Oublié le conflit frontalier ayant opposé Yaoundé et Abuja après l’occupation nigériane en 1993 de la presqu’île camerounaise de Bakassi rétrocédée 15 ans plus tard au terme d’une longue bataille judiciaire et diplomatique impliquant l’arbitrage des Nations Unies, le Cameroun ne fait point mystère de son intérêt pour l’important marché de 170 millions de consommateurs de son voisin nigérian.
Stimulé depuis 2009 par l’organisation par le ministère du Commerce de journées économiques et commerciales dans des villes nigérianes, le commerce entre les deux pays connaît en ce moment un niveau élevé inédit, de sorte que le Nigeria a ravi au cours des trois dernières années à l’Union européenne la place de premier fournisseur du Cameroun.
Grâce au bitumage en cours de l’axe Bamenda-Enugu, un tronçon de la Transafricaine Lagos-Mombasa faisant partie d’un programme de corridors routiers en construction par l’Union africaine (UA) pour permettre l’intégration économique du continent, il est évident que l’accroissement de ces échanges va s’accélérer.
C’est un projet qui mobilise des financements d’institutions financières internationales à l’instar de la Banque africaine de développement (BAD) dont les interventions, de l’avis de son représentant-résident au Cameroun Racine Kane, amènent à « se focaliser essentiellement sur le renforcement des infrastructures, mais également l’amélioration du renforcement des capacités ».
« En termes de renforcement des infrastructures, la Banque a beaucoup investi dans ce que l’on appelle les corridors. A cet égard, je voudrais citer le corridor qui relie le Cameroun au Nigeria, ce que l’on appelle le corridor Bamenda-Enugu. Ce corridor a été réalisé, il nous reste juste à couvrir un peu moins du tiers du trajet », a précisé Kane dans un entretien à Xinhua lors d’une conférence sous-régionale sur l’intégration économique en Afrique centrale les 27 et 27 février à Yaoundé.
Bien plus que les deux pays voisins, ce corridor permettre d’établir une liaison directe entre la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) puis la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) à laquelle le Cameroun appartient et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte le Nigeria parmi ses membres.
Côté camerounais, c’est une réalisation notamment inscrite sous l’égide du Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale (PDCT-AC) ou stratégie de financement élaborée par la CEEAC en vue de combler le déficit criant d’infrastructures dans cette zone réputée la moins économiquement intégrée du continent.
« Ce corridor permet de relier les zones de consommation aux zones de production, mais également participe à améliorer les échanges avec le grand voisin qu’est le Nigeria. Et aujourd’hui on peut aller par route du Cameroun au Nigeria. Moi-même j’ai fait la route en partant d’Enugu jusqu’à Yaoundé. Ceci, grâce aux financements consentis par la Banque africaine de développement, mais également d’autres partenaires », confie Racine Kane.
Parmi les autres partenaires évoqués figure la Banque mondiale préoccupée par la facilitation du commerce dans la région, selon son directeur des opérations pour le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale et la République centrafricaine (RCA), Gregor Binkert.
« C’est aussi très important, il y a toutes les procédures des douanes, il y a beaucoup de choses à faire encore pour vraiment avoir une libre circulation des biens à l’intérieur de la Communauté », a dit celui-ci à Xinhua, annonçant, avec son collègue de la BAD, une enveloppe de plus de 500 millions de dollars, soit l’équivalent de 250 milliards de francs CFA, pour le financement auquel participent d’autres bailleurs, de deux autres corridors : Douala-N’Djamena et Douala-Bangui.
Les gains favorisés par ces actions sont jugés énormes. Puisque, comme le note encore Racine Kane, « ça permet de désenclaver les zones, de favoriser la circulation des biens et des personnes, mais aussi de booster la production agricole. Parce que si vous allez aujourd’hui dans la zone de Bamenda, vous avez une forte production maraîchère qui est faite et qui va aussi vers le Nigeria. Ça concerne aussi l’huile de palme ».
« Ça permet de renforcer les revenus des acteurs, mais c’est aussi une opportunité pour les différents gouvernements de diversifier leurs productions en vue d’accroître leur valeur ajoutée et de renforcer le commerce. N’oubliez pas que le Cameroun a une balance commerciale vis-à-vis du Nigeria qui est excédentaire », poursuit le représentant-résident de la Banque africaine de développement à Yaoundé.
Source : http://www.afriquinfos.com/articles/2014/3/3/cameroun-nigeria-vers-laccroissement-commerce-avec-bitumage-dune-route-entre-deux-pays-245972.asp
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