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[SOCIÉTÉ] VICTIME DE RACISME, UNE PETITE DE 6 ANS NE VEUT PLUS RETOURNER À L’ÉCOLE

Une fillette ne veut plus aller à l’école, elle craint de ne pas avoir la bonne couleur.

Gatinha a bientôt 6 ans. Elle est née à Bourg-sur-Gironde, d’un papa né en France et d’une maman née au Congo. À l’observer courir et puis rire, au milieu des autres enfants de son âge on serait tenté de la juger bien dans sa peau. Or justement, Gatinha n’est plus bien dans sa peau, elle pense « qu’elle n’a pas la bonne couleur ». D’ailleurs, elle ne veut plus aller à l’école.

« Dans la cour de récréation, et aussi quand je vais à la cantine, il y a des grands qui m’embêtent. Ils me traitent. Ils me poussent. Ils me disent :  »Repars dans ton pays. » Moi je comprends pas, mon pays c’est ici. Ou alors, y’en a qui me crient :  »Retourne chez toi. » Chez moi ? » Gatinha se frotte la paume des mains nerveusement, elle trépigne un peu, préfère aller courir. « Je comprends rien, répète-t-elle. Maman, je veux plus aller à l’école, ça me rend triste. » Lydie Millepied, sa maman, est architecte, elle vit à Bourg depuis une quinzaine d’années, sans jamais avoir rencontré de souci. Ce qu’elle entend de la bouche de sa fille, la fige. « Je n’y ai pas cru. J’étais sceptique. Mais ces mots-là, elle ne pouvait pas les avoir inventés. Gatinha a suivi la maternelle sans jamais rencontrer de problème. » Jusqu’à cette année où elle rentre au CP et se retrouve à l’école primaire de la place Jeantet.

… Mystère autour du lavoir …

Déjà à la fin de l’été, alors que la fillette joue autour du lavoir dans le centre du village, elle se plaint d’avoir été agressée par deux enfants de la commune. Qui, quoi, Comment ? Une main courante a été dressée à la gendarmerie de Bourg, sans suite. Il est question de « diffamation », « d’accusation de racisme ».

Quelques jours à peine après la rentrée des classes, Gatinha commence à se plaindre en rentrant chez elle le soir. Elle ne veut plus manger à la cantine, alors qu’elle adorait ça. Elle répète qu’elle a peur. Sa maman qui jusque-là, restait sur la réserve, commence à s’inquiéter : « Ma fille est certes vive, mais elle est très sociable. J’ai d’abord pensé qu’elle faisait des histoires. J’ai tenté de la raisonner. Jusqu’à ce que je finisse par admettre que Gatinha souffrait d’une forme d’exclusion de la part de certains enfants, en raison de la couleur de sa peau. »

« Je n’ai pas voulu que ma fille se sente abandonnée par sa mère, poursuit Lydie Millepied. Il fallait que je défende ça. Lorsqu’elle m’a dit :  » Je n’ai pas la bonne couleur. Ils me disent que je suis sale et que je sens mauvais… », ça m’a choquée. Je croyais que ça n’existait plus. Et puis, on la bouscule dans la cour. Le matin lorsqu’elle part à l’école, j’ai la peur au ventre. Ce n’est pas normal… Comment expliquer le racisme à une enfant de 5 ans. Une petite fille qui jusque-là trouvait normal d’avoir un papa blanc et une maman  »marron »…»

Sos Racisme Gironde est alerté. Tente l’apaisement. Lydie Millepied, presque à reculons tente un rendez-vous avec la directrice de l’école : « Elle m’a dit être étonnée, elle n’avait rien remarqué », rapporte la maman. Puis, elle frappe à la porte du maire de Bourg pour lui soumettre son projet d’organiser une marche pacifique, le 4 novembre : « Je veux faire bouger les gens, on ne doit pas trouver ça normal », commente-t-elle.

Si la directrice de l’école se refuse à tout commentaire, Denis Levraud, le maire admet, avec fatalisme que « la sociologie du village a changé en quelques années. L’école fait du bon boulot, mais après, on ne maîtrise pas tout… »

« Cette histoire au lavoir, ressemble à des gamineries, en revanche si la petite est malmenée à l’école, c’est inadmissible et ça ne m’étonne qu’à moitié. Comment comprendre ces dérives xénophobes ? Je vois que le candidat Front national ici a fait 16 % sans bouger le petit doigt, il n’est même jamais venu se présenter à la mairie. Notre petite commune vit en dehors de la communauté urbaine de Bordeaux et les gens se sentent parfois abandonnés. Il y a des problèmes de désordres récents, liés aux comportements nouveaux : les jeunes et l’alcool, les petits dealers de cannabis, le matériel urbain est dégradé, il y a du bruit, des nuisances. On va finir par poser des caméras de surveillance dans le centre du village, un comble non ? »

« Je trouve mes concitoyens beaucoup plus irritables, à cran. Ils se montrent radicaux, les problèmes économiques là-dessus et… les dérapages. »

Source : sudouest.fr

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