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L’AMÉRIQUE ET SA STRATÉGIE PEU FAVORABLE À L’AFRIQUE

Le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, a annoncé jeudi 13 décembre au Think tank Heritage Foundation, dans un discours, une « nouvelle stratégie africaine ». Le premier volet de sa stratégie vise des relations économiques plus « équilibrées » avec les Etats de la région, à l’image de ce que Trump cherche à faire avec les Chinois ou les Mexicains. Depuis son élection, le président américain est pris d’une frénésie d’idées, un mur entre le Mexique et les Etats-Unis, l’annulation du traité avec l’Iran, le lancement d’une guerre commerciale avec la Chine.

Un investissement en Afrique avec contraintes

Bolton a mis l’accent sur l’investissement privé et les accords de libre-échange bilatéraux. L’administration Trump avait déjà mis en place un élément important de cette approche avec la création de l’ « US International Development Finance Corporation », qui encourage l’investissement dans les pays en voie de développement. L’administration Trump a enfin décidé de se pencher sérieusement sur les relations entre les Etats-Unis et le continent. C’est une très bonne nouvelle, car Donald Trump et ses conseillers ont longtemps ignoré l’Afrique.

Par ailleurs, John Bolton reste sur un tout autre registre. Il n’a pas choisi de parler du potentiel du continent, du bien que les Etats-Unis ont fait et pourraient faire pour les peuples de la région, d’échanges fructueux qu’on pourrait espérer. Au lieu de vouloir les inspirer, il met en garde les Africains contre un comportement qui va à l’encontre des intérêts américains.

Mais à part cela, peu d’éléments sont susceptibles d’inciter les Africains à considérer les Etats-Unis comme un partenaire commercial privilégié. Le discours de Bolton est plus un avertissement aux Africains sur les dangers de la présence chinoise et russe qu’un plaidoyer pour un engagement économique accru avec les Etats-Unis. Presque un retour à la guerre froide.

Stratégie d’engagement ou mise en garde

Il y a donc maintenant une stratégie américaine envers l’Afrique. Mais celle-ci est moins une stratégie d’engagement que de mise en garde. L’esprit du président Trump est bien présent, lorsque Bolton demande « justesse et réciprocité » dans les accords avec l’Afrique. Mais cette stratégie porte aussi très clairement les traces de Bolton lui-même, hostile à l’assistance en général et à l’action des Nations unies. À savoir si cette stratégie relancera les relations entre un grand pays et un grand continent.

Une vraie déception

Dans son discours, John Bolton a menacé certains pays africains qui reçoivent une aide « généreuse » et qui voteraient contre la position des Etats-Unis dans les forums internationaux ou ne respecteraient pas la volonté américaine. Autrement dit, « America first ».

Comme les administrations précédentes, il a souligné l’importance de la lutte contre le terrorisme en Afrique. Il en a parlé finalement assez peu. Ce qui laisse penser que la politique du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom) ne changera peu ou pas de tout.

Cette stratégie aura très peu de chances de susciter un vrai partenariat et ne fera rien, ou très peu, pour devancer à l’avenir des concurrents russes et chinois très présents dans la région. Son discours présente une vision fondamentalement négative des relations entre les Etats-Unis et les Etats africains.

Dans le passé, les administrations américaines ont mis en place de grandes initiatives, parfois visionnaires, pour ce continent. Tandis que George W. Bush avait en son temps proposé d’éradiquer le paludisme en Afrique, et a trouvé des milliards de dollars pour le faire, Barack Obama a plutôt fait venir des milliers de jeunes Africains aux Etats-Unis via la « Young African Leaders Initiative » et a cherché à augmenter sensiblement la production d’électricité sur le continent à travers son programme « Power Africa ». Ces présidents ne négligeaient pas les crises et les défis notamment le terrorisme, la corruption, la pauvreté. Ils voulaient aussi donner de l’élan aux relations avec le continent, inspirer les Africains.

 

Marie Yvonne Akre

 

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