L‘archevêque regrette que l’équipe nationale fasse appel à aussi peu de Noirs, qui jouent souvent les faire-valoir.
Les joueurs de l’équipe sud-africaine de rugby, les Springboks, sont encore bien trop blancs vingt ans après la fin de l’apartheid, regrette l’archevêque anglican Desmond Tutu.
Dans une lettre au quotidien Cape Times publiée vendredi, à la veille d’un match des Springboks contre l’Argentine, le prélat estime qu’il est aussi «particulièrement blessant» de voir que les joueurs noirs restent «des membres périphériques de la sélection à qui on ne donne jamais la chance de faire leurs preuves et de gagner leurs galons».
L’Afrique du Sud mérite, selon lui, une équipe qui représente «tout le spectre de l’arc-en-ciel qui nous définit, pas sur la base de quotas ou de discrimination positive, ou pour la vitrine, mais sur la base du mérite, et pour notre bien-être à long terme, en temps que nation».
Sous le régime raciste de l’apartheid, le springbok de la blanchissime équipe nationale de rugby était considéré comme un symbole de l’apartheid. «Quand est venue notre libération (en 1994, ndlr), beaucoup de gens disaient que nous ne devrions plus jamais appeler notre équipe Springboks, car le nom même était trop douloureux. Mais d’autres, comme uTata (père) Nelson Mandela, ont reconnu le pouvoir de transformation et de guérison inhérente au sport», en soutenant notamment l’équipe dans sa course à la victoire de la Coupe du monde de 1995, a écrit Desmond Tutu.
Il rappelle avoir personnellement rejoint la campagne pour le maintien de l’équipe en descendant la principale rue du Cap dans un maillot des Springboks. «Aujourd’hui, après vingt ans, je déplore le rythme de tortue de la transformation au plus haut niveau» du rugby sud-africain, a lancé le prix Nobel de la paix 1984.
Le quinze sud-africain qui s’alignera samedi à Salta, dans le nord de l’Argentine, comprend douze Blancs et trois Métis. Sur le banc de touche, il y aura six Blancs et deux Noirs.
Le rugby est majoritairement un sport prisé des Blancs en Afrique du Sud. Or, ceux-ci – qui bénéficient toujours de meilleurs infrastructures sportives dans les écoles – représentent moins de 9% de la population, pour 80% de Noirs.
L’ouverture des équipes à davantage de joueurs de couleurs est un sujet récurrent depuis vingt ans, alors que le gouvernement menace régulièrement d’introduire des quotas. Et le président de la fédération sud-africaine de rugby, Oregan Hoskins, a encore remarqué il y a deux mois qu’«on devrait donner davantage leur chance aux joueurs noirs».
Il a refusé de commenter les propos de Nelson Tutu. «Je connais Tutu personnellement. Je discuterai de cette lettre avec lui personnellement», a-t-il dit au Cape Times.
AFP
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