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[PEOPLE] STROMAE : « J’AI ÉTÉ BERCÉ GAMIN AVEC LES MUSIQUES DE ZAO, FRANCO OU PAPA WEMBA »

Trop sympa, Stromae. Trop malin aussi. Trois ans après l’opus Cheese, propulsé par son tube Alors on danse, le voici de retour, frais et caustique, avec une douzaine de chansons toutes neuves. Et toujours aussi guilleret que sombre dans sa peinture sans concession d’une humanité en crise, cernée de désamour et de surconsommation. Ainsi vont, par exemple, sa diatribe toute tribale d’Humain à l’eau, où il se prend pour un guerrier massaï très remonté contre les désastres écologiques, et sa reprise de Carmen (« l’amour est enfant de la consommation ») : deux flambants titres qui enchevêtrent les influences sans jamais perdre le fil d’une expression musicale sarcastique, tendue.

« J’ai un côté bien ordonné, abrupt »
Question de style, de flair. Et de malice aussi : l’art d’emboîter le grave et le léger avec le drôle et le sordide est un peu devenu la marque de fabrique de ce zigue aux airs de bambocheur ahuri, d’ores et déjà surnommé le « Jacques Brel 2.0 ». Sauf qu’en coulisses, le jeune homme cogite sans cesse et s’acharne à bien faire autant qu’à plaire, perfectionniste en diable. C’est sur le bitume d’une certaine déchéance contemporaine, incarnant lui-même un pauvre type ivre mort en plein centre de Bruxelles, qu’il a tourné au printemps dernier Formidable, son clip en caméra cachée. De quoi embraser très vite la Toile, où il a été cliqué plus de 20 millions de fois. Et garantir la meilleure des publicités à son disque, Racine carrée, maintenant sur le point de sortir.

Son autre single ayant fait l’objet d’un clip, Papaoutaï, a, lui aussi, attiré des millions d’internautes. Il n’est pourtant pas plus aimable, passé son feu d’artifice de rythmes et de couleurs : Stromae y interroge la capacité de notre société à se fabriquer des pères dignes de ce nom. « Je l’ai d’abord écrit dans un état de colère vis-à-vis du mien, que j’ai peu connu, disparu au Rwanda quand j’avais 12 ans. Mais c’était trop personnel et je l’ai réécrit au moins cinq fois avant de trouver un ton plus juste. Je ne veux pas me contenter de témoigner ou donner des leçons, mais je veux questionner. »

Des chansons à base d’électro et de « trap music »
Sous des dehors de spontanéité un peu timbrée, rien n’est laissé au hasard dans le monde azimuté de Stromae. Pas même ces polos boutonnés ras du cou et bariolés de graphismes géométriques, pour lesquels il a délaissé ses nœuds papillons d’avant. « L’album s’appelle Racine carrée car j’ai un côté comme ça, bien ordonné, abrupt. Mais “racine”, cela vaut aussi pour mes origines africaines et cette culture dont j’ai été bercé gamin avec les musiques de Zao, Franco ou Papa Wemba. » Créés avec la styliste belge Coralie Barbier, les polos criards du maestro s’inspirent donc des tissus chamarrés africains tout en illustrant sa disposition cartésienne. Ils déclinent au passage les nuances d’un album lui-même multicolore. « On conçoit tout nous-mêmes, avec mon équipe, et tout est lié : chaque morceau est associé à un visuel photographique qui a son pendant vestimentaire. »

Toujours mijotées à base d’électro, ses chansons intègrent désormais des influences de trap music, un ultime avatar du hip-hop américain à danser, tressé de saccades et de basses épaisses comme des chaînes de gangster. Mais de l’aveu de l’artiste, ce sont surtout ses ingrédients congolais et cap-verdiens qui le font avancer. Notamment parce que cette démarche a obligé Stromae, qui rêve de voyager en Afrique, à collaborer avec d’autres musiciens. « J’avais fait mon premier disque tout seul et là, j’avais peur de m’y prendre autrement. Dès qu’on me parlait de rencontres, je freinais. J’ai un côté papy qui ne change pas ses habitudes. »

Une attitude qu’il a finalement su désavouer tout en préservant sa singularité. « Je réalise que c’est enrichissant de partager un projet. Avec Orelsan, d’un côté, de grands instrumentistes de l’autre, comme Toy Vieira, ce pianiste qui a bien connu Cesaria Evora et m’a bluffé, j’ai fait un grand pas… » Tout finit par arriver et Stromae n’en revient pas lui-même. « Depuis un an, je ne vis plus chez maman. Je me suis installé pas loin de chez elle et seul, car j’en ai besoin pour écrire. »

Source: Le JDD
http://www.lejdd.fr/Culture/Musique/Actualite/Stromae-formidable-maestro-623454

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