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EXCUSES DE LA BELGIQUE POUR SON PASSÉ COLONIAL : LE SUJET QUI DIVISE !

Un groupe d’experts des Nations unies sur les personnes d’origine africaine a recommandé le 11 février aux autorités belges de présenter les excuses du royaume pour son passé colonial et les atrocités commises durant cette période « sombre » de son histoire. Un avis qui n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre et susciter des débats passionnés comme celui qui a opposé certains des invités de l’émission C’est pas tous les jours dimanche.

Présenté le 11 février, le rapport intermédiaire d’un groupe d’experts de l’Onu qui recommande à la Belgique de formuler des regrets pour son passé colonial, a fait réagir les gens favorables à ces excuses, tout comme leurs opposants.

« Il semble qu’il y ait un mur du silence sur la colonisation. Afin qu’il y ait une vraie réconciliation, que le processus de décolonisation se poursuive, nous pensons que des excuses de l’État belge seraient un premier pas », a expliqué le professeur Ahmed Reid, l’un des 4 membres de ce groupe.

Pour ou contre ?

Dimanche, la question est revenue sur la table des débats télévisés. Dépêché par le parti du Premier ministre en affaires courantes sur le plateau de l’émission C’est pas tous les jours dimanche  (RTL-TVI), le député MR Richard Miller a souligné la nécessité de « susciter le débat parlementaire le plus complet possible, sur tous les aspects » de la colonisation, la cruauté, la complexité politique de l’époque et la distinction qu’il convient selon lui d’opérer entre ce qui s’est produit avant 1908, lorsque le Congo était la propriété privée du roi Léopold II, période durant laquelle les faits les plus abominables ont été commis, et après 1908, lorsque le Congo est devenu colonie belge.

À titre personnel, Richard Miller s’est dit favorable à des excuses. Un débat parlementaire pourrait s’engager sur cette question après les élections du 26 mai, à la faveur de la nouvelle composition du parlement.

Le député-bourgmestre de Ganshoren Pierre Kompany (cdH) a pour sa part souligné sur le même plateau télévisé l’importance de ces excuses, à même de « réchauffer les relations entre le Congo et la Belgique ». Selon lui, il y a une « attente de toute la population congolaise, de tous les jeunes ».

Le roi Léopold II à la barre

Sur le plateau, Aymeric De la Motte, représentant de l’association des Mémoires du Congo, a insisté sur le fait que la colonisation de l’Etat belge « inspire des contre-vérités » dont il faut savoir se détacher pour étudier et analyser. « L’Histoire est complexe. Il faut être nuancé dans l’explication de cette période coloniale. Avant l’arrivée de Leopold II, les Congolais subissaient une forme d’esclavage par les Arabes. Leopold II les a libérés d’une certaine manière et a pacifié le Congo où il y avait beaucoup de guerres inter-ethniques », relève-t-il. Il dénonce notamment le manque de données.

Un monument du Roi Léopold II à Bruxelles (Belgique)

 

Des propos qui ont visiblement irrité Pierre Kompany qui a rétorqué : « Pour vous, 20 millions de morts, c’est peu ? C’est très grave, c’est atroce ». « Mais on n’avait pas de données fiables ; ni de ressources fiables à l’époque », s’est défendu M. De la Motte.

Sur le plateau, la tension était plus que palpable. Les avis divergent très nettement sur les recommandations du groupe d’experts des Nations Unies. Un rapport final est attendu au mois de septembre, mais les experts ont d’ores et déjà posé un grand nombre de constats, notamment sur le passé colonial du pays qui semble trop largement ignoré.

Les excuses belges « à l’ordre du jour »

Intervenant au même moment sur le plateau de l’émission « De Zevende dag » (VRT), le président de la N-VA Bart De Wever s’est, lui, focalisé sur la responsabilité du roi Léopold II au Congo. « Si un pardon historique devait être demandé, et je pense que c’est à l’ordre du jour, car il y a eu de très nombreux morts pour de l’argent, alors je pense qu’il revient au chef de l’Etat de s’exprimer, et c’est effectivement nécessaire », a-t-il dit. Le président de la N-VA appelle le Palais royal à présenter des excuses.

Interrogée sur RTL-TVI, la professeure d’histoire de l’Afrique Amandine Lauro (ULB), chercheuse qualifiée du FNRS, ne s’est pas prononcée sur l’opportunité de présenter des excuses, une question à laquelle doit, selon elle, répondre le monde politique. Mais la chercheuse a souligné l’importance de ne « pas opposer les premiers temps de la colonisation », certes les plus abominables, et pires qu’ailleurs, « à un deuxième temps qui aurait été paisible et tranquille ».

La violence et le travail forcé ont continué au Congo belge, a-t-elle précisé. Enfin, si elle ne s’est pas prononcée sur la nécessité de présenter des excuses, l’historienne a bien fait le constat que « la colonisation a été un processus d’appropriation par la force d’un territoire et de ses habitants, fondé sur la contrainte et une hiérarchisation raciale ».

NN

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