Deux mois après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), Charles Blé Goudé, depuis son exil hollandais, s’est adressé mercredi à ses concitoyens dans une vidéo postée sur son compte Facebook. Dans son discours de 13 minutes, le président du Congrès de la jeunesse panafricaine (Cojep), se pose en partisan de la paix et du pardon, et se défend de toute ambition politicienne.
Son invitation à renouer le dialogue
« Aujourd’hui, je peux enfin m’adresser à vous en homme libre. Pendant ces longues années de détention, j’ai sans cesse pensé à vous, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers ainsi qu’à notre bien le plus précieux que nous avons en commun notre pays, la Côte d’Ivoire », affirme Blé Goudé à l’introduction de son message.
Sur le pupitre où il se tient, est inscrit en grandes lettres rouges « Merci ! », tandis qu’en arrière-plan, est suspendue une photo de lui accompagnée d’une des phrases chères au panafricaniste : « La Côte d’Ivoire, un tout qui a besoin de tous ».
« Si le fil du dialogue a été rompu par les circonstances que vous savez, rien de vos questionnements, de vos inquiétudes relatives à l’avenir de notre nation ne m’a échappé ; pas plus que les douleurs qui vous ont affligés et qui continuent malheureusement de vous habiter encore, semblant jeter un voile épais sur l’avenir, notre avenir que nous sommes pourtant obligés de réinventer ensemble. C’est ce dialogue que je renoue avec vous tous, sans exclusif ».
« Mon engagement n’obéit à aucune démarche intéressée »
« Je suis entré en prison nu. J’en ressors l’esprit en paix, le cœur plein d’amour, les bras chargés de ce que vous m’avez offert », déclare pour commencer celui qu’on appelait autrefois le « général de la rue », et qui haranguait la foule de son estrade « de la Sorbonne » au Plateau.
Charles Blé Goudé se pose en avocat de la paix, du pardon et de la réconciliation : « Je n’encouragerai aucune tentation de vengeance ni aucune velléité de revanche. De fait, quel que soit ce que chacun d’entre nous aura vécu, nous devons apprendre à nous pardonner les uns les autres ».
« Mon engagement pour la paix et la réconciliation n’obéit à aucune démarche intéressée ni a aucune tactique politicienne », assure l’ancien codétenu de Laurent Gbagbo qui dresse ensuite ce constat : « Vous semblez à nouveau habités par la peur. Cette grande hantise qui accompagne, comme d’habitude, les processus électoraux ivoiriens semblent de retour. Est-ce une fatalité ? Non absolument pas. Au Ghana voisin, l’organisation des élections est aujourd’hui un fait banal de la vie nationale. Nous devons travailler à doter notre pays d’institutions fortes et crédibles qui puissent traverser le temps et non des institutions assujetties aux intérêts du parti au pouvoir ».
Acquitté avec Laurent Gbagbo en première instance à la Cour pénale internationale, et libéré sous conditions comme l’ancien président ivoirien qui vit en Belgique, Charles Blé Goudé, lui, est toujours à La Haye en attendant un pays d’accueil
Doit-on voir dans ce discours qui se veut rassembleur et conciliant une démarche politique à 19 mois de la présidentielle en Côte d’Ivoire ?
NN
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