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[SOCIÉTÉ] LE CRÉOLE ÉCRIT D’HAÏTI PEINE À S’IMPOSER, MALGRÉ DES AVANCÉES

Consacré comme langue officielle de la république d’Haïti par la Constitution de 1987 et malgré « des avancées », le Créole écrit peine à s’imposer et devenir automatique chez le lettré haïtien, relève l’agence en ligne AlterPresse.

Du chemin a été parcouru par le Créole à l’écrit, depuis le premier texte en Créole « Lisette quitté la plaine [Lizèt kite laplenn] » de Duvivier de la Mahautière, écrit vers 1757, jusqu’au premier roman écrit essentiellement en Créole, « Dezafi » de Franckétienne (1975), estime le doyen de la faculté de linguistique appliquée de l’Université d’Etat d’Haiti (Fla/Ueh), Rogeda Dorcé Dorcil.

« Beaucoup d’écrits sur différents thèmes ont ponctué le chemin du Créole. On a beaucoup avancé. Cependant, il n’existe pas véritablement une institution de l’administration publique qui donnerait le ton en fonctionnant en Créole à l’écrit », se lamente l’un des 33 académiciens du Créole haïtien, reconnaissant, tout de même, que la secrétairerie d’Etat à l’alphabétisation sort du lot.

La réalité de nos institutions, tant publiques que privées, montre clairement combien le Français dame encore le pion au Créole.

La communication interne – en ce qui touche aux notes, circulaires, avis, rappels, etc., dans les entreprises haïtiennes – priorise le Français.

Dorcil souhaite la naissance d’un « automatisme de l’utilisation du Créole à l’écrit » et prédit que cette situation pourrait bientôt être une réalité.

La tendance « envie d’écrire en Français au lieu du Créole » trouverait sa source dans l’école haïtienne, selon le linguiste Dorcil, écartant tout « folklorisme linguistique ».

Une synchronisation du doigt et de la pensée doit mener au « bilinguisme équilibré » qui a habité la réforme (du ministre de l’éducation Joseph C.) Bernard de 1979 soutient Dorcil.

Créole et écrits scientifiques

Sans vouloir entrer dans une certaine exhaustivité, le vice-recteur à la recherche de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh) et académicien du Créole haïtien, Fritz Deshommes, avance qu’« utiliser le Créole dans la réflexion scientifique est de plus en plus répandu » en Haïti.

De nos jours, les maisons d’éditions acceptent plus facilement de publier un livre en Créole.

Elles « sont plus conscientes de la nécessité du Créole dans la société. Comme entreprises appelées à se reproduire, elles savent qu’il y a un public qui lit le Créole, [donc un marché] », comprend Deshommes.

De son côté, le rectorat de l’Ueh a aussi joué son rôle en « encourageant officiellement » professeurs et étudiants à produire des travaux scientifiques en Créole.

L’Ueh a même primé des mémoires pour l’obtention de la licence, écrits en Créole, selon l’auteur de Brase lide sou refòm nan inivèsite leta a.

A celles et ceux qui « osent encore penser que la langue Créole n’est pas apte à faire la science », Deshommes rappelle que « le colloque sur l’académie créole en 2011 a été une activité scientifique à 95% en Créole » et que ce sont « les scientifiques haïtiens, eux-mêmes, qui doivent produire scientifiquement en Créole ».

Créole et Technologies de l’information et la communication (Tic)

Raymond Noël, professeur à la Faculté des sciences de l’Ueh (Fds/Ueh) – qui a mené une enquête, en 2011, auprès d’un groupe d’étudiants sur l’articulation entre Créole et Tic – souligne combien les « jeunes manifestent beaucoup d’intérêts pour l’utilisation du Créole dans les Tic ».

Les raisons sont pragmatiques.

Selon les résultats de l’enquête de Noël, les jeunes estiment que, par rapport au Français, « le Créole est plus facile à utiliser, plus direct, et nécessite moins de caractères ».

La dernière raison permet, sans doute, aux jeunes d’envoyer davantage de messages téléphoniques (Sms) à un moindre coût.

La phonétique créole occupe aussi une large part dans l’écriture des messages, par téléphone ou sur les réseaux sociaux.

Il est constaté que la propension à publier en Créole sur les réseaux sociaux est beaucoup plus grande.

Cependant, on peut considérer ces « actions comme personnelles ».

Donc, « cela ne suffit pas pour que le Créole prenne une dimension sur la toile. Il faut des dispositions institutionnelles, des éléments incitatifs pour favoriser la publication en Créole », préconise Noël.

Source :

http://www.alterpresse.org/spip.php?article17224#.VFAJ_PmG8lI

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