LE SOUDAN À L’AUBE D’UNE TROISIÈME RÉVOLUTION

Khartoum, la capitale du Soudan s’est réveillée, au matin du 25 décembre dernier, sur les clameurs d’une foule, composée des diverses forces de l’opposition qui se sont pressées dans la plus grande et imposante manifestation que le pays ait connue depuis le coup d’État du mouvement islamiste et sa prise du pouvoir au Soudan en 1989, même si d’autres troubles ont parfois secoué le régime.

Le mouvement populaire présente un aspect éclectique, regroupant de multiples catégories très différentes de la population. Le séisme a pris de court un pouvoir habitué à concentrer les forces de l’ordre dans la capitale afin d’y prévenir une tentative de coup d’État. Outre, la force et la vivacité du mouvement, ce qui inquiète fortement le gouvernement, c’est la clarté des objectifs politiques. Ceux-ci ne sont plus simplement économiques, malgré une conjoncture dominée par la faim et la pauvreté. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a ainsi estimé à plus de 20 millions les personnes vivant sous le seuil de pauvreté au Soudan, ce qui représente près du tiers du nombre total de pauvres dans tous les pays arabes, à savoir 66 millions de personnes.

Les slogans clamés par les manifestants dans les villes sont essentiellement politiques. L’expression qui revient le plus souvent est : « Liberté, paix et justice ». Et aussi : « La révolution est le choix du peuple ». Ce qui révèle la profondeur des aspirations populaires et la force de l’idée révolutionnaire.

Le mouvement populaire se poursuit et tout indique que la population dans les villes a pris l’initiative et continue de défier le gouvernement. De nombreuses villes ont ainsi vu la population braver l’état d’urgence et le couvre-feu qui y ont été instaurés. L’événement le plus important et le plus significatif s’est sans doute produit le 25 décembre dans la capitale, où tous les quartiers étaient submergés par les masses de manifestants. En tête des cortèges défilaient des représentants de tout le spectre syndical, des différents secteurs professionnels, ainsi que les chefs des partis politiques. La manifestation a été la plus impressionnante que le pays ait connue depuis le coup d’État d’Omar Al-Bachir en 1989.

La question est de savoir dans quelle mesure les forces militaires et celles de la police pourront rester impassibles face à de tels périls. Entreront-elles sur scène pour soutenir le mouvement comme l’espèrent certains, et trancher le conflit en faveur du peuple, comme lors des deux soulèvements populaires de 1964 et 1985 ?

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