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[POLITIQUE] QUAND LA FRANCE COMPTE SUR L’AFRIQUE POUR SAUVER SON AVENIR

Le rapport rendu hier par Jacques Attali à François Hollande détaille les enjeux économiques du monde francophone.

Et si, pour gagner des milliers d’emplois, la France pouvait compter… sur la francophonie ? « Créer ou maintenir 360.000 emplois en France, et bien plus– autour d’un million en 2050 – dans les décennies suivantes » serait possible, à la condition d’une politique économique active tournée vers les pays francophones et francophiles, a expliqué, hier, Jacques Attali, qui venait de présenter à François Hollande le rapport sur la dimension économique de la francophonie . Et elle pourrait alors améliorer au passage la position de la balance des paiements de la France de plusieurs dizaines de milliards d’euros.

« Le potentiel économique de la francophonie est énorme », a indiqué le président de PlaNet Finance, qui suggère la création d’une « union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne » dans les domaines de la santé, la technologie, l’enseignement, la culture, la recherche/développement, ou encore les infrastructures. « La France a vocation à être un acteur majeur au sein de deux zones intégrées : l’Union européenne et le monde francophone. C’est bien pour elle un enjeu stratégique, à l’image du Royaume-Uni, qui se considère comme partie intégrante tant de l’Union européenne que du Commonwealth » , souligne le rapport.

770 millions de francophones potentiels en 2050

Ce potentiel existe pour une raison mathématique, d’abord : les 230 millions de gens parlant actuellement français dans le monde pourraient atteindre 770 millions d’ici à 2050 et former alors le 4e espace géopolitique de la planète. Cette évolution démographique s’appuie ensuite notamment sur celle – spectaculaire – du continent africain, lancé lui-même sur une trajectoire de forte croissance économique . Alors que les francophones ne représentent encore aujourd’hui que 4 % de la population mondiale, les 37 pays francophones comptent déjà pour 8,5 % du PIB mondial, et même 16 % si on y ajoute les pays francophiles, avec un taux de croissance moyen de 7 % et près de 14 % des réserves minières et énergétiques. S’y ajoute une sorte d’ « accélérateur » qualitatif : « Deux pays partageant des liens linguistiques tendent à échanger environ 65 % de plus que s’ils n’en avaient pas »« Il existe bien une corrélation entre le taux de pénétration du français dans un pays et la part des exportations françaises dans ce pays » , souligne le rapport. Une dimension vérifiée dans les rapports économiques entre la France et l’Afrique de l’Ouest , où le français est la langue véhiculaire et d’intégration économique. Dans la zone CFA, la France parvient ainsi à encore faire jeu égal avec la Chine… En y regardant plus finement, il faut également compter avec les réseaux des nombreux « francophilophones », ces acteurs importants de la société mondiale tels le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, ou Indra Nooyi, la présidente de PepsiCo, véritables « trésors pour l’avenir de la France ». A l’heure où l’effacement progressif des frontières nationales a imposé la langue et la culture comme nouvelle géographie, toutes ces dimensions ont été négligées, car la francophonie a été trop souvent considérée comme anecdotique, regrette Jacques Attali.

Le tableau est séduisant. Mais « faute d’un effort majeur, on pourrait assister à un recul de l’espace francophone », prévient le rapporteur. Face à la concurrence des autres grandes langues internationales ou locales, et surtout face aux difficultés de nombre de pays francophones en développement à assurer l’accès à l’enseignement de leurs populations en pleine explosion démographique, le nombre de francophones en 2050 pourrait être inférieur à celui d’aujourd’hui. Les conséquences en seraient sans appel pour les entreprises françaises, avec à la clef « la destruction de 120.000 emplois dès 2020, soit 0,5 point de chômage en plus, et un demi-million en 2050, soit 1,5 point en plus »… Et des mesures s’imposent.

Daniel Bastien


Source : http://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/0203726264512-la-francophonie-un-potentiel-enorme-insuffisamment-exploite-par-la-france-1036155.php?xtor=RSS-2053

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