[SOCIÉTÉ] GUADELOUPÉENS, ENTREPRENEURS DANS L’ÂME

La Guadeloupe se caractérise par une forte dynamique entrepreneuriale. C’est dans l’archipel que l’on compte le plus de créations d’entreprises par habitant.

En Guadeloupe, le nombre d’entreprises créées a augmenté de 43,7% entre 2002 et 2008 grâce à une conjoncture économique particulièrement favorable. Le taux de croissance du nombre de créations d’entreprises est ainsi en hausse, de 6,2% par an en moyenne sur la période.

Rapporté au nombre d’habitants, la Guadeloupe compte plus de créations d’entreprises par habitant que les autres régions françaises. En moyenne annuelle sur la période 2002-2008, 105 entreprises pour 10 000 habitants ont été créées à la Guadeloupe, contre 74 à la Martinique, deuxième de ce classement. La Picardie se positionne à la dernière place avec 26 entreprises nouvelles pour 10 000 habitants.

L’année 2009 marque un tournant dans cette dynamique. Touchée de plein fouet par la crise financière et le mouvement social du premier trimestre 2009, l’activité économique de la Guadeloupe se dégrade nettement. Les créations d’entreprises ne progressent plus que grâce à l’instauration du statut de l’auto-entrepreneur. La mise en place de ce nouveau dispositif a suscité beaucoup d’engouement. En dehors de ce régime, le rythme des créations d’entreprises à la Guadeloupe diminue de 24,1% en 2009, une évolution similaire à celle observée sur le plan national.

Le redressement de l’activité observé en 2010 établit l’augmentation du nombre d’entreprises créées (hors auto-entrepreneurs) à + 6,1% sur un an, soit un taux de croissance six fois plus élevé que la moyenne nationale.

Les services en tête de liste

Plus de la moitié des créations d’entreprises ont concerné le secteur des services.

Sur la période 2002-2010, le renouvellement du tissu économique a principalement bénéficié aux activités de services. 58% des créations d’entreprises en 2010 ont concerné ce secteur, contre 36% en 2002. L’instauration du statut d’auto-entrepreneur a encore accentué l’attractivité des services, en particulier pour les activités de soutien aux entreprises.

Le secteur de l’industrie se révèle également dynamique : il représente 9% des créations en 2010 contre 6% en 2002. Les créations dans ce secteur ont principalement concerné l’agroalimentaire et la production-revente d’électricité (53%).

En revanche, les secteurs de la construction et du commerce intéressent de moins en moins de candidats à la création. Ils représentent 33% des créations d’entreprises en 2010 contre 58% en 2002. La conjoncture économique particulièrement défavorable qui a pesé sur le BTP dès 2008, la forte concurrence de la part des grandes surfaces dans le secteur du commerce et les incertitudes qui règnent sur la rentabilité des projets ont dissuadé les candidats potentiels.

Une pérennité très satisfaisante

Le taux de survie des entreprises s’est réduit mais demeure plus élevé que la moyenne.

La pérennité des entreprises guadeloupéennes a été favorisée par les dispositifs de soutien – allègement de charges, défiscalisation – et une croissance économique de long terme élevée. Ainsi, au sein du département, deux tiers des entreprises créées en 2002 étaient toujours actives après trois années d’existence, soit un taux de survie de 68,3%, contre 66% à la Martinique et 65,5% pour la France métropolitaine à la même période. Le contexte économique dégradé de 2008 – 2009 a pénalisé la pérennité des entreprises guadeloupéennes et leur taux de survie a diminué pour s’établir en 2009 à 66,5%.

MERCI AUX MÉNAGES

Les taux de survie varient selon l’importance des moyens consentis au démarrage et selon les secteurs d’activités. Les taux de survie les plus élevés à trois ans sont enregistrés dans l’industrie (84,5%) et la construction (76,9%). À l’inverse, il est moindre dans la branche de l’hébergement et la restauration (64%). Il chute enfin à 56% dans le commerce et la réparation automobile, plus exposés à la concurrence que dans d’autres secteurs.

