Propos recueillis par NN
Fini le bachotage des tableaux des verbes irréguliers ! Avec une approche ludique centrée sur la pratique, Tosin Adedimeji fait progresser les élèves de tous niveaux confondus en anglais. La Franco-nigériane mêle développement personnel et apprentissage de l’anglais pour permettre à ses coachés de s’exprimer dans la langue de Shakespeare sans complexe. A 31 ans, elle est à la tête de YEP ! un centre de formation, spécialisé dans le coaching en anglais.
Pourquoi avez-vous voulu enseigner l’anglais ?
Je suis née en France et j’ai passé une partie de mon enfance en Côte d’Ivoire. Je n’ai pas appris l’anglais comme tout le monde. Mes parents, originaires du Nigéria, ne maîtrisaient pas le français eux-mêmes. A la maison, que ce soit à travers les programmes télévisés ou même lorsque nous partions en vacances en Angleterre, j’ai baigné dans l’univers anglophone. L’apprentissage de l’anglais a été naturel pour moi, comme une langue maternelle. Je crois qu’enseigner l’anglais, c’est donner du pouvoir aux gens. Ils se fixent des objectifs et les atteignent ce qui développe leur confiance en eux et les motive à entreprendre à nouveau.
D’ailleurs, j’ai toujours su que je voulais entreprendre moi-même. Après le bac, j’ai suivi un cursus d’éco-gestion, ce n’était pas la bonne orientation pour moi. Je me suis donc naturellement davantage impliquée dans le travail plutôt que dans mes études. Un jour, je suis tombée sur une annonce pour enseigner l’anglais, et j’ai commencé à donner de plus en plus de cours. J’intervenais dans des écoles primaires avec des groupes comme Mini-Schools ou encore les petits bilingues. Les enfants progressaient, alors j’ai fini par me renseigner pour en faire mon métier. J’ai ensuite décidé de travailler avec les adultes en raison de la précarité de l’emploi dans le domaine scolaire qu’impliquent les périodes de vacances notamment.
En quoi consiste la méthode YEP ?
J’ai observé que les approches de formation à l’anglais sur le marché étaient trop théoriques et scolaires. Alors, j’ai bâti un curriculum sur l’aspect pratique de anglais que l’on peut utiliser tout de suite. Je me suis mise dans les chaussures d’un francophone qui se retrouve dans un univers professionnel anglophone : que doit-il dire ? Par exemple, je donne à mes élèves des phrases qu’ils peuvent utiliser pour pitcher ou appeler lors d’échanges téléphoniques professionnels. Mon approche ludique fonctionnait déjà avec les enfants mais encore plus avec les adultes. Je mets en place des jeux pour apprendre des mots et construire des phrases. Ils apprécient car on apprend en s’amusant.
Vous alliez l’enseignement au développement personnel ? Comment les deux se rejoignent-ils ?
J’ai commencé à coacher les autres lorsque j’ai vu les résultats que la confiance en soi produisait dans ma vie. Je suis passée d’hôtesse d’accueil à fondatrice d’un centre de formation qui emploie plus de 10 personnes. Je voulais pouvoir aider le plus grand nombre à apprendre comment y arriver également. J’ai donc trouvé judicieux d’allier les deux. C’était un travail nécessaire car j’ai moi-même connu des difficultés. Pendant mes premières années en France, j’ai été amenée à vivre en foyer. Je n’avais pas forcément de chez moi car mes parents vivaient encore en Afrique.
Les gens qui participent à la formation me disent que les deux vont ensemble et qu’on ne s’en rend pas forcément compte. On peut apprendre l’anglais en parlant de sport ou de culture… En France, les gens sont complexés par leur accent. Or, aux Etats-Unis, l’accent français connote l’élégance, quelque chose de chic. Rien ne dit que tel accent est meilleur qu’un autre. Certaines personnes comprennent l’anglais mais n’osent pas parler parce qu’elles ont honte. J’ai voulu briser les mythes et redonner confiance aux gens. Je les accompagne afin qu’ils gagnent confiance en eux et puissent progresser.
Je propose donc un double coaching qui ajoute une plus value. Je donne une leçon de développement personnel en anglais et mes coachés réagissent également en anglais. Nos vidéos appelées “Motivationals” abordent des thèmes tels que la puissance de la reconnaissance et d’autres notions de développement personnel; puis vient, dans une autre vidéo, la leçon d’anglais, plus théorique. Le “workshop” consiste, quant à lui, à la mise en pratique de ce qui a été appris.
YEP fêtera son premier anniversaire le 4 juillet prochain à Asnières (Hauts-de-Seine). En 2020, vous comptiez plus de 500 élèves et un effectif de plus de 20 personnes en début d’année. Quels sont vos objectifs à venir ? Envisagez-vous d’enseigner des langues nigérianes ou africaines par exemple ?
Je parle le pidgin mais je ne pense pas avoir assez de compétences pour l’enseigner, mais ce serait un honneur de pouvoir conduire un tel projet. Ce que je souhaiterais, en revanche, c’est que YEP! devienne une société B to B (Business to business) et que l’on collabore davantage avec des entreprises et des collectivités. Et, pourquoi pas élargir notre activité en travaillant sur la traduction de sites internet ou à la conception bilingue de contenu de formation.
J’invite donc le public à participer au YEP! Festival. Nous organiserons des activités ludiques pour se familiariser avec l’anglais, mais aussi des promotions sur nos formations. Il est important que les salariés pensent à consulter leur compte formation car, le droit individuel à la formation (DIF) expirera définitivement au 30 juin 2021 si le bénéficiaire n’a pas songé à l’utiliser. Un coaching en anglais pourrait être l’occasion d’en faire bon usage.
https://yep-training.com/
https://www.instagram.com/yeptraining/
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