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[POLITIQUE] OUGANDA : LES NON-DITS DE L’ACCORD ENTRE KABILA, MUSEVENI ET KAGAME SUR GOMA

Le retrait du M23 de la ville de Goma signerait-il la fin de la crise qui sévit dans l’Est du pays ? Difficile de répondre par l’affirmative au regard de l’évolution de la situation sur le terrain et aux déclarations de parties en présence. Tout serait fait pour installer durablement le M23 afin de lui perm

ettre d’achever le travail de balkanisation de la RDC que le duo Kigali-Kampala lui a confié ; ceux-ci étant eux-mêmes des sous-traitants de la coalition anglo-saxonne. Raison pour laquelle des zones d’ombre couvriraient encore les décisions prises par la CIRGL lors du sommet de Kampala V.

Tous les médias l’ont repris : le M23 s’est retiré de la ville de Goma samedi 1er décembre. Faut-il en rire ou en pleurer ? L’opinion est divisée. Selon le porte-parole du gouvernement, il s’agit d’ »un pas vers la bonne direction ». « Nous avons effectivement constaté ce retrait », a affirmé dimanche Lambert Mende à l’AFP avant d’ajouter, optimiste, que la voie était ainsi ouverte pour les autres étapes du processus qui doivent conduire à la pacification totale. Lesquelles étapes impliqueraient un « désarmement du M23 » et l’écoute des griefs de ce dernier par le président de la République.

Sceptiques, d’aucuns restent pessimistes. Ils en veulent pour preuves les différentes déclarations faites par les protagonistes. Interrogé sur RFI peu avant le fameux retrait de son mouvement, le président du M23, Jean-Marie Runiga a déclaré ce qui suit : « Selon la résolution de la CIRGL la ville de Goma sera administrée politiquement et administrativement par le M23. Militairement, nos troupes vont se retirer, il y aura une partie de l’aéroport où il y aura quelques forces de la Monusco, des FARDC et du M23 comme dit dans la résolution ».

Parlant à ses troupes avant le fameux retrait, le chef militaire du M23, le général Sulutani Makenga, laissait entendre que leur travail n’était pas encore terminé. Selon radio Okapi, son mouvement laissait la place à la politique et à la diplomatie afin de trouver une solution, tel qu’exigé par la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). Toutefois, Sulutani Makenga a déclaré : « Mais si rien n’est fait, le M23 achèvera le travail qu’il a commencé ».

De son côté, la Monusco affirme continuer à sécuriser l’aéroport de Goma en attendant la mise en place du groupe de sécurisation mixte FARDC-M23 et Force internationale neutre. « La sécurisation de l’aéroport, comme vous le savez, est entièrement assurée par des éléments de la Monusco. Mais conformément à ce qui a été décidé à Kampala, il doit y avoir des éléments du M23, des FARDC et de la force internationale. Dès que ce groupe sera mis en place, la Monusco leur passera tout naturellement la main », a confié à radio Okapi son porte-parole, Madnodje Mounoubai.

A l’analyse de toutes ces déclarations, l’on se rend vite compte que des sous-entendus et des zones d’ombre planent sur la résolution de la crise au Nord-Kivu. Il serait même trop tôt de se réjouir, car rien ne serait vraiment joué.

La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir ce qui pourrait bien justifier la présence des troupes du M23 à l’aéroport de Goma. Une question en appelant une autre : comment la CIRGL peut-elle recommander la gestion administrative de Goma à des mutins ? Serait-ce une prime à la guerre ? Dès lors, qu’est-ce que cette organisation sous-régionale a fait en faveur du rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national ?

A première vue, les sommets de Kampala se succèdent et se ressemblent. Un sixième est annoncé alors que le cinquième n’a pas livré tous ses secrets. Le flou persiste et il n’est pas exclu à ce jour de dire que le M23 n’a fait qu’un repli stratégique avant de revenir, comme l’a déclaré son chef militaire, à la poursuite de son projet initial. Projet qu’ils ont dévoilé lors de leur meeting populaire au lendemain de la prise de Goma. « C’est nous qui avions chassé Mobutu du pouvoir », avait déclaré le colonel Vianney Kazarama.

Cette affirmation n’a pas été faite au hasard. Au contraire, elle rétablit le lien qui existe entre tous les groupes armés qui se sont succédé depuis le déclenchement de l’aventure afdélienne en 1996. Le mot libération revient à la bouche de tous les seigneurs de guerre depuis l’AFDL jusqu’au M23 en passant par le RCD et le CNDP, groupe armé dont se réclame l’actuelle mutinerie-rébellion.

Que peut-on en déduire ? Le Rwanda et l‘Ouganda ne sont pas prêts à lâcher prise. Ils ont planifié l’occupation de la RDC, particulièrement sa partie orientale et ils y tiennent comme à leur prunelle. Puisque le prétexte lié au martyre des Tutsi est tombé en désuétude, ils ont actualisé le discours de leurs exécutants. Ils tentent de les faire passer pour des opposants au régime de Kinshasa. Discours oiseux qui ne peut plus convaincre les populations locales suffisamment renseignées sur les vrais mobiles des incursions rwandaises sur le territoire congolais.

Dans leur détermination à réussir la partition de la RDC, Kigali et Kampala dictent leur loi au sein de la CIRGL de manière que leurs objectifs spécifiques soient atteints, étape par étape, avant l’annexion de l’ex-province du Kivu au Rwanda et du district de l’Ituri à l’Ouganda. Le dernier succès est cette distraction relative au retrait du M23 de Goma. Pourquoi l’avoir laissé conquérir cette ville avant de lui demander de s’en retirer ? Aujourd’hui, ils ont réussi à court-circuiter la démarche de l’organe des Nations unies chargé des sanctions en faisant croire à la communauté internationale qu’un terrain d’entente a été trouvé entre le plaignant et les incriminés.

Ainsi le M23 peut se la couler douce en revenant consolider ses positions d’avant la chute de Goma en attendant le nouvel incident qui justifierait la reprise des affrontements armés. Spécialistes qu’ils sont, ils en créeront toujours, au grand dam de Kinshasa qui donne l’impression d’aller à Kampala pieds et mains liés. Tout se joue sur le temps. Le M23 reste à Goma à travers ses cent militaires postés à l’aéroport. Il continue à administrer Rutshuru, Walikale et environs regorgeant de ressources naturelles, notamment l’or, le coltan, le diamant, le pétrole et autres terres rares.

Subtils, Kigali et Kampala ne cessent d’initier des débats et rencontres à travers le monde pour obtenir des adhésions à leur thèse d’annexion des provinces du Kivu. Hier dimanche, sur la Voix de l’Amérique, un « expert » a déclaré qu’un projet de référendum sur l’autodétermination des populations du Nord-Kivu pourrait aboutir après le retour au calme. Celles-ci devront choisir entre rester attachées à la RDC ou se rattacher au Rwanda.

Tous ces plans passent au-dessus des politiciens congolais qui se contredisent, se dédisent et qui, aux dernières nouvelles, se précipitent à aller négocier avec ceux qu’ils ont qualifiés hier de bandits et de force négative. Or, le plan de balkanisation est toujours en marche.

Source : lepotentielonline.com

Image d’illustration : Le président rwandais, Paul KAGAME, le président ougandais, Yoweri MUSEVENI et le président de la RDC, Joseph KABILA, réunis le 21 Novembre à Kampala (Ouganda), officiellement pour sommer le M23 de quitter Goma.

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