LA VICTOIRE DE FELIX TSHISEKEDI CONTESTÉE EN RDC

Après de nombreux reports, la Commission électorale a enfin proclamé les résultats. Félix Tshisekedi est le vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Il s’impose selon la Céni, avec 38,57 % des suffrages exprimés devant Martin Fayulu, 34,83 %, et Emmanuel Ramazani Shadary, 23,84 %. Après une élection présidentielle à un tour déjà considérée comme historique, de nombreuses contestations se font sur les résultats proclamés par la Céni.

Réactions après la proclamation des résultats

La France met en doute le résultat de cette élection. Selon Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, ces résultats ne sont pas conforment aux résultats constatés en temps réels :’’ « il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là, parce que la conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications et annoncé des résultats qui étaient totalement différents », a déclaré Jean-Yves Le Drian sur CNews.

Martin Fayulu a rebondi sur les propos du ministre français pour se prononcer : « La France fait partie de la communauté internationale et pour nous, il n’y a aucune ingérence. Nous sommes d’accord et nous demandons aux autres pays d’emboîter le pas à la France », a déclaré Fayulu sur RFI.
Pour lui, ces résultats sont un « hold-up » électoral : ‘’ ces gens-là, négocient avec Kabila pour que Kabila demeure au pouvoir.’’ Ajoute-t-il. Il qualifie cette élection d’une honte et demande les résultats bureau par bureau.

La Belgique quant à, reste prudente concernant les résultats: « Il y a eu énormément de critiques, des annonces, notamment par la Conférence épiscopale, qu’il y avait manifestement un candidat qui se détachait, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas eu de communication de ces différents observateurs donc je reste très prudent pour l’instant, et dans les deux sens. Nous attendons de voir la réaction des acteurs locaux. Il y a des procédures internes qui existent, y compris devant la Cour constitutionnelle, pour vérifier ce qui a été proclamé. Beaucoup de candidats n’ont pas pu se présenter, des électeurs n’ont pas pu voter, le processus de dépouillement s’est fait dans une fermeture de l’espace public et de la communication, nous n’avons pas eu d’observateurs internationaux donc je ne peux pas me prononcer au nom de la Belgique ou de l’Union européenne. Nous avons un certain nombre de doutes que nous devons vérifier et qui feront l’objet de débats ces prochains jours au Conseil de sécurité », a déclaré Didier Reynders, le chef de la diplomatie belge.

Félix Tshisekedi aussi s’est exprimé rapidement après l’annonce de sa victoire: ‘’Aujourd’hui, je suis heureux, et à travers vous, je suis heureux pour le peuple congolais parce que ce processus électoral, tout le monde, il n’y avait personne en tout cas qui pouvait penser qu’il allait se dérouler dans le calme, dans la paix. Tout le monde pensait qu’on allait arriver à l’affrontement, aux violences, à l’effusion de sang. Personne ne pouvait imaginer un tel scénario et surtout, un scénario au cours duquel un candidat de l’opposition allait sortir victorieux.’’

Des élections partielles restent encore à organiser au mois de mars

Dans les villes de Beni et de Butembo dans le nord-est du pays, les élections n’ont pas eu lieu le dimanche 30 décembre.
Motif invoqué : l’épidémie d’Ebola qui continue de sévir dans cette zone. Les déplacements de populations, la promiscuité dans les bureaux de vote, tout cela augmente le risque de contagion. Un risque auquel auraient pu être exposés les agents électoraux et les observateurs, a expliqué la Céni pour justifier le report.
Autre zone du pays concernée par ce report : le territoire de Yumbi dans la province de Maï-Ndombe dans le sud-est du pays. Le conflit inter ethnique qui a eu lieu en décembre a été invoqué pour justifier le report.
Les conséquences sont importantes puisque les électeurs de ces territoires se sont retrouvés exclus des résultats provisoires de la présidentielle. C’est plus de 1 200 000 qui n’ont donc pas encore pu s’exprimer.

Des violences éclatées dans quelques localités du pays

De violents incidents ont éclaté à Kikwit dans la province du Kwilu lors de manifestations contre l’élection de Félix Tshisekedi.
La police tire pour disperser la foule. Selon RFI, au moins six morts et plusieurs blessés ont été rapportés. Des jeunes partisans de Martin Fayulu ont vandalisé trois postes de police. Quelques incidents sont signalés dans la commune de Tshangu, près de l’aéroport, entre des jeunes qui seraient des partisans de candidats rivaux. Quelques barricades signalées cette nuit aussi à Nsele et Ndjili. À Mbuji-Mayi, des combattants de l’UDPS ont tenté de pénétrer la résidence officielle du gouverneur. Ils disent vouloir lui régler son compte à Ngoyi Kasanji pour avoir pris position contre Félix Tshisekedi pendant la campagne, dit le cabinet du gouverneur. À 8 heures des militants, se trouvaient toujours à l’extérieur de la résidence. Empêchant ceux qui sont à l’intérieur de sortir. Des protestations dans certains quartiers de Kisangani ce matin dans la province du Tshopo, dans l’est de la RDC. Des barricades ont été érigées et des jeunes manifestent contre la victoire de Félix Tshisekedi. Le parti de Jean-Pierre Bemba, le MLC, parle de tirs entendus et de deux blessés.

Les vaincus ont désormais la possibilité de déposer un recours devant le Conseil constitutionnel. Lequel dispose de dix jours pour se prononcer sur la validité de ces résultats.

 

KHOUDIA GAYE

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