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[POLITIQUE] MAUVAISE NOUVELLE, LA FIN DU FRANC CFA N’EST PAS POUR DEMAIN!

Alors que sur le continent les opinions les plus radicales se font jour sur l’opportunité pour les pays africains de garder la monnaie héritée de la colonisation, la récente réunion des ministres des finances et gouverneurs de la zone franc a permis à la France de réaffirmer sa détermination à renforcer ces liens monétaires.
Quelle évaluation peut-on faire de l’apport du franc cfa au développement du continent?
La question était le 5 octobre dernier au centre des cérémonies de commémoration des quarante ans des accords de coopération monétaire signés entre la France et ses ex colonies, le 23 novembre 1972 à Brazzaville en ce qui concerne les États de l’Afrique Centrale et le 4 décembre 1973 à Dakar, pour les pays membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine.
Preuve que les responsables Français n’ignorent rien des débats qui ont cours sur le continent concernant l’opportunité ou non de maintenir en zone franc cette monnaie à l’origine baptisée franc des Colonies Françaises d’Afrique (CFA) et aujourd’hui jugée par certains comme un héritage colonial empoisonné. Un colloque a été organisé et Co-présidé par Pierre Moscovici, le ministre Français de l’Économie et des Finances et Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, sur le thème : « regards croisés sur 40 ans de Zone franc ». Ces festivités et discussions, étaient, selon les autorités françaises, « une opportunité sans précédent pour porter un regard rétrospectif sur les 40 ans de cette coopération et sur son évolution. Il s’agit, indique la direction générale du trésor français où sont ouverts les comptes d’opération des pays de la zone CFA, de mieux faire connaître la modernité de cette coopération sans en occulter la complexité. Les mécanismes de la Zone franc sont en effet souvent méconnus ou du moins mal compris. Ce 40ème anniversaire doit permettre d’y apporter un éclairage nouveau ».

Si le thème en son libellé reflétait une volonté des autorités française de ce montrer quelque peu décomplexés quand aux accusations de néocolonialisme portées sur cette coopération monétaire trop étroite, le casting des débatteurs a tout de même su préserver l’essentiel : la volonté des dirigeants français de continuer de contrôler les économies de la zone Cfa au moyen du lien monétaire.
Premier orateur lors de ce colloque, Alassane Ouattara le président de la république de Côte d’Ivoire, et unique chef d’Etat ayant participé à ces commémorations tenues en marge d’une des deux rencontres annuelles des ministres de l’économie et des finances et de la zone franc. Le nouvel enfant chéri de la françafrique qui n’a pas tari d’éloges, sur les bienfaits du franc CFA. «Quarante ans après leur signature, nous pouvons affirmer que les accords de coopération ont atteint leurs objectifs», assure le président Alassane Ouattara.

« Ils ont, en effet, offert un cadre de stabilité macroéconomique aux pays africains membres de la Zone franc et ils ont constitué un atout indéniable pour la consolidation des acquis du développement. (…) Les accords de coopération monétaire ont également conféré au franc CFA une stabilité et une crédibilité avérée, réduisant ainsi les risques de spéculations et de volatilité excessive des termes de l’échange, qui ont parfois anéanti, au travers des crises de change, des décennies d’efforts de développement. »
Il a poursuivi: « En outre, la Zone franc a montré une meilleure capacité d’atténuation de l’impact négatif des chocs exogènes et internes, qui ont affecté les économies des pays africains. J’en veux pour preuve, le constat que la Zone franc a été la région de l’Afrique où la chute de la croissance économique, du fait des conséquences de la crise financière internationale de 2008, a été la moins brutale. »
Selon ce président ivoirien: « C’est dire que les choix effectués par les pères fondateurs de la zone franc ont pleinement tenus leurs promesses et demeurent, aujourd’hui encore, parfaitement adaptés. Je voudrais donc rendre hommage aux Chefs d’États Africains et Français successifs qui ont mis en place et supervisé la gestion de la Zone franc depuis 40 ans ».

S’il se réjouit des bienfaits qu’il trouve à cette monnaie plutôt contestée sur le continent le chef de l’état ivoirien, économiste connu qui fut gouverneur de la banque centrale de l’Afrique de l’ouest, puis directeur général adjoint du Fonds monétaire intentionnel, n’en reste pas moins lucide sur l’avenir de cette monnaie sur un continent qui devrait connaitre de grandes mutations dans les prochaines années.
C’est pour quoi il recommande une réflexion prospective sur l’avenir de cette monnaie commune. Ainsi, indique-t-il, « la cérémonie de commémoration nous offre l’opportunité de renforcer nos convictions quant à la pertinence de la vision des pères fondateurs des unions monétaires, en approfondissant les réflexions sur l’avenir de la Zone Franc, au regard d’un certain nombre de problématiques, notamment : l’accès au financement par les entreprises dans un contexte de promotion de l’investissement privé ; l’amélioration du climat des affaires, y compris la sécurisation des opérations financières ;la gestion optimale des liquidités des banques ; la forte dépendance des économies vis-à-vis des chocs extérieurs, des ressources naturelles non transformées et des productions agricoles ; le projet de monnaie unique africaine à l’horizon 2028 décidée par les instances de l’OUA dans le traité d’Abuja. »
Il n’empêche, dans ce contexte où François Hollande, le nouveau chef de l’Etat veut montrer la rupture avec les méthodes tant décriées de la françafrique, il est question de remodeler les mécanismes de coopération avec l’Afrique Cfa pour les rendre plus compatibles avec la vision de la jeune génération africaine, qui a de la peine à s’expliquer le bien fondé de ces accords monétaires.

Selon le gouvernement français, Pierre MOSCOVICI a donc fait de cet anniversaire le point de départ d’une redéfinition des relations entre la France et l’Afrique, comme l’a souhaité le président de la République. Elle se fera autour d’un partenariat équilibré et mutuellement bénéfique, en privilégiant un modèle centré sur le partage de la création de richesses, la valorisation des flux, et la recherche de retombées mutuellement bénéfiques en termes de dynamisme économique et d’emplois. Quelques mesures ont d’ailleurs été annoncées par les autorités françaises pour donner une allure plus utilitaire, vu d’Afrique, à alliance des pays CFA avec l’ex colonisateur.
En somme, les autorités françaises qui savent que la France CFA est assez contestée sur le continent, donnent des gages à travers trois mesures phares annoncés par pierre Moscovici qui devraient prendre corps sous peu. Il s’attaque d’abord à un problème sensible, celui de la transparence des industries extractives en Afrique. «L’exploitation outrancière des ressources africaines doit prendre fin», s’emporte M. Moscovici, annonçant une enveloppe de 15 millions d’euros pour l’assistance juridique pour les pays africains, dans ce cadre.

Le ministre français de l’Économie et des Finances a également demandé à des personnalités représentatives de former une mission dont l’objectif est de refonder les liens économiques qui unissent la France et l’Afrique, et de trouver les moyens de les activer, dans l’intérêt commun.
Sont membre de ce groupe de travail : Hubert VEDRINE, Lionel ZINSOU, Jean-Michel SEVERINO et Hakim EL KAROUI. Ils ont accepté de se joindre à cette mission et prochainement Tidjane THIAM. Enfin, la France qui a commandé une étude sur les gains attendus de l’intégration économique régionale des pays africains de la Zone Franc veut rapidement identifier les actions concrètes qui permettront de réaliser ce potentiel, un groupe de travail a été créé. Il proposera dès la prochaine réunion des représentants de la Zone franc des mesures à mettre en œuvre.

Source: François Bambou via cameroonvoice.com

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