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[SOCIETE] MORT D’ADAMA TRAORE : ADAMA N’EST PAS LE SEUL

« Probité ». « Discernement ». « Impartialité ». « Respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». Voici les quatre piliers d’un décret de 1986, décret comportant le code de déontologie. Le code de déontologie, qu’est-ce que c’est ? Rien d’autre que la charte qu’est censé respecter un policier.

« Adama il était tout pour moi », voici les mots de la mère d’Adama Traoré. En larmes, devant la caméra, elle demande à savoir ce qu’il s’est passé pour pouvoir faire son deuil. Pourriez-vous dire à cette mère que les policiers qui ont interpellé son fils ont fait preuve de « probité » ? Serait-il dans les devoirs moraux de chacun de tuer autrui ? Oserions-nous parler de « discernement » lorsque l’on confond infection profonde touchant les organes et brutalité policière ? Par contre, le discernement est bien là quand on doit distinguer « noir » et « blanc ». Est-il possible d’être impartial lorsque ce fait semble s’inscrire dans une politique sarkoziste visant à éradiquer « la racaille » ? L’impartialité de traitement n’existe pas quand on tape pour taper, pour chercher des réponses qui sont ou qui ne sont pas. Où sont les droits de l’homme et les libertés fondamentales ? L’article 9 de la Déclarations des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 n’énonce-t’il pas la chose suivante: « Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi. » ? Qui se risquera donc à dire à cette mère meurtrie par la mort de son enfant que les policiers qui ont emmené son fils ne lui ont pas arraché la vie, notamment quand ils sont revenus avec le tee-shirt blanc de ce dernier imbibé de sang ?

Adama Traoré n’est au final qu’un cas parmi tant d’autres, un cas englobant un problème majeur de notre société : la valeur de la vie d’un Homme noir pour nos forces de l’ordre. Souvenez-vous de 2005, les émeutes suite à la mort de Zyed et Bouna, ces deux jeunes qui se sont mis à courir par peur des forces de l’ordre et ont fini par mourir, électrocutés dans le poste électrique où ils avaient trouvé refuge. Pourquoi cette mort ? Pour un contrôle de police. Entre 2005 et 2015, on dénombre 86 morts connus directement ou indirectement par la police en France. Il n’y a pas que les coups qui tuent, il n’y a pas que les armes, il y a le délit de faciès et autre contrôle où les jeunes et toute une partie de la population stigmatisée et sont habitués à une police qui menace, qui harcèle et non qui protège. Ces gens là ne sont pas victimes mais sont suspects, leur crime étant inscrit dans leurs origines, dans leur milieu social ainsi que dans leur domiciliation. Que fait-on lorsque ceux qui sont censés nous défendre nous matraquent ?

Quel recours pour les victimes ? Quasiment aucun, comment vouloir une justice contre ceux qui sont censés faire respecter la loi ? Les plaintes sont nombreuses mais peu aboutissent. La plupart des affaires qui aboutissent passent souvent en appel, en Conseil d’Etat pour les fautes de services, soit les fautes relatives à une action de police donc conformes aux ordres donnés ou en Cour de Cassation pour les fautes personnelles, soit les fautes relatives à l’agent lui-même suite à une initiative personnelle. Comment peut-on penser que la France qui fait parti des deux pays (avec la Turquie) les plus condamnés par la Convention Européenne des Droits de l’Homme pour violences policières et abus des forces de l’ordre puisse ne pas être responsable de tels actes ? Rappelons que la CEDH énonce dans son article 2 le droit à la vie et son article 3 interdit la torture.

NegroNews

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