Comme l’actuel président du Liberia, Bonaventure Kalou a fait trembler les filets avec son équipe nationale (Côte d’Ivoire) et il a aussi été joueur du Paris SG (entre 2005 et 2007). Et toujours comme le Ballon d’Or 1995, le voilà lancé sur les rails de la politique. «Georges Weah et moi on était tous les deux footballeurs et on fait de la politique. On a tous les deux joué au Paris-Saint-Germain… mais la comparaison s’arrête là!», rigole l’ancien attaquant international ivoirien, candidat à la mairie de Vavoua (Centre-Ouest).
L’ancien joueur âgé de 40 ans ne dissimule pas son admiration pour «Mister George». En voulant peut-être suivre les traces de son ainé libérien, l’ivoirien n’hésite pas à se faire petit : « Il est président, moi je veux devenir maire. On ne jouait pas au même poste! », ajoute-t-il en soulignant: « il a fait une plus belle carrière que moi mais surtout, c’est un modèle d’éthique. Il a des valeurs ».
« Je veux aider ma ville qui n’a pas ce qu’elle mérite. C’est un grand centre agricole historique du pays qui produit cacao, café, anarcarde… Qui contribue beaucoup au PIB mais il n’y a rien. Les gens n’ont pas d’eau, d’électricité, il y a des ordures partout dans les rues, pas de routes goudronnées. Ce n’est pas normal! », souligne l’ancien footballeur, double vainqueur de la Coupe de France avec le PSG et Auxerre mais aussi du championnat néerlandais et de la C3 avec Feyenoord ou du championnat ivoirien avec l’Asec Mimosas.
Mais Kalou n’a pas commencé son travail à la veille de ces prochaines elections. Ville de 400.000 habitants selon le recensement de 2014, Vavoua qui en compte probablement plus de 500.000 aujourd’hui respire la pauvreté avec des routes boueuses parsemées de poubelles. Avec son frère Salomon Kalou, star du Hertha Berlin et de Chelsea avec qui il avait fondé une fondation (Fondation Kalou) pour permettre d’aider les plus démunis à accéder aux soins, et un ami, ils ont mis en place, sur leurs deniers, la candidature indépendante, sans appui politicien.
Dans la région, cohabitent plusieurs ethnies dont une diaspora burkinabè installée depuis plusieurs générations mais parfois en conflit foncier avec les «autochtones». Le clan Kalou rêve d’un apaisement. «On l’a montré en sélection, il y avait toutes les ethnies, toutes les religions», rappelle Kalou, 50 sélections, qui a été finaliste de la CAN 2006. «Pour gagner il faut jouer ensemble», explique Kalou dans une région meurtrie par une décennie de crise politico-militaire et son épilogue sanglant de 3.000 morts.
BK est accueilli en héros. « J’aime Kalou. Il ne marquait pas de faux buts. C’est lui qu’il nous faut », affirme René Bean, cultivateur d’un campement voisin. « On n’a pas d’eau. On doit marcher 5 km pour une pompe. Pas d’électricité. Au marché de Vavoua, il n’y a pas de place pour nos femmes. La route est mauvaise. Quand il pleut, on reste au campement et on ne peut pas vendre et si quelqu’un a besoin d’aller à l’hôpital… ».
Kalou promet de réorganiser la mairie après un audit et « mieux gérer l’argent public: le changement ne peut venir que de nous ». Il compte sur son nom tout en restant réaliste: « je peux présenter des projets mais il faut que ce soit rentable pour attirer les investisseurs ».
La star n’a pas match gagné et devra dribbler deux autres candidats, dont celui de la coalition RHDP du président Alassane Ouattara et toute sa machine électorale.
VINCINQ ZEROWIT
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