L‘album d’Hergé «Tintin au Congo» n’a plus sa place en Suède. Des bibliothèques municipales de plusieurs petites villes du royaume scandinave refusent d’avoir dans leur fonds la bande dessinée, rapporte jeudi le quotidien Aftonbladet. L’une d’elle, citée par le journal, juge cette bande dessinée «raciste».
Sorti pour la première fois en 1931, et en 1946 pour la version couleur, «Tintin au Congo» évoque la colonisation de l’actuelle République démocratique du Congo.
L’auteur, Hergé y dépeint les Africains d’une manière parfois grotesque ou caricaturale.
«L’album a été retiré en raison de son contenu raciste»
«L’album a été retiré et nous avons choisi de ne pas renouveler le stock en raison de son contenu raciste», affirme au tabloïd la bibliothèque d’Arboga, une ville du centre de la Suède.
«Nous avons enlevé « Tintin au Congo » de notre catalogue actuel, principalement à cause des images racistes. Cependant l’album peut être prêté dans certains contextes à des adultes, des enseignants par exemple», explique celle d’Askersund (centre).
«Nous n’avons ni « Tintin au Congo » ni « Tintin au pays des Soviets ». Mon prédécesseur a choisi de ne pas les acheter», reconnaît-on à la bibliothèque de Stöllet à Torsby (ouest), sans préciser les raisons.
Selon le journal Aftonbladet, un dixième des plus de 100 bibliothèques interrogées limitent d’une manière ou d’une autre le prêt de cet album.
La justice belge avait refusé de prononcer son interdiction
La polémique n’est pas nouvelle : en février 2012, la justice belge, d’où est originaire Hergé, avait rejeté la requête d’un certain Bienvenu Mbutu Mondondo, ressortissant congolais vivant en Belgique, qui réclamait l’interdiction de l’ouvrage au mofi que cette «BD raciste fait l’apologie de la colonisation et de la supériorité de la race blanche sur la race noire».
«C’était l’époque de la Revue nègre de Joséphine Baker, de l’exposition coloniale de Paris. Hergé était dans l’air du temps, ce n’est pas du racisme mais du paternalisme gentil», avait plaidé devant le tribunal Alain Berenboon, représentant des éditions Casterman et de Moulinsart, société gérant les droits de l’oeuvre de Hergé, cité par Le Nouvel Observateur . La justice belge avait estimé pour sa part que «la loi belge contre le racisme ne pouvait s’appliquer que s’il y a une intention discriminatoire» et que «vu le contexte de l’époque, Hergé ne pouvait pas être animé d’une telle volonté», selon l’avocat de M. Mbutu Mondondo.
En Suède, c’est le directeur artistique de la Maison de la Culture de Stockholm, Behrang Miri, qui avait relancé la polémique le 24 septembre en retirant retiré les albums de Tintin des rayons jeunesse pendant quelques heures pour provoquer un débat sur le racisme visant, selon lui, les Africains dans «Tintin au Congo». Désavoué par sa direction qui y voyait une forme de censure, il avait été mis en congé forcé, quelques jours à peine après avoir pris ses fonctions.
Source : leparisien.fr
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