Début mars 2017, Elise Boscherel, une enseignante d’un lycée Louise Michel à Epinay-sur-Seine avait raconté comment trois de ses élèves avaient fait l’objet d’un contrôle d’identité à la gare du Nord à Paris au retour d’un voyage scolaire. Elle avait choisi de médiatiser cette affaire en lançant un appel contre « les discriminations en sorties scolaires » alors que le commissariat avait refusé d’enregistrer sa plainte.
Aujourd’hui, les trois élèves concernés ont décidé de porter plainte contre l’état pour « discrimination raciale ». Il s’agit d’Ilyas, d’origine marocaine, Mamadou d’origine malienne et Zakaria d’origine comorienne, qui ont tous les trois été arrêtés à la Gare du Nord devant leurs camarades.
« La plainte est prête, elle sera déposée au plus tard dans deux jours », assure leur avocat, Me Slim Ben Achour, qui avait déjà été l’un des artisans de la condamnation en novembre dernier de l’État sur la question des contrôles au faciès. « On est obligé de constater que les autorités ne prennent pas au sérieux les droits, surtout de ceux qui sont perçus comme liés au quartier. » a-t-il ajouté.
Mamadou s’est dit particulièrement « choqué » que le contrôle d’identité ait eu lieu malgré la présence de son enseignante: « elle représente l’État elle aussi, un dialogue devrait être possible ». Il a expliqué vouloir se battre « pour que dans dix ou quinze ans, ses enfants ne vivent pas la même chose », se disant déçu de constater que les « choses n’avaient pas avancé » depuis 20 ans.
« Il m’a contrôlé parce que je m’appelle Mamadou et que je suis Black », raconte-t-il. « C’est à nous de changer les choses, (…) on a fait une lettre ouverte car il y a des millions de jeunes qui n’en peuvent plus » explique-t-il, précisant que, « aujourd’hui, entre les jeunes et la police, c’est un combat mais nous voulons un dialogue. Ce n’est pas un discours anti-flics ».
L’enseignante Elise Boscherel s’est félicitée d’avoir reçu le soutien de « beaucoup d’enseignants » mais regretté l’absence de réaction des syndicats d’enseignants et de l’Éducation nationale.
Pour rappel, le 9 novembre 2016, la plus haute juridiction avait condamné l’État pour des contrôles d’identité effectués dans le quartier commercial de la Défense, en décembre 2011. La Cour de cassation avait considéré qu’un « contrôle d’identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée, sans aucune justification objective préalable, est discriminatoire : il s’agit d’une faute lourde ».
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