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LE SOUDAN DU SUD, LA NOUVELLE « PÉPINIÈRE » D’ENFANTS SOLDATS

Selon les Nations unies, 19 000 enfants soldats serviraient actuellement au Soudan du Sud. Une des plus fortes concentrations au monde. Tous ne portent pas les armes. Un enfant soldat est une personne de moins de 18 ans qui a été recrutée par une force ou un groupe armé, quelle que soit la fonction qu’elle occupe. L’utilisation d’enfants de moins de 15 ans dans un conflit est défini comme un crime de guerre par le droit international.

Enfance au milieu de la violence

Facilement malléables et en bonne forme physique, des mineurs sont enrôlés de force. En février 2018, un rapport de l’ONG Human Rights Watch dénonçait la poursuite du recrutement d’enfants au Soudan du Sud, tant par l’armée gouvernementale que les troupes d’opposition, et demandait l’instauration de sanctions contre les responsables.

Certains sont enlevés, d’autres s’enrôlent pour fuir la pauvreté ou pour se venger des violences commises contre leur famille. « J’étais chez moi quand la guerre a éclaté, en décembre 2013. Nous avons entendu des coups de feu, puis les soldats – ceux qui soutiennent le président – sont entrés dans la maison. Ils ont tué mon oncle et ma petite sœur de 5 ans », raconte un garçon depuis la tente qui lui sert de chambre, dans le camp de déplacés situé en bordure de Juba, la capitale, sous la protection des casques bleus.

Démobilisés officiellement après l’intégration du SSNLM (Mouvement de libération du Soudan du Sud) à l’armée gouvernementale, les enfants sont rentrés chez eux. Les voisins les regardent bizarrement. « Ils disaient que nous venions de la brousse, que nous avions tué des gens. Mais comme nous avons été soutenus par des ONG, ils nous ont acceptés », constate l’adolescent. Les deux frères ont été intégrés à un programme de démobilisation et de réinsertion appuyé par l’Unicef et divers partenaires.

« Enfants pas soldats »

Ils reçoivent un soutien psychologique et ont la possibilité de reprendre leur éducation. À 17 ans, Alex prend à cœur son rôle de chef de famille et attend de suivre une formation de tailleur. Son petit frère, lui, ira à l’école. Le jeune homme sait qu’il doit travailler, trouver un moyen de subvenir à leurs besoins, reconstruire une vie, chasser le passé.

En 2014, les Nations unies avaient lancé une grande campagne, « Enfants pas soldats », visant à mettre fin, au bout de deux ans, au recrutement et à l’utilisation de mineurs dans les forces gouvernementales lors des conflits. Il y a eu quelques succès. Au Soudan du Sud, plus de 2 500 enfants ont été officiellement démobilisés ces cinq dernières années (900 rien qu’en 2018, selon l’Unicef). Mais des milliers ont, pendant cette même période, été (re-)recrutés.

Une fois démobilisés, les enfants sont pris en charge, pour un moment, par diverses organisations internationales. Ils reçoivent un soutien psychosocial et ont la possibilité de reprendre leur éducation ou de suivre une formation professionnelle courte. Mais, à travers le pays, d’innombrables jeunes garçons et filles, associés aux groupes armés, s’échappent ou sont relâchés, sans que leur nom ne soit inscrit sur aucun registre. L’immense majorité sont livrés à eux-mêmes, parfois rejetés par leur famille ou orphelins.

Une nation exsangue

Les projets d’assistance, une fois les fusils déposés et les remises de certificats terminées, sont aussi rendus fragiles par le manque d’opportunités dans une nation exsangue. Le défi n’est pas seulement de désarmer les enfants, mais de faire en sorte qu’ils ne retournent pas sur le champ de bataille.

Tous portent des blessures invisibles et traînent leurs cauchemars. La nouvelle guerre civile au Soudan du Sud a exacerbé un héritage de détresse psychologique et de problèmes de santé mentale laissés par des décennies de conflit.

En décembre 2013, une lutte de pouvoir entre le président Salva Kiir et l’ancien vice-président Riek Machar tourne en conflit armé, puis en une guerre civile qui se répand à l’ensemble du territoire. À ce jour, elle a fait des centaines de milliers de morts et se poursuit encore.

NN

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