Dans un récent tweet datant du 17 Novembre 2013, le célèbre journal USA Today, dépité par le succès phénoménal et grandissant des films afro-américains, s’étonne du fait que ‘The Best Man Holiday’soit en passe de détrôner ‘Thor’, qualifiant au passage le film de ‘communautaire’.
‘The Best Man Holiday’ dirigé et produit par Malcom D Lee, à l’instar de ‘Fruitvale Station’ de Ryan Coogler et de ‘The Butler’(‘Le Majordome’) de Lee Daniels, la surprise estivale du Box Office, est une production à budget modéré qui a énormément rapporté et dont le casting est essentiellement composé d’acteurs noirs.
USA Today se pose la question de savoir comment ces films communautaires parviennent à doubler, voire à tripler leurs budgets (‘Fruitvale Station’ a rapporté plus 16 millions de dollars en ayant coûté 900 000 dollars, ‘The Butler’avec un budget de 30 millions de dollars, a lui rapporté 115 millions de dollars et ‘The Best Man Holiday’, environ 30,6 millions de dollars).
Nous nous étonnons à notre tour de ce que le journal USA Today soit dérangé par l’aspect ‘communautaire’ de ces productions. Lui viendrait-il à l’esprit de qualifier le film ‘Thor’ de communautaire du fait de son casting exclusivement composé d’acteurs blancs ?
Force est de constater que paradoxalement, le fait que plus de 50% de la population afro-américaine soit parquée depuis des décennies dans des quartiers communautaires dits ‘ghettos’, ne semble pas leur poser de problème outre mesure.
Nous pensons qu’il aurait été honnête de la part du journal USA Today de se remémorer le fait que la ‘Blaxploitation’ (contraction du mot ‘black’ et du mot ‘exploitation’), courant cinématographique américain des années 70 impulsés par Melvin Van Peebles avec son film à succès ‘Sweet Sweetback’s Baadasssss Song’ ou encore Gordon Parks avec ‘Shaft (succès planétaire dû en partie à la musique originale du film d’Isaac Hayes), était majoritairement tenue par des scénaristes et des producteurs blancs.
En effet, avec l’arrivée de la télé, le cinéma américain est en perte de vitesse. Les Studios cherchent alors des niches de spectateurs et le public afro-américain leur paraît tout indiqué. La Blaxploitation, littéralement ‘exploitation noire’, créée par des Noirs pour les Noirs, devient alors l’exploitation des Noirs par les producteurs blancs…
Ces films qui n’engagent que des Noirs et qui ne s’adressent qu’à cette communauté sur des thèmes qui lui tiennent à cœur en utilisant tous les stéréotypes possibles, rapportent des millions à ces producteurs blancs dont Robert Altman avec ‘Mash’ qui obtient la Palme d’Or au festival de Cannes 1970, Larry Cohen avec ‘Black Caesar’ en 1972, ‘Hell Up In Harlem’ en 1973 et Jack Hill avec ‘Foxy Brown’ en 1974 (dont l’actrice principale n’est autre que la célébrissime Pam Grier, icône de la Blaxploitation).
Le véritable souci, le problème de fond que le journal USA Today tente de dissimuler en éculant des poncifs, est que les Noirs ont entretemps repris la main en terme de réalisation et de production, marquant ainsi leur puissance et leur efficacité dans le domaine. Le problème est que ces films communautaires cartonnent au Box Office depuis plus de vingt ans : ‘Malcom X’ de Spike Lee, ‘Boomerang’ de Reginald Hudlin, ‘Menace II Society’ d’Albert Hugues ou plus récemment, ‘Precious’ de Lee Daniels, ‘Think Like a Man’ de Tim Story, ‘For Colored Girl’ (‘Les couleurs du Destin’) de Tyler Perry, en sont la preuve.
La manne financière que représente le public afro-américain échappe désormais aux producteurs blancs, occasionnant par là même, un manque à gagner considérable.
Il faut croire que le journal USA Today en aura pris ombrage
NegroNews
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