Dans livre « Et le gwoka s’est enraciné en Guadeloupe », Marie-Hélèna Laumuno montre que le gwoka a eu un parcours, qu’elle dit « sensible »… « Le gwoka a chaque fois eu à s’exprimer dans un contexte de rapport de force. Les esclaves le jouaient après le travail. Les ouvriers d’usines sucrières, entre le XIXe et le milieu du XXe siècle, jouaient du gwoka pour avoir un complément de revenu. C’est pourquoi ils étaient susceptibles sur cette question, puisque c’était un exutoire à leur condition sociale mais aussi, le week-end, essentiel pour compléter leur revenu. En 1960, le gwoka est entré dans une dynamique de contestation.
Robert Loyson a ainsi accompagné les petits planteurs méfiants quand on a commencé à payer la canne à la richesse. Plus récemment, le gwoka a eu un retentissement dans les mouvements de contestation. Les figures du gwoka, comme Guy Konkèt ont dû défendre leur musique devant des tribunaux. Chaque fois que les Guadeloupéens sont en difficulté, qu’ils ont à revendiquer des choses fortes, à dénoncer des injustices, explique Marie-Hélène Laumuno, ils convoquent le gwoka qui leur apporte de l’énergie. C’est le support des Guadeloupéens, leur béquille qui leur permet de marcher. »
Et le projet d’inscription du gwoka sur la liste du patrimoine immatériel de l’Humanité a relancé la perception qu’on en a. « Il y a eu une polémique parce que le gwoka c’est un patrimoine mais c’est plus que de la musique, c’est toute l’âme de la Guadeloupe qui est là. C’est pour cela qu’il faut avoir du respect pour le gwoka », affirme Marie-Hélèna Laumuno. La période d’appropriation du gwoka, après sa construction à partir du XVIIe siècle au milieu des années 1940, est une émotion que Marie-Hélèna Laumuno rend à travers son ouvrage. « J’ai voulu rendre le discours plus digeste. C’est une présentation commentée de documents. J’en ai fait une étude critique… A la fin du livre, j’ai proposé un objet d’étude pour l’histoire des arts qui a toute sa place dans l’enseignement : Kann a la richess, de Robert Loyson, une chanson des années 1968-1970, moment où le gwoka est entré dans la contestation syndicale, politique… »
L’ouvrage est dédié à Georges Troupé. « J’ai mis tout au début de l’ouvrage le texte de Lyen étènwèl, une de ses chansons les plus connues. Une chanson forte qui explique bien des choses… »
Résumé :
Le gwoka se donne à voir par son expression artistique avec ses musiques, chants et danses. Il occupe fortement l’espace artistique en Guadeloupe.
Vécu, il est indéfinissable tant le lien avec les Guadeloupéens et particulièrement les acteurs directs, est fusionnel.
Le gwoka est viscéral. Son histoire générale se confond avec celle de son enracinement dans son territoire d’appartenance. C’est de cette histoire que se construit sa sensibilité.
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