Ces résultats indiquent que les entreprises guadeloupéennes ont relativement bien résisté à la crise. Le département a en effet bénéficié d’indicateurs économiques plus favorables qu’à la Martinique, notamment en termes de demande de consommation des ménages, d’investissement et de crédits à l’habitat des ménages, qui lui ont permis de maintenir ses capacités productives.

Les défaillances ont été contenues

La plupart des indicateurs économiques et financiers ainsi que les enquêtes d’opinion auprès des chefs d’entreprises guadeloupéens révèlent le lourd impact de la crise de 2008 – 2009 sur l’activité. Mais le nombre de défaillances d’entreprises reste relativement contenu comparativement à la Martinique. À partir des données de l’Insee, on observe :

– Une progression plus forte des défaillances d’entreprises sur le territoire martiniquais entre 2003 et 2011 (+10 % en moyenne annuelle contre + 6 % à la Guadeloupe) ;

– Un impact immédiat et prononcé de la crise de 2009 sur le tissu économique martiniquais avec une baisse du PIB de 6,5% en volume sur un an en Martinique (contre -4,8% à la Guadeloupe) ;

– Une hausse sensible des défaillances d’entreprises au cours de la même année à la Martinique (+10% sur un an) qui atteignent leur plus haut niveau depuis 2003 (494 défaillances). En Guadeloupe, l’impact de la crise sur le nombre de défaillances d’entreprises n’a été perceptible qu’en 2011 (+ 29% sur un an), soit deux ans après.

UNE ÉTUDE À LA CLÉ – Nos entreprises sont dynamiques et résistantes
L’Institut d’émission (IEDOM) vient de publier, dans sa rubrique Éclairages, une étude sur les entreprises guadeloupéennes entre 2002 et 2010. Entre 2002 et 2007, l’économie guadeloupéenne a bénéficié d’une croissance soutenue qui a permis de dynamiser et de modifier en profondeur le tissu productif.

La crise économique et financière mondiale a eu des répercussions importantes sur l’activité économique de la Guadeloupe, qui a également souffert du conflit social historique de 2009. La plupart des indicateurs économiques se sont dégradés. Néanmoins, les entreprises guadeloupéennes semblent avoir bien résisté aux divers chocs conjoncturels externes.

En savoir plus : www.iedom.fr

, rubrique publications, note n° 270.
Un chiffre d’affaires en hausse, mais une marge qui se réduit
Sur toute la période, les entreprises sont restées rentables. La marge s’est réduite, mais est restée à un niveau élevé.

Sur la période 2002-2010, le taux de variation du chiffre d’affaires des entreprises guadeloupéennes a été globalement positif excepté en 2009, où il a diminué de 8,7%, après un ralentissement observé en 2008 (+2,7% après + 6,7% en 2007). L’année 2009 a pesé lourdement sur le chiffre d’affaires des petites comme des grandes entreprises, avec une incidence plus marquée sur le secteur du commerce. La reprise constatée en 2010 a concerné l’ensemble des secteurs. Elle a été particulièrement vive pour les entreprises de l’agroalimentaire. Le secteur des services de transports, d’information et des communications a affiché une hausse en 2010 après avoir décru entre 2006 et 2009. Dans les secteurs de l’industrie et du commerce, la progression du chiffre d’affaires a été plus faible.

DES CHOCS ÉCONOMIQUES

Sur la période étudiée (2002-2010), la marge des entreprises s’est néanmoins réduite. Entre 2002 et 2010, le taux de marge des entreprises guadeloupéennes a diminué passant de 34,3% à 29%. Au cours de cette période, le secteur du commerce et de la réparation automobile a dégagé la marge la plus faible (comparativement au secteur de l’industrie). Les taux de marge de ce secteur contribuent significativement à l’évolution d’ensemble, compte tenu de sa forte représentativité au sein l’échantillon (46% en 2010).

