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[ACTUALITÉ] ELLE LANCE UNE PÉTITION POUR DÉBAPTISER L’HÔPITAL CHARLES-RICHET

 » Voici à peu près trente mille ans qu’il y a des Noirs en Afrique, et pendant ces trente mille ans ils n’ont pu aboutir à rien qui les élève au-dessus des singes. […] Les nègres n’ont rien d’analogue [aux Blancs]. Ils continuent, même au milieu des Blancs, à vivre une existence végétative, sans rien produire que de l’acide carbonique et de l’urée. « 

Ces propos, c’est Charles Richet qui les a tenus dans son ouvrage « l’Homme stupide », paru en 1919. Grand ponte de la médecine, Prix Nobel en 1913 pour ses travaux sur les allergies, c’est ce même Charles Richet qui a donné son nom à l’hôpital de Villiers-le-Bel spécialisé en gériatrie. Choquée par les écrits du scientifique, une habitante de Sarcelles vient de lancer une pétition pour demander le changement de nom de l’hôpital.

Elle a également envoyé une lettre au président de la République, à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à la garde des Sceaux, Christiane Taubira, et à Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dont dépend l’établissement.

« Ces phrases sont profondément racistes, Charles Richet nie l’humanité des hommes noirs, remarque Paola Charles-Manclé, à l’origine de la pétition. Cela me choque qu’on ait choisi de donner à l’hôpital le nom de cet homme. Même si c’était par ailleurs un très grand médecin. » C’est en faisant des recherches sur Internet que cette habitante de Sarcelles, visiteuse bénévole auprès des personnes âgées de l’hôpital, prend connaissance des idées du praticien. « Je voudrais que ma démarche soit constructive et éducative. Qu’elle permettre de débattre, de mettre les choses à plat et d’aller de l’avant, particulièrement dans le contexte actuel « , soupire cette mère de famille de 50 ans, originaire de la Martinique.

Alors comment un médecin, Prix Nobel et grande figure intellectuelle de la France de la Belle Epoque a-t-il pu tenir de tels propos ? Pour mieux comprendre, il faut se replonger dans le contexte de l’époque. Dès la deuxième moitié du XIX e siècle, on voit apparaître au sein des élites européennes un courant de pensée qui défend l’idée d’une inégalité des races et de la supériorité de la race blanche. « Il s’agit de justifier l’entreprise de colonisation, explique Jean-Claude Lescure, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Cergy-Pontoise. C’est un courant qui inspirera quelques années plus tard le nazisme. » C’est dans cette idéologie que s’inscrira Charles Richet, à l’instar d’un Jules Ferry quelques années plus tôt. » Pourtant, il existe une différence notable entre les deux hommes. « Quand Jules Ferry s’exprime sur la mission civilisatrice de la race blanche dans les colonies, nous sommes en 1885 », rappelle le chercheur. Une époque où peu d’Européens ont côtoyé les populations des colonies. En 1919, année où Richet écrit « l’Homme stupide », le contexte est tout autre, la Première Guerre mondiale est passée. « Quelque 200 000 soldats noirs ont combattu dans l’armée française, note Jean-Claude Lescure. Certains ont été décorés. Le soldat noir n’est plus un inconnu. Les propos de Richet, indéfendables, sont aussi une véritable négation du sacrifice colonial. » Pour le chercheur, un vrai débat est donc justifié.

À l’AP-HP, on estime que le sujet « interpelle et mérite une réflexion qui doit être menée avec tous les partenaires ». Et qui impliquerait de débaptiser également la rue du même nom. « Cette dame a raison sur le fond, et il va falloir prendre une décision », observe Jean-Louis Marsac, maire (PS) de Villiers-le-Bel.

Source : http://www.leparisien.fr/…/elle-lance-une-petition-pour-deb…

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