La violence en ligne à l’égard des femmes touche particulièrement les Noires, mais également toutes les femmes de couleur notamment les asiatiques, latino-américaines et métisses. Chaque jour, et pendant des semaines voire des mois, sur Twitter, elles sont la cible d’insultes, de diffamations, de menaces ou encore victimes de divulgation d’informations personnelles sur le Web. L’étude faite par l’Amnistie internationale en collaboration avec Element AI révèle que cette forme de violence est particulièrement virulente contre les politiciennes ou les femmes journalistes et plus encore quant il s’agit de femmes noires. Selon elle, 34% des femmes de ce groupe sont plus susceptibles d’être mentionnées dans les tweets violents ou problématiques que les femmes blanches.
«Nous avons constaté que si les violences ciblent des femmes de tous bords politiques, les femmes noires sont ciblées de façon disproportionnée. En se montrant incapable de sévir contre ce fléau, Twitter contribue à faire taire des voix déjà marginalisées», a affirmé Milena Marin, conseillère principale sur les recherches de ce type chez Amnistie internationale.
Des recherches approfondies
Plus de 6500 volontaires dans 150 pays ont participé à «Troll Patrol», un projet qui a permis de trier 228 000 tweets envoyés à 778 femmes politiques ou journalistes au Royaume-Uni et aux États-Unis, pour en arriver à ce constat. Selon les calculs d’Element AI, pas moins de 1,1 million de tweets violents, injurieux ou problématiques ont été envoyés à des femmes durant l’étude, soit un environ toutes les 30 secondes. De façon générale, 7,1% des tweets envoyés aux femmes de l’étude ont été jugés problématiques ou abusifs. Les femmes noires ont été ciblées de façon disproportionnée : elles sont 84% plus susceptibles que les femmes blanches d’être mentionnées dans les tweets violents ou problématiques. Selon les conclusions, un tweet sur dix pour les femmes noires et un sur quinze pour les femmes blanches.
L’organisme de défense des droits de la personne affirme avoir fait part de ses conclusions à Twitter. En réponse, la direction du réseau social aurait demandé de clarifier la définition de «problématique» conformément à la nécessité de protéger la liberté d’expression et de rédiger les politiques de manière claire et précise. À ce sujet, les contenus problématiques ont été définis comme des contenus offensants ou hostiles, surtout s’ils sont envoyés à une personne de façon répétée ou cumulée, mais d’une intensité moindre que les tweets injurieux. Par ailleurs, l’Amnistie internationale demande Troll Patrol d’être plus transparente car leur but n’est pas de rétablir l’ordre sur Twitter ni de forcer la plateforme à supprimer du contenu.
Marie Yvonne Akre
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