La détérioration des marges, particulièrement significative en 2006 et en 2009, est à mettre en parallèle avec les chocs macroéconomiques qu’a subi l’économie guadeloupéenne. Le redressement en 2010 s’est opéré dans quasiment tous les secteurs. Depuis 2010, seules les industries agroalimentaires retrouvent des niveaux d’avant-crise.

Les taux de marge restent élevés…

Même en réduction, les taux de marge sont restés élevés. À l’instar des autres DOM, le taux de marge des entreprises guadeloupéennes apparaît plus élevé que celui des entreprises métropolitaines mais plus faible que celui des entreprises martiniquaises. Parmi les raisons, le tissu d’entreprises domien est constitué d’une part élevée de filiales de groupes (24%) et ce, encore plus à la Martinique (38%) comparativement à la France métropolitaine (14,8%). Ainsi, en temps de crise, les filiales ont pu bénéficier du soutien de leur groupe.

et la rentabilité s’est détériorée

Quoiqu’en repli, la rentabilité financière a été élevée sur la période 2002-2007.
Elle s’effondre de 27,4 points entre 2007 et 2009. La tendance est également à la baisse pour la rentabilité économique. Le recul est cependant moins marqué sur la période 2007-2009 (- 4,1 points). Ce n’est qu’en 2010 que la rentabilité financière ainsi que la rentabilité économique affichent de nouveau une hausse. Deux secteurs présentent une rentabilité économique plus élevée : le commerce et l’industrie.

Ça veut dire quoi ?

– Le taux de marge est obtenu en rapportant l’excédent brut d’exploitation à la valeur ajoutée. Il représente la capacité d’une entreprise à dégager des profits. Il fluctue généralement en fonction de la conjoncture et est considéré comme un indicateur de rentabilité.

– La rentabilité économique doit être distinguée de la rentabilité financière (ou rentabilité des capitaux propres). La première évalue la performance économique de l’entreprise dans l’utilisation des facteurs de production. La seconde permet d’établir la rentabilité des fonds investis dans l’entreprise par les actionnaires.

L’impact de 2009

L’impact de la crise sociale de 2009 est perceptible tout au long de cette étude de l’IEDOM. L’Institut l’indique, « le PIB de la Guadeloupe affiche une baisse historique de 4,8% en volume en 2009, tandis que l’indicateur du climat des affaires chute à son plus bas niveau historique, retraçant la dégradation de l’activité. »

La valeur ajoutée profite au personnel

La valeur ajoutée est répartie, sous forme de revenu, entre les acteurs participant à sa création. En moyenne sur l’ensemble de la période 2002 – 2010, 60% du revenu est alloué au personnel, 20% revient à l’entreprise (autofinancement), 11% à l’État (taxes et impôts) et moins de 10% aux apporteurs de fonds propres, c’est-à-dire les actionnaires et prêteurs.
Sur la période 2002-2010, cette répartition connaît des évolutions divergentes sur les deux plus grandes masses. D’une part, le poids dans la valeur ajoutée des dépenses de personnel progresse rapidement jusqu’en 2009 avant de s’infléchir.

D’autre part, l’autofinancement diminue significativement entre 2003 et 2008, avant d’amorcer un redressement en 2010. Par comparaison, l’autofinancement des entreprises guadeloupéennes (20,3% en 2010) est plus faible que celui des entreprises martiniquaises (26%) et guyanaises (29%).

La part du revenu revenant à l’État s’inscrit dans une tendance baissière depuis le pic atteint en 2004. Son ratio, de 11% en 2010, est le plus faible des départements d’Outre-mer.

Enfin, la part du revenu allouée aux prêteurs suit une tendance à la hausse jusqu’en 2008 avant de diminuer entre 2008 et 2010, en lien avec la baisse du coût du crédit. Elle s’établit à 3,3% en 2010, soit une proportion bien plus faible qu’en France métropolitaine – environ 8% entre 2002 et 2009 – en raison d’un taux d’endettement plus faible.

Source:http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/actualite/economie/guadeloupeens-entrepreneurs-dans-l-ame-275898.php

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