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‎[POLITIQUE] MALI : COMMENT S’ENRICHIR GRÂCE À LA GUERRE

La firme britannique de sécurité G4S va engranger d’énormes profits grâce aux crises au Mali, en Libye et en Algérie. Reconnue comme l’entreprise de sécurité la plus importante au monde, le groupe s’était dévalorisé lors des Jeux Olympiques de Londres l’an dernier, en raison de son incapacité à satisfaire aux conditions d’un contrat gouvernemental. Mais avec l’instabilité croissante en Afrique du nord et de l’ouest, on s’attend à un prompt rétablissement de la firme.

Non seulement l’armée française ramène dans ses fourgons l’armée malienne pour que celle-ci réoccupe le nord irrédentiste, mais elle a aussi pour mission d’ouvrir la voie aux multinationales avides de profits juteux, aisés et rapides.

Pour les entreprises de sécurité du type G4S, cela se traduit par une demande croissante. « Le groupe britannique (..), voit une augmentation de ses tâches allant de la surveillance électronique à la protection des voyageurs », a déclaré à l’agence Reuters le président de la compagnie pour l’Afrique. « La demande a été très forte dans toute l’Afrique », a confirmé Andy Baker. « La nature de nos activités fait que dans des environnements à haut risque, la demande de nos services augmente. »

L’activité lucrative de détruire, puis de reconstruire et de sécuriser a été constatée dans d’autres guerres et conflits provoqués par des ’interventions occidentales. Les entreprises privées de sécurité sont les intermédiaires dont le rôle est d’empêcher les natifs considérés trop turbulents de se mettre en travers de la « diplomatie » et des géants dubusiness d’après-guerre.

Quand un pays finit par s’effondrer sous la pression des bombes anti-bunker et autres armes de pointe, les entreprises de sécurité se mettent en branle pour venir sécuriser les lieux tandis que des diplomates occidentaux commencent, avec leurs nouveaux relais locaux, leurs négociations sur l’avenir des richesses du pays. En Libye, ceux qui ont le plus contribué à la guerre sont ceux qui ont gagné les plus gros contrats. Bien évidemment, tout le pays est détruit et mis en coupe réglée, et c’est la population locale qui subit les conséquences de la présence de brutes étrangères et armées qui fliquent leurs quartiers au nom de la sécurité.

Les sociétés de sécurité privées sont essentiellement composées de mercenaires qui offrent leurs services afin d’épargner aux gouvernements occidentaux un coût politique trop élevé au cas où il y ait trop de victimes militaires. Même si leurs sièges sociaux sont souvent basés dans des villes occidentales, nombre de leurs employés viennent de pays dits du Tiers-Monde. Pour tous les intéressés, procéder ainsi est beaucoup plus sûr, car lorsque des employés de sécurité asiatiques, africains ou arabes sont blessés ou tués en service, ce sera mentionné, si jamais c’est le cas, comme une simple dépêche d’agence avec très peu de conséquences politiques dans les audiences du Sénat ou les enquêtes du gouvernement.

Le Mali, ce pays d’Afrique occidentale qui souffre de multiples crises – un coup d’État militaires, la guerre civile, la famine et enfin une invasion guerrière dirigée par les Français – est la prochaine victime probable ou opportunité pour cette combinaison infernale : des gouvernements occidentaux, des grandes entreprises et bien sûr , des entreprises de sécurité privées.

En effet, le Mali est le terrain idéal pour ces cliques d’opportunistes qui ne ménagent aucun effort pour exploiter ses énormes ressources potentielles et sa position stratégique. Depuis des années, ce pays ouest-africain est tombé sous l’influence politique et militaire occidentale. L’année 2012 a vu l’application d’un parfait scénario qui a finalement et de façon prévisible conduit à une intervention militaire extérieure, laquelle a eu lieu le 11 janvier lorsque la France a lancé une opération militaire visant, officiellement, à évincer des extrémistes islamistes armés. Les opérations militaires dureront « aussi longtemps que nécessaire », a déclaré Hollande, le président français, singeant littéralement George Bush quand celui-ci déclara sa « guerre contre le terrorisme ».

Mais pour autant que l’on puisse en juger, la situation parait autant complexe qu’imprévisible. Aucune chronologie simple ne peut réellement rendre compte du déroulement de la crise. Mais tous les indicateurs pointent vers d’importantes caches d’armes qui ont fait leur chemin à partir de la Libye jusqu’au Mali après la guerre de l’OTAN.

Il était souhaité que l’intervention apparaisse comme s’il s’agissait d’une initiative purement africaine, bénéficiant juste d’un appui logistique et politique des supposés bienfaiteurs occidentaux. En effet, le 21 décembre, le Conseil de sécurité a approuvé l’envoi d’une force dirigée par des Africains (de 3000 soldats) et venue de la Communauté économique des États d’Afrique occidentale (CEDEAO), afin de lancer la chasse aux militants du nord dans le vaste désert malien.

La guerre qui a été menée, soit-disant au nom des droits de l’homme et de l’intégrité territoriale du Mali, a déjà suscité des protestations d’importantes organisations des droits de l’homme, contre les crimes commis par les forces étrangères et leurs partenaires de l’armée malienne. Toutefois, ce qui pour l’instant a des allures de conquête française facile, fait que d’autres puissances occidentales se lèchent déjà les babines sur les richesses potentielles du Mali, lequel ne risque pas d’avoir de sitôt un véritable gouvernement central.

Alors que la France, les États-Unis et les pays de l’Union Européenne décident de l’avenir du Mali via des actions militaires et des feuilles de route politiques, le pays lui-même est trop affaibli et politiquement déstabilisé pour imaginer n’importe quelle possibilité de s’opposer à ces interventions extérieures. Pour les entreprises de sécurité G4S et autres, le Mali est aujourd’hui en tête de la liste dans le marché émergent de la sécurité en Afrique. Le Nigeria et au Kenya suivent de près, avec des possibilités qui apparaissent encore ailleurs.

De la Libye au Mali, une histoire typique est en train de se dérouler sous nos yeux, avec de juteux contrats et d’énormes possibilités de toutes sortes. Lorsque les entreprises de sécurité privées parlent d’un marché émergent en Afrique, on est amené à supposer que ce continent va une fois de plus tomber sous la coupe d’interventions militaires et de pratiques commerciales déloyales. Alors que G4S est susceptible de refaire briller son blason un peu ternie, des centaines de milliers de réfugiés africains (800 000 pour le seul Mali) continueront leur voyage sans fin vers des frontières inconnues à travers d’impitoyables déserts. Leur sécurité n’intéresse personne, et les entreprises privées de sécurité n’ont que faire de réfugiés sans le sou.

Source : mondialisation.ca

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