Plus de 700 femmes, accusées de pratiquer la sorcellerie, ont été assassinées ces derniers mois en Tanzanie, selon des ONG implantées sur place. Des crimes qui seraient autant liés aux superstitions locales qu’à des motifs crapuleux.
Plusieurs ONG, dont le Centre juridique et des droits de l’homme, ont récemment tiré la sonnette d’alarme au sujet d’un étrange phénomène pour le moins inquiétant qui se développe en Tanzanie. Ce pays d’Afrique de l’Est est en effet devenu le théâtre d’une série de meurtres de femmes, accusées de sorcellerie. Une véritable chasse aux « sorcières » meurtrière, derrière laquelle se cache bien souvent des motifs à mi-chemin entre les superstitions et la cupidité.
Observant la situation de près, des militants croient savoir que 765 meurtres de ce type ont été recensés en 2013. Un chiffre qui pourrait bien être en deçà de la réalité selon leurs estimations. Paul Mikogonti, membre de l’ONG précédemment citée, ne dit pas autre chose ajoutant que « ce nombre énorme de personnes tuées ne compte que les cas signalés ».
Peuplé de 49 millions d’habitants, la Tanzanie est une terre où cohabitent les chrétiens, les musulmans mais aussi les adeptes des religions traditionnelles et ancestrales, dans lesquelles les superstitions sont profondément ancrées. Ainsi, selon une étude menée en 2010 par le think tank américain « Pew Research Center », 93% des Tanzaniens croient en la magie. Des croyances susceptibles de conduire certains jusqu’au meurtre. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de réprimer durement les meurtres de personnes souffrant d’albinisme, lesquelles sont traquées et tuées, car les superstitions et les sorciers prêtent à leurs organes des vertus magiques.
Si les autorités semblent redoubler d’efforts pour éviter ces assassinats ciblés d’albinos, les cas de meurtres de femmes accusées de sorcellerie restent pour l’instant occultés, d’où la difficulté de dresser des bilans précis. La plupart des victimes étant des personnes âgées vulnérables. Ce qui fait dire aux observateurs des ONG que certaines « sorcières » sont dénoncées puis jetées en pâture à la vindicte populaire avant d’être tuées, afin que leurs biens puissent être spoliés en toute impunité, y compris par des proches. Les hommes et les femmes ayant les mêmes droits sur les questions d’héritage, cette hypothèse n’est pas si farfelue comme l’explique Flavian Bifandimu qui travaille pour l’ONG HelpAge, spécialisée dans le défense des droits des seniors dans le monde :
Traditionnellement, les hommes aiment dominer […] mais quand une femme commence à être un peu récalcitrante, ils pensent que le seul moyen d’obtenir certains biens – que ce soit des vaches ou une ferme – est de dire que cette femme est une sorcière
Source : http://www.itele.fr/monde/video/plus-de-700-meurtres-de-femmes-accusees-de-sorcellerie-ont-ete-recenses-en-tanzanie-110836
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