Le quai de Valongo est un lieu de mémoire. Situé dans la zone des docks de Rio de Janeiro, il commença d’être construit à partir de 1811 afin de faciliter le débarquement des esclaves africains.
Les jeux olympiques de 2016 à Rio avaient accéléré le processus de revitalisation de la zone portuaire. D’importants travaux d’infrastructure y avaient été réalisés, exigeant la mise en place d’un programme d’archéologie préventive dont l’objet est de sauvegarder le patrimoine du lieu. Parallèlement, dans le cadre d’un projet de recherche, des fouilles avaient été entreprises afin de retrouver les vestiges du Valongo, le quai où débarqua le plus grand nombre d’esclaves aux Amériques. Entre 1811 et 1843, au moins 500 000 Africains y arrivèrent pour travailler essentiellement dans les plantations de café.
En plus des rampes et du dallage en pierres du quai s’étendant sur une superficie d’environ 2 000 m², une grande quantité d’objets appartenant aux esclaves avait été découverte. Il s’agit, en particulier, d’objets ayant trait aux pratiques magiques et religieuses, ainsi que des amulettes utilisées dans les rituels de protection des corps, dont l’interprétation relève de la cosmologie du centre-ouest de l’Afrique et de l’Afrique occidentale.
Définie comme une action sociopolitique impliquant fortement la communauté noire, cette recherche devrait permettre la création, en ce lieu, du mémorial de la diaspora africaine, destiné à commémorer l’extraordinaire richesse et la diversité culturelle et ethnique que les Africains ont apportées au Brésil et à son peuple.
Les historiens s’accordent à dire que le Brésil a reçu sur ses côtes plus de quatre millions d’esclaves venus d’Afrique entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle. Disparu sous terre et redécouvert à la faveur de travaux en vue des JO de 2016, le Quai du Valongo à Rio est aujourd’hui mis en valeur au nom de la mémoire. Le site est aussi candidat au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les pierres du site archéologique du Quai du Valongo sont empreintes des blessures du lourd passé de la traite des Noirs. Des plaies qui peinent encore à cicatriser, dans un Brésil qui, malgré son multiculturalisme, reste très marqué par le racisme.
«C’est un lieu de mémoire unique, qui contient les seuls vestiges encore préservés du débarquement des esclaves en Amérique», explique l’anthropologue Milton Guran, responsable de la candidature de ce site au patrimoine mondial de l’Unesco.
NegroNews
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