LA RELATION SINO-AFRICAINE : UNE AFFAIRE D’ARMES ?

Selon le dernier  rapport de l’institut sur la paix de Stockholm, les ventes d’armes chinoises en Afrique ont progressé de 120% sur la période 2012-2016. Au-delà de l’augmentation fulgurante des ventes, il apparaît que les armes fournies de part et d’autre sur le continent Africain, ont également changées de calibre, de meilleure qualité mais aussi beaucoup plus puissantes, on observe maintenant des entrées de tanks, avions de chasse ou frégates de reconnaissance.

Les années 2000 représentent un véritable boum chinois sur le continent africain, dans de nombreux secteurs, la Chine montre son intérêt en investissant dans l’industrie du bâtiment, dans la construction des routes mais aussi dans la fourniture de matériel pour les forces armées.

Peut-on parler de partenariat entre les différents pays africains concernés et le gouvernement chinois? 

Une récente interview paru dans la presse de Raphaël Rossignol, spécialiste des relations sino-africaines, répond à cette interrogation :

«La Chine, en tant qu’Etat peut décider d’assurer son allié africain contre les aléas géopolitiques, en l’aidant à renforcer son armée, en échange de quoi, les deux partenaires bâtissent des relations plus solides basées sur des termes commerciaux et financiers qui vont se traduire soit par un accès aux ressources naturelles, soit par la construction d’une route. Et parfois tout cela est ficelé dans un même package. Sachant qu’en Chine, l’aide militaire est comptée dans l’assistance extérieure». 

Selon le spécialiste, il s’agirait donc d’accords classiques d’échanges de bons procédés entre les parties, ces échanges sont-ils équitables pour autant? la valeur de l’aide apportée par les chinois est-elle réellement comparable aux bénéfices réalisés par ces derniers dans les différents domaines commerciaux et industriels qu’ils investissent sur le continent Africain?

La Chine, une puissance incontournable?

La question chinoise en Afrique, est constamment au cœur des débats, l’opinion publique se veut souvent très critique en définissant l’entrée de la Chine sur le continent comme une sorte d’invasion, la présence des chinois semble déranger, pourtant leur influence ne cesse de progresser.

Ne se contentant pas seulement de fournir les armes, la Chine à plusieurs reprises est intervenu en apportant une aide concrète et humaine en déployant sa marine ou ses soldats sur des zones en conflit comme le Soudan, le Mali ou la Libye. Ces interventions stratégiques ont pour but d’affirmer au monde la puissance que représente la Chine mais il s’agit aussi de se positionner en tant qu’acteur économique efficace et surtout incontournable.

Raphaël Rossignol explique clairement dans son interview  les objectifs des chinois qui selon son opinion d’expert seraient basés sur des questions principalement économiques, il en vient à cette déduction en constatant que depuis 2016 les exportations d’armes chinoises sont beaucoup plus importantes pour des pays comme le Bangladesh ou le Pakistan :

«Ce que j’observe, c’est que la Chine a une stratégie qui consiste à tracer les nouvelles routes de la soie, maritimes et terrestres. Ces routes de la soie consistent à mettre sur pied un réseau d’infrastructures dédiées au transport de marchandises entre l’Asie et l’Europe et entre l’Asie et l’Afrique c’est la raison d’être qu’on peut déduire de la nouvelle base militaire chinoise installée à Djibouti. C’est un symbole qui montre que la Chine est maintenant reconnue de manière indéniable comme une puissance avec laquelle on doit désormais compter.» 

L’Union Européenne reste donc pour l’heure l’interlocuteur principal en terme de finances et soutiens armés des pays africains. La Chine quant à elle apparaît comme un nouveau type de partenaire mettant en avant une relation basée sur les intérêts économiques et non sur la dépendance à laquelle les gouvernements africains sont habitués à évoluer dans leurs rapports avec l’occident.

L’Afrique suscite la convoitise et l’intérêt général, ce n’est plus un secret, mais au regard des derniers événements dans les sphères politiques et socio-économiques,  les gouvernements africains influencés par le mouvement panafricain grandissant semblent tentés pour certains par l’idée de développer une réelle autonomie pour leurs nations, continueront-ils d’ accepter la main tendue de l’UE ou décideront-ils enfin de s’affranchir en considérant d’autres options d’alliances internationales?

 

Mrs Prue

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