Au cœur de l’actualité qui concerne notre continent, il est souvent question d’une potentielle réintégration du Maroc au sein de l’Union Africaine, après son départ volontaire le 12 novembre 1984, et suite à sa demande volontaire d’intégrer l’Union Européenne rejetée le 1er octobre 1987. Une demande de réintégration pourtant bien accueillie par plusieurs membres de l’UA et à laquelle beaucoup d’Africains adhérent. Aujourd’hui une question taraude notre esprit . Nous sommes tous d’accord pour une Afrique unie et forte. Alors, pourquoi accepter certains et rejeter d’autres? Le cas d’ Haïti nous interpelle.
Depuis 2012, le président haïtien Michel Martelly, a initié une procédure d’adhésion de son pays au sein de l’Union Africaine (UA). Celle -ci avait pourtant été accueillie avec beaucoup d’entrain, du fait de l’histoire qui nous lie les peuples africains au peuple haïtien. Ayant pourtant obtenu le statut de « pays observateur » lors du sommet de l’UA en 2012, l’organisation panafricaine confère à Haïti, en 2015 le statut de « membre associé à part entière ». De quoi penser que l’adhésion de l’État caribéen est imminente au sein de l’Union Africaine.
Haïti dispose pourtant de plusieurs arguments capitaux qui pourraient lui conférer une place au sein de l’Union Africaine. Il n’y a nul doute que les haïtiens sont en grande partie des descendants du peuple africain. L’institution panafricaine semble omettre cette partie de l’histoire au cours de laquelle le continent a été contraint de se priver des millions de ses enfants, pour des causes de « traite négrière ». Pourtant malgré la situation géographique qui l’éloigne du continent africain, cet État partage plusieurs points de notre culture : notre histoire, nos rites et traditions comme le vaudou, la langue, l’art, la musique et même les tenues vestimentaires. N’est-ce pas là suffisamment de raison pour permettre son adhésion au sein de notre Union.
Rappelons également cette solidarité qui lie nos peuples de manière presque instinctive. Alors qu’Haïti était libéré de toute oppression impérialiste, ce peuple s’est battu pour que plusieurs États africains soient également libérés de l’occupation occidentale avant la Seconde Guerre mondiale. Cette nation précoce a clairement pris position contre l’occupation Italienne en Éthiopie et en Libye, contre la guerre en Algérie et a même accompagné plusieurs de nos États vers leur souveraineté.
En mai 2016, l’Union Africaine va tout de même rejeter la demande d’adhésion d’Haïti au sein de l’organisation, aux motifs que sa situation géographique d’une part, comme le stipule l’article 29, alinéa 1 de l’Acte constitutif « Seuls les États Africains peuvent adhérer en tant que membres effectifs » et d’autre part son instabilité politique ne lui confèrent pas le droit d’intégrer l’ UA. Motif réel ou influence occidentale ? Rappelons que l’institution panafricaine (qui ne cumule que des échecs) est en partie financée par les pays occidentaux. À ce titre, peut-elle décider de l’intégration d’un nouvel État membre de façon indépendante ?
Toujours est-il que plusieurs États membres de l’UA restent favorables à l’adhésion d’Haïti. Selon le journal afro-américain The Root, après le séisme qui a frappé la capitale haïtienne en 2010, le Sénégal a proposé à l’UA d’accueillir les sinistrés haïtiens, allant jusqu’à proposer la création d’un nouvel État sur le sol africain
Tout comme le désintéressement quasi total du sort des Haratines en Mauritanie, l’Afrique ne cesse de confier ses problèmes à ceux qui ne s’intéressent qu’à nos richesses. Quand allons-nous décider de prendre soin des nôtres ? Où qu’ils soient ? L’UA va-t-elle camper sur ses positions, abandonnant ainsi le peuple qui s’est longtemps battue pour que notre continent soit libéré ?
NegroNews
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