[SOCIÉTÉ] HOLLYWOOD ET L’EFFET OBAMA AU CINÉMA

Record d’impopularité avec seulement 39% d’opinions favorables, réforme avortée (sur les armes à feu) et scandale international (la NSA), l’année 2013 n’aura pas été de tout repos pour Barack Obama, à tel point que ses plus grands fans se demandent aujourd’hui ce qu’il a fait du pouvoir et de ses rêves de changement. Mais le président des États-Unis peut s’enorgueillir d’une chose: la recrudescence, sous son mandat, de films retraçant l’Histoire des afro-américains.

Mercredi 22 janvier sort 12 Years a Slave de Steve McQueen. Le film est une adaptation d’un récit de Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York qui est enlevé et vendu comme esclave quelques années avant la guerre de Sécession. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité.

Bande-annonce de 12 Years a Slave:

Ce film fait partie des derniers longs métrages à pouvoir être estampillé « Effet Obama ». Cette étiquette a été inventée par Harvey Weinstein, influent producteur, qui décrit dans une interview donnée à The Warp en septembre 2013 l’existence d’un « changement culturel ».

Révolution

Selon lui, une révolution s’est opérée à Hollywood depuis l’élection du démocrate. Une des conséquences? Le grand public est beaucoup plus réceptif aux histoires d’afro-américains. Le discours de Weinstein s’articule ainsi: « il y a des grands cinéastes noirs comme Lee Daniels, Ryan Coogler, Steve McQueen et de grands acteurs et actrices comme Idris Elba, Chiwetel Ejiofor ou Naomie Harris. »

« Cet état de fait est un moment unique. C’est un signal fort envoyé par Obama, une renaissance. Il est parvenu à brouiller les lignes raciales. C’est ça l’effet Obama. Nous sommes dans un meilleur pays, à nous d’en profiter. »
Le laïus de Weinstein n’est pas sans arrières pensées puisqu’en plus de la sortie de Mandela : Un long chemin vers la liberté, le producteur s’active autour de celle du Majordome réalisé par Lee Daniels qui retrace les pérégrinations de Cecil Gaines, du Sud ségrégationniste au poste de majordome de la Maison-Blanche.

Bande-annonce du Majordome:

Ce biopic qui retrace l’évolution de la vie politique américaine et des relations entre communautés – de l’assassinat du président Kennedy et de Martin Luther King au mouvement des « Black Panthers » – n’est pas l’exemple le plus probant d’un « effet Obama », mais la capacité du Président à communiquer sur les larmes que Forest Whitaker lui a tirées après l’avoir vu, prouve une certaine connivence.

Esclavagisme

Depuis Naissance d’une nation en 1915, la question de l’esclavage aux États-Unis a rarement été portée à l’écran – contrairement à d’autres moments dramatique de l’Histoire comme le massacre des indiens d’Amérique souligne Jean-Michel Frodon sur Slate.

« Steve McQueen effectue pour les Américains ce travail qu’eux-mêmes ne sont jamais parvenu à faire, 100 ans après le film fondateur du cinéma hollywoodien de D. W. Griffith. »
Le réalisateur britannique n’est pourtant pas le premier à en parler. Quentin Tarantino dans Django Unchained apportait déjà une lecture pop et western spaghetti du Sud des États-Unis et du commerce des esclaves.

Bande-annonce de Django Unchained:

L’association du Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, et de Django, un esclave dont il a fait l’acquisition et qui peut lui permettre de traquer les frères Brittle, a pu hérisser quelques poils mais pour Frodon, « Tarantino posait intelligemment la question de ce qu’avait fichu le cinéma holywoodien à propos de la terreur esclavagiste, deuxième pilier économique et politique de la naissance de l’Amérique. »

Obama n’a pas rouvert le « dossier esclavagisme » mais le soutien qu’il a apporté à certains films joue un rôle important dans leur réception par le public. Steven Spielberg avait décidé d’aborder le sujet des traites négrière dans Amistad. Il est revenu à la charge avec Lincoln pour raconter les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis qui bataille au Congrès pour abolir l’esclavage.

Bande-annonce de Lincoln:

Pour Henry Louis Gates, historien et consultant sur Amistad, 12 Years a Slave est « le portrait le plus authentique de l’esclavage aux États-Unis jamais porté à l’écran. Interrogé par le Guardian, il explique pourquoi l’esclavage est devenu si soudainement le sujet de plusieurs films.

« Je pense que c’est en partie une question de génération. Aujourd’hui, de plus en plus d’afro-américains ayant étudié dans des institutions réservées aux blancs, arrivent à maturité et trouvent le moyen de faire passer leur message. Steve McQueen pense que c’est l’effet Obama, moi je pense que c’est le résultat de la discrimination positive. »
D’une certaine manière, s’il est difficile de mesurer l’impact réel qu’aura eu le président Barack Obama sur ces films – auraient-ils existé si Mitt Romney avait été élu? – il est intéressant de noter que l’actuel président des États-Unis a aussi pu profiter de ses connexions hollywoodiennes lors de ses campagnes pour lever des fonds importants, notamment lors de galas organisés par les frères Weinstein. Une manière de renvoyer l’ascenseur.

Source : huffingtonpost.fr

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