People » (« Les Blancs »), qui sera diffusée sur MTV ce 22 Juillet, le journaliste, lauréat du prix Pulitzer, adopte une approche simple : demander aux personnes blanches de se projeter comme tels et de reconnaître les implications historiques qui accompagnent leur identité.

Les discussions sur la race conservent souvent le confort blanc

Les conversations traditionnelles sur la race en Amérique sont toujours orientées sur ce que signifie être noir, latino, asiatique ou amérindienne, mais pour Vargas cela ne suffit pas :

« Il est temps que « les minorités », comme les blancs nous appellent, bien que nos communautés peuplent le monde bien plus que la leur, entendent et comprennent ce que signifie, pour les blancs, être blanc aux États-unis », explique ce dernier.

 

C’est donc dans ce cadre que le cinéaste Jose Antonio Vargas a  enregistré des américains de race blanche dans des situations de leur vie où ils ont été contraints de faire face aux questions de l’identité raciale.

Il a ainsi déniché un homme blanc qui fréquente un collège traditionnellement noir, des enseignants dans une réserve du Dakota du Sud, où le ressentiment envers les Blancs est fortement palpable, un jeune homme de Brooklyn déconcerté par les immigrants asiatiques de son quartier, un homme blanc qui enseigne entre autre un cours au collège sur le privilège blanc.

Selon Vargas, en cette ère de ‪#‎BlackLivesMatter‬#, à un moment où les Latinos sont le plus grand groupe minoritaire et les Asiatiques, le groupe racial et immigrant avec la croissance la plus rapide aux États-Unis, explorer et s’interroger à propos du « Privilège Blanc » est essentiel.

Mais tout le monde n’est pas d’accord avec cette réflexion qui dérange

Vargas insiste sur le bien fondé de ce documentaire:

« Une partie du problème est que la blancheur est considérée comme la norme … La majorité de la race humaine vit une vie de misère et de douleur, en particulier les personnes sans argent » ajoute t-il. « Etre blanc est censé, dans une certaine mesure, t’exempter de cette misère. Si ce n’est pas le cas, alors ce blanc n’est pas la norme, il est l’exception ! »
On pourrait sans aucun doute rajouter que la règle inverse s’applique à l’homme noir :

« J’ai mis la lumière sur les personnes blanches et leur ai demandées de s’exprimer sur leur propre race. C’est quelque chose que nous ne faisons pas aux Etats-Unis », constate Vargas. « Ils sont la valeur par défaut, ils sont la norme ; mais nous sommes les seuls à être interrogés, disséqués et analysés. Je pense qu’il y a quelque chose qui cloche. »

 

Bien que la plupart des personnes blanches sont assez conscientes des privilèges associés au fait d’être blanc, ils ont généralement du mal à l’admettre.

Des études montrent d’ailleurs que lorsque on les mets face à la preuve que leurs avantages sociaux collectifs et privilèges existent bel et bien, les blancs ne prennent pas la responsabilité personnelle de ces avantages sociaux et politiques. En réaction, ils affirment se sentir contraints par ce système.

Mais la réalité est qu’être blanc en Amérique est un privilège financé avec le sang et le pillage des noirs et des autochtones

Dans une scène, Vargas demande à Samantha, une femme blanche âgée de 23 ans, qui est l’une des 14 personnes blanches vivant la réserve indienne de Lakota, ce que signifie son identité raciale. Voici ce qu’elle répond :

« Nous avons jamais eu à nous confronter à ce que les blancs ont fait ici en Amérique,…, mais ici, vous ne pouvez pas y échapper. »

 

Noel Ignatiev, auteur de « Comment les Irlandais sont devenus blancs », déclare ceci :

« Pour comprendre comment survivre, les Noirs ont toujours été contraints d’observer et de réfléchir à ce que cela signifie d’être blanc… Ils ont toujours été très observateurs et avisés de cela », renchérit-il. « Ce que je trouve intéressant c’est que les blancs ne veulent pas penser à ce que cela signifie d’être blanc. »

Ignatiev poursuit en analysant la communauté noire des États-unis:

« Pour les personnes noires en particulier, la compréhension du privilège blanc a été une question de survie. »

Se pourrait-il que James Baldwin se soit trompé sur notre compte, ce documentaire mettant également en lumière le fait que les noirs en savent finalement plus sur les blancs qu’ils n’en savent sur eux-mêmes ?

Se pourrait-il que le résultat de ces années de soumission, soit que nous comprenons et connaissons mieux l’homme blanc que nous ne nous connaissons nous-même ?

Ce serait bien évidemment un triste constat, mais cela expliquerait pourquoi il a fallut autant de temps à la communauté noire issue de la diaspora pour se réveiller et activer sa ré-identification sociale et cuturelle.

À méditer…

 

NegroNews

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