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[SOCIÉTÉ] LES ÉLITES NOIRES DE FRANCE EN DÉBAT À NEW YORK

La French-American Foundation (FAF) a organisé le 10 septembre dernier un débat sur les liens entre race et statut social en France et aux Etats-Unis. Sur l’estrade, Elise Vincent, journaliste au Monde, gagnante du Immigration Journalism Award en 2012 délivré par la FAF et auteur d’un article sur le sujet des élites noires. A ses côtés Crystal Fleming, sociologue américaine qui a effectué ses recherches sur les populations noires de France. Compte-rendu d’une discussion plutôt vive.

Au début de son enquête, Elise Vincent ne comptait pas forcément parler des élites françaises noires. Son angle de départ était celui des élites africaines en France. Ses recherches lui ont fait prendre conscience que les élites noires étaient en grande partie issues de la deuxième génération d’immigrés. Qu’ils se considéreraient Français. Qu’ils n’étaient pas tous forcément « biens nés », et que beaucoup d’entre eux avaient gagné leur statut « à la sueur de leur bachotage ». Non seulement ces médecins, patrons, avocats et entrepreneurs se sentent français, mais ils affirment également leur identité de noirs, au-delà des diverses nationalités que cette couleur de peau englobe. Et c’est une avancée. Car les mots « noir » et « race » sont tabous dans les médias et en politique en France.

Crystal Fleming, sociologue américaine qui a étudié et travaillé en France dénonce un système « colorblind », qui fait fi des différences et pousse au ralliement sous une identité unique, républicaine, l’identité française. « Il est considéré comme anti-patriotique de parler de sa communauté. Le communautarisme est diabolisé. La réalité est que le communautarisme est à la base de l’organisation. Le système actuel cherche à démobiliser les minorités. La suprématie blanche qui règne en France – car elle y règne – ne dit pas son nom. »

Contrairement à la France, les Etats-Unis ont une approche plus tolérante à l’égard des communautés. Un passé ouvertement ségrégationniste, avec des places attribuées aux blancs et d’autres pour les noirs, ainsi que le combat historique pour les droits civiques, ont mis les problèmes sur la table. En France, la sociologue évoque une hypocrisie : « on agit comme si le passé c’était le passé, et qu’il ne fallait plus poser de questions sur le colonialisme car les Afro-Français sont désormais simplement Français. C’est très arrangeant, ce sont ceux qui ont le pouvoir qui choissisent les sujets que l’on aborde ou pas. »
Pour Elise Vincent, l’un des problèmes en France à la différence des Etats-Unis, est l’interdiction des statistiques éthniques. « J’ai mis trois mois à écrire cet article, et pour cause, il est très difficile de trouver des informations chiffrées. Comment savoir s’il existe des élites noires quand on arrive à peine à quantifier la population noire de France ? »

Dans l’audience, l’accueil de l’article de la journaliste française était mitigé. « Trop naïf » disait certains, vu son angle optimiste tablant sur la valorisation. « Un article parmi beaucoup d’autres, souvent pessimistes », rétorquait Elise Vincent, spécialisée sur les sujets d’immigration. Le débat fut vif. Le mot élite était-il bien utilisé ? L’autre question qui fâche était de savoir combien de journalistes noirs travaillaient au Monde, combien avaient donné leur avis sur l’article. « Aucun » répond Elise Vincent avec sincérité. « Nous ne sommes pas assez représentés dans les médias » concluait Yazmina, Française d’origine africaine vivant à New York et membre de l’audience.

Source :
http://www.france-amerique.com/articles/2014/09/11/the_new_black_elite.html

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Commentaires

  1. Kay dit :

    Article très interessant merci !

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