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[CULTURE] DÉBARQUEMENT DE PROVENCE AOÛT 1944 : TÉMOIGNAGE D’UN TIRAILLEUR SÉNÉGALAIS

« J’ai été engagé volontaire le 4 novembre 1942″, peu avant d’avoir 21 ans », se rappelle Issa Cissé. « Je travaillais comme chaudronnier à la marine à Dakar ». Avant d’aller en Provence, il dit être passé par bateau au Maroc et en Algérie. « Au Maroc, nous avons été formés, avec d’autres soldats africains, à faire la guerre, au maniement des armes. On nous apprenait à tuer sans être tués. » « Ça a commencé le 15 août. J’ai débarqué le 17 août. Je tenais un canon antichar », raconte Issa Cissé, 92 ans, ancien tirailleur sénégalais. « J’appartenais à la 9e division d’infanterie coloniale. Nous avons débarqué le 17 août et le 25 août, nous sommes entrés dans Toulon, que nous avons libérée », précise à l’AFP le frêle vieillard à l’ouïe déficiente.

« Il y avait beaucoup de morts et de blessés chez les tirailleurs sénégalais », poursuit le vétéran à l’humeur joviale, entouré de sa famille, dont ses deux épouses, ses enfants et petits-enfants. « Deux jours après le début du débarquement, nous avons manqué d’eau. Avec un autre soldat, nous nous sommes portés volontaires pour aller en chercher », se souvient ce natif de Bakel, dans l’est du Sénégal, à l’époque soldat de première classe. Après quelques kilomètres de marche, ils tombent « sur un puits, dans un village déserté ». Le soldat Cissé dit avoir « goûté à l’eau », pour s’assurer de sa qualité, « malgré les risques d’empoisonnement ». « Nous sommes retournés chacun avec un jerricane de 20 litres sur la tête », raconte-t-il.

Le retour au pays, la déception de la non-reconnaissance

À la fin de la guerre, « nous avons attendu un an pour rentrer au Sénégal, le 25 avril 1946, faute de bateau ». Libéré de l’armée la même année, il retrouve son travail de chaudronnier dans la marine. « J’ai perdu beaucoup d’amis pendant ce débarquement. Ils ont été tués par des bombes, des mines, des mitrailleuses ou des canons. D’autres sont devenus fous ou estropiés et n’ont jamais pu revenir » en Afrique, indique M. Cissé. « Nous n’avons pas la reconnaissance de la France. Elle ne peut même pas nous payer », dit-il, déplorant le faible montant de sa pension. « Je perçois 219 614 FCFA [334 euros] tous les six mois. Avant son augmentation [dans les années 2000, NDLR], c’était 25 000 FCFA [38 euros] par semestre », soupire le nonagénaire, livret militaire à la main. Et de rappeler l’épisode Thiaroye, près de Dakar en décembre 1944. Des tirailleurs démobilisés, de retour de la guerre, qui manifestaient pour réclamer le paiement de leurs primes et soldes, avaient été fusillés par l’armée coloniale française. Malgré cela, la fierté du devoir accompli demeure. Chéchia rouge et médailles épinglées à un impeccable boubou brodé jaune, Issa Cissé a le visage qui s’illumine encore au souvenir de ses faits d’armes.

Source :

http://www.lepoint.fr/afrique/actualites/tirailleurs-au-debarquement-de-provence-en-aout-1944-issa-cisse-en-etait-15-08-2014-1854045_2031.php

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