D’un côté, il y a le rejet systématique des hommes, de l’autre, il y a celui de la racine : ce système voulu, accepté et conceptualisé par la France au nom de cette éternelle France-Afrique ou France à fric, qui peine à couper ce lien ombilical qui la relie à ses anciennes colonies. Entre les deux, le combat est bicéphale, pour les Africains, un combat externe et exogène, simultanément. Car la lutte à changer. Jadis, avant les indépendances, l’ennemi était tout désigné, les Africains presque tous, faisaient front commun contre l’envahisseur, l’agresseur, le colonisateur. Plus de 5 décennies après l’octroi pour beaucoup d’entre eux d’un simulacre d’indépendance, d’une souveraineté négociée, plus de 2 décennies après les conférences nationales souveraines : ils doivent aujourd’hui se battre contre la France, mais aussi contre leurs frères ; qui à leurs yeux symbolisent le relais, la pérennisation d’un système oppressif dont la couleur du masque alterne désormais entre le blanc et le noir.
Un vent nouveau souffle sur la planète. Le malaise s’est longtemps installé, l’exaspération est à son comble et la « Résistance » est le maître mot. Pour l’Africain lambda, résister c’est le dépassement des clivages partisans, c’est le refus d’une République des partis qui dirige et d’une démocratie représentative qui a failli à son rôle premier : celui de servir plutôt que de se servir. Les Africains modernes, ceux du 21e siècle coalisés derrière l’un des principes démocratiques qu’est le respect de l’État de droit et le respect de la souveraineté populaire qui désormais se fait par le truchement des mouvements de la société civile. C’est dans cette logique que plusieurs mouvements de la société civile africaine réunis dans un amphithéâtre (Caquot de la rue saints-pères) à science-po paris ce 21-22 novembre 2016 ont choisi de manifester leur mécontentement.
Représentés par le Gabonais Marc Ona Essangui (du mouvement Ça suffit comme ça), de l’artiste camerounais Valsero, de fou malade du mouvement sénégalais (y en a marre), du tchadien Mahamat Zene Cherif (du mouvement des jeunes Tchadiens) en passant par Lexxus legal rappeur du Congo-Kinshasa (membre du mouvement Filimbi) et l’artiste reggae ivoirien Kajeem. Ce parterre d’Africains engagés dans ce lieu dont la symbolique repose principalement sur la fabrication des élites françaises. Ils ont non seulement fait front communs contre l’ancienne métropole, mais ont aussi dénoncé avec des mots assez durs, rapportés par le journal « Le Monde » un système français « implanté comme un virus » et qui en vérité n’est que le bras armé des régimes oppressifs africains : « il n’y a pas simplement un problème avec Paul Biya au Cameroun. Il y a un problème avec la France. S’il n’y avait pas la France, Biya ne serait plus président depuis des lustres » lance Valsero. Le message est une énième fois passé. Mais l’écho aurait-il grâce auprès de classe dirigeante impérialiste (gauche et droite) qui malgré les discours de bonnes intentions, n’a cessé aux grandes dames de nos élites cupides et naïves d’imposer des alternances plutôt que des alternatives ?
NegroNews
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