Trois femmes originaires de la Guinée-Bissau, engagées dans la lutte contre le racisme et les inégalités, ont pour la première fois, pris leurs fonctions au Parlement en octobre 2019 avec des députés portugais, élus le 6 octobre. Avant l’élection de cette nouvelle assemblée, Helder Amaral était le seul député d’origine africaine qu’ait compté le Portugal depuis l’avènement de la démocratie en 1974.
Le nouveau parlement est issu des législatives remportées par le Premier ministre socialiste sortant Antonio Costa. Avec 108 sièges sur les 230 de l’Assemblée nationale, celui-ci n’a pas la majorité absolue. Les trois nouvelles députées, toutes originaires de Guinée-Bissau, une ancienne colonie portugaise d’Afrique de l’Ouest, font partie d’un contingent sans précédent de 89 femmes députées. Un résultat qui s’approche ainsi du quota de 40% fixé par une nouvelle loi.
Joacine Katar Moreira, 37 ans, est la plus connue des trois députées d’origine guinéenne. Cette militante antiraciste, qui a quitté la Guinée-Bissau à l’âge de huit ans, est la seule élue du parti Livre (Libre). Cette formation écologiste fait son entrée pour la première fois dans l’hémicycle.
Romualda Fernandes, juriste spécialisée dans le droit international des migrants, âgée de 65 ans, est une élue socialiste. Tandis que Beatriz Gomes Dias, 48 ans, présidente de l’association antiraciste Djass regroupant des descendants d’Africains, s’est présentée sous l’étiquette du Bloc de Gauche
Après son élection, Joacine Katar Moreira, qui a obtenu la nationalité portugaise en 2003, a annoncé qu’elle serait la porte-parole au Parlement de « la lutte contre le racisme » et du « féminisme radical de gauche ». Depuis, une pétition en ligne a réuni des milliers de signatures afin de l’empêcher de prendre ses fonctions. Motif : le soir de son élection, des militants de son parti avaient agité le drapeau de Guinée-Bissau au lieu de celui du Portugal. « Les gens comme moi sont toujours en lutte », avait-elle répondu dans un tweet.
Malgré des progrès ces dernières années, les défenseurs des droits de l’Homme dénoncent des problèmes de discrimination raciale dans l’éducation, l’accès au logement et au marché de l’emploi, dans la justice. Ils s’en prennent aussi à la sous-représentation des Noirs dans les milieux des affaires, des médias et de la politique.
En 2018, Djass avait relancé le débat sur le passé colonial portugais. L’association avait alors proposé la création d’un mémorial rendant hommage à tous ceux qui avaient été arrachés par les navires portugais à l’Afrique et déportés vers l’Amérique.
Awa TRAORÉ
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