LA RÉPRESSION RÈGNE À KINSHASA

La répression policière et militaires de manifestations menées par l’opposition et une partie de l’Église catholique, dimanche 31 décembre, à Kinshasa et dans d’autres villes du pays, illustre un Joseph Kabila aux abois et qui n’a plus que la force violente pour s’accrocher avec une absence totale de légitimité depuis plus d’un an.
« C’est une barbarie d’un autre genre ! Nous n’avons jamais vu ça depuis 1960. Même à l’époque de Mobutu, jamais l’armée ni la police n’avaient tiré à bout portant ou lancé des gaz lacrymogènes dans l’église. C’est inacceptable ! » lâche Vital Kamerhe auprès du journal Jeune Afrique, à l’égard de la répression policière menée durant la messe à la paroisse Saint-Michel de Bandalungwa, à Kinshasa, dimanche 31 décembre. Le leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC) pointe la responsabilité de Joseph Kabila et de son camp, utilisant la force policière et militaire pour gazer, voire tuer des manifestants rassemblés dans des églises de la capitale congolaise, et dans d’autres villes du pays. Plusieurs morts ont été à déplorer suite à ces interventions à l’intérieur de lieux de culte en pleine messe dominicale.

Une réforme électorale en cause

Mais quelle mouche a piqué au pouvoir pour s’en prendre à des personnes en pleine messe ? C’est que l’Église catholique, à travers son Comité laïc de coordination, a appelé à manifester après la messe du 31 décembre, pour rappeler au pouvoir qu’il doit respecter l’accord du 31 décembre 2016, dans lequel majorité et opposition faisaient en sorte d’établir un calendrier électoral, afin d’établir de nouvelles élections en 2018, et d’ainsi permettre une alternance de manière démocratique. Ce qui serait une première depuis l’indépendance (fictive) du 30 juin 1960, car les changements à la tête de la République démocratique du Congo, ex-Zaïre, se sont toujours faits par le sang ou des Coups d’État militaires.
Mais ces dernières semaines, l’opposition se sent piégée par la majorité présidentielle dans l’élaboration du calendrier électoral. En cause ? Une réforme électorale adoptée par l’Assemblée nationale fait polémique, avec l’introduction d’un seuil de représentativité de 1% au niveau national pour espérer siéger à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Ce qui condamne, de facto, selon le député Henri-Thomas Lokondo interrogé par RFI, les candidats indépendants ou les petits partis ou groupements politiques. Et donc, renforce les grands partis comme le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie de Kabila, le Parti lumumbiste unifié, mais aussi des forces d’opposition telles l’UNC ou l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) par exemple. De même que l’introduction d’un cautionnement fait des remous car elle favorise des candidats riches, issus de la classe dominante, au détriment de candidats issus des milieux populaires ou paysans.

Ad vitam aeternam ?

Suite à ce défouloir des policiers et militaires dans des lieux de culte, il y aurait pu y avoir des réactions internationales. Seule l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), par la voix de sa secrétaire générale, Michaëlle Jean, déplore ces attaques « inqualifiables et désolantes » envers des fidèles et des citoyens de la part des autorités congolaises et tient à souligner la détermination de l’OIF à œuvrer à ce que des élections se fassent en RDC, le pays le plus peuplé de la francophonie.
Mais est-ce que Kabila laissera faire les choses ainsi ? La répression de dimanche indique que non. Après tout, il ne devrait plus être au Palais de la Nation depuis le 20 décembre 2016, date officielle de la fin de son deuxième et dernier mandat présidentiel, selon l’article 70 de la Constitution de 2006. Au lieu de cela, il demeure en place, violant ainsi la Constitution, avec l’aval de la communauté internationale qui ne semble pas s’émouvoir que des citoyens se fassent tuer, même dans des lieux de culte. En outre, Kabila, par son mutisme au sujet des violences lors de son allocution télévisuelle du 31 décembre au soir, compte bien voir les opposants se fatiguer à se battre entre eux pour rester ad vitam aeternam au pouvoir. En cela, la mort d’Étienne Tshisekedi, le 1er février 2017, lui facilita la vie tant le vieil opposant était encore remuant et populaire, et que sa mort provoqua une crise interne à l’UDPS entre Félix Tshisekedi, héritier politique assumé, et d’autres cadres du principal parti d’opposition.

Bref, le Congo-Zaïre continue de souffrir, dans l’indifférence générale !

Jonathan Baudoin

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