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[SOCIÉTÉ] POIDS DES TRADITIONS ET SYSTÈME BANCAIRE EN AFRIQUE

Avec la mondialisation des échanges, l’on pourrait penser qu’il y a des choses qui vont de soi. Par exemple, que tout le monde dispose d’un compte en banque. Pourtant, en Afrique, l’idée n’est pas du tout vraie. Moins de 10% des populations sur le continent, soit environ 10 millions de personnes, sont bancarisées. Et, selon les analystes, il s’agit du taux de bancarisation le plus bas au monde. Ce qui, dans bien des cas, peut ralentir la dynamique économique des pays de la région.

Et c’est précisément parce qu’il existe des liens entre la bancarisation et le développement socio-économique d’un pays que la question a été retenue pour nourrir les échanges lors de la troisième édition du forum économique organisée par la version Afrique du magazine Forbes, les 24 et 25 juillet à Brazzaville (Congo). L’objectif de cette rencontre entre les décideurs politiques et les acteurs économiques africains et leurs partenaires est de «contribuer à construire les conditions de la confiance et de l’innovation, pour accélérer l’émergence du continent».

Mais, juste comme ça, petite question à 10 francs CFA: pourquoi si peu de personnes en Afrique disposent-elles d’un compte bancaire? La plupart des spécialistes s’accordent sur trois raisons que résume bien le magazine Next Afrique.

Il y a d’abord une question d’ordre politique et structurel. Partout sur le continent, les décideurs semblent peu prompts à faciliter l’installation et l’accessibilité des banques, avec une législation et des dispositifs adéquats.

Seulement, cela renforce les pesanteurs socioculturelles liées au sujet. Et c’est la seconde raison. En effet, comme l’explique l’économiste congolais Jean-Baptiste Keza qui a effectué des recherches pour le Centre d’études stratégiques du Bassin du Congo, le poids des traditions est tel que la confiance des populations à l’égard du système bancaire est proche du néant. L’habitude des fameuses tontines, ces sortes d’ancêtres du microcrédit, continuent d’être un maillon essentiel des circuits informels d’épargne.

Le tout repose sur la confiance fondée sur des liens d’amitié, de fraternité ou de clan. De quoi s’agit-il? Des personnes créent un pot commun où chacune verse la même somme d’argent à échéance régulière, le total revient ensuite à chacun à tour de rôle, sans intérêts. C’est du moins la définition qu’en donne l’économiste F. Bouman, à la fin des années 1970. Dans ces conditions, rien de plus compréhensible que les populations ne maîtrisent pas toujours les codes du système bancaire et fassent peu confiance à ce dernier. Jean-Baptiste Keza trouve d’ailleurs cela normal:

«La solidarité et la confiance que les individus se font au sein d’un groupe plus ou moins élargi constitue une meilleure garantie pour la microfinance

Ceci, se comprend d’autant plus que le manque de confiance existe d’ailleurs dans les deux sens, puisque les banques, elles aussi, craignent une insolvabilité des populations.

«Une des solutions réside dans l’association des banques classiques avec les banques islamiques [puisque les opérations n’y sont soumises à aucun intérêt] pour fournir des financement mixtes où les taux d’intérêt prohibé est remplacé par un taux de rendement sur des activités réelles», souligne Jean-Baptiste Keza.

La troisième explication à la faible bancarisation de l’Afrique réside aussi dans le développement rapide du mobile banking. Presque partout sur le continent, et notamment au Kenya, la plupart des opérations bancaires s’effectuent via les téléphones portables. Le Kenya, avec son système de mobile banking M-Pesa, avait d’ailleurs fait dire à The Atlantic que c’est «LA solution qui portera le monde rural à l’économie moderne». Plus de 60% de la population adulte au Kenya est adepte du mobile banking.

Mais par-dessus tout, l’une des pistes que doit explorer le Forum Forbes Africa pour répondre au défi de la bancarisation en Afrique, est celle de l’éducation. Car, selon une étude de Global Findex, les taux de bancarisations sont proportionnels aux taux d’éducation. En Afrique, 55% des personnes ayant suivi un enseignement supérieur ont des comptes bancaires.

Source : http://www.slateafrique.com/497731/economie-forum-forbes-grands-defis-bancarisation-afrique

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