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[POLITIQUE] LE KENYA, L’ÉTHIOPIE ET L’OUGANDA CHAMPIONS DE LA DIVERSIFICATION DE LEUR ÉCONOMIE.

Kenya, Éthiopie, Ouganda : c’est, selon une étude de la Coface, le trio gagnant des pays qui ont su diversifier leur économie pour s’engager sur la voie d’une croissance vraiment durable.

Alors que les pays développés ont subi de plein fouet, depuis 2008, la crise financière puis la crise des dettes souveraines dont ils peinent encore à se remettre, la plupart des économies de l’Afrique subsaharienne ont connu sur la période 2000-2014 une croissance de 5,5 % en moyenne. Comparé au 2,6 % de croissance enregistrée au cours de la décennie précédente, ce résultat est le signe d’un dynamisme évident du continent.

UNE CROISSANCE ENCORE FRAGILE

Mais cette croissance, si spectaculaire soit-elle, masque un développement chaotique et fragile parce qu’il repose encore trop largement sur une économie d’exportations de matières premières soumise, par définition, aux fluctuations des cours mondiaux. Or, le net repli de ceux-ci depuis un an change complètement la donne.

Quels sont les pays les plus vulnérables à cette conjoncture défavorable et, à l’inverse, quels sont ceux susceptibles de s’en sortir le mieux ? C’est l’objet de la dernière étude de la Coface qui, filant la métaphore météo, prévoit du « soleil à l’est », en particulier sur l’Éthiopie, l’Ouganda et le Kenya, et un ciel plus nuageux sur le reste du continent.

 

Pour arriver à ce constat, les économistes de la Coface ont étudié la dépendance plus ou moins forte des pays aux matières premières. « Si, en moyenne, 41 % de la valeur ajoutée produite sur le continent provient encore des industries extractives, du pétrole en particulier, et du secteur agricole, ce constat d’ensemble masque de fortes disparités », note ainsi Jean-Louis Daudier, coauteur du rapport.

LA MALÉDICTION DES MATIÈRES PREMIÈRES

L’étude distingue ainsi trois catégories de pays en fonction de leur vulnérabilité à l’évolution récente des cours. Parmi les dix les plus fragiles, on retrouve ceux qui sont exportateurs nets de pétrole dont la chute des prix a considérablement déstabilisé leur balance commerciale et leur budget. « C’est le cas pour le Nigeria, l’Angola ou le Gabon », précise Jean-Louis Daudier.

Une deuxième catégorie réunit les 21 pays modérément affectés par la chute des cours car ils sont moins dépendants du pétrole, exportant principalement des produits agricoles ou alimentaires dont les prix ont connu un repli moindre que l’or noir.

Enfin, 13 pays sont relativement peu touchés par la conjoncture car la baisse des prix de leurs produits agricoles exportés est compensée, au moins pour partie, par les économies réalisées sur le prix du pétrole qu’ils importent.

On le voit, être riche en pétrole n’est pas forcément un avantage pour les pays concernés. Les spécialistes parlent même du « Dutch disease » ou « mal hollandais » pour désigner cette sorte de malédiction des matières premières, à l’image de ce qui s’est passé aux Pays-Bas, dans les années 1960, à la suite de la découverte de grands gisements de gaz en mer du Nord

TROIS PAYS SORTENT DU LOTL’étude la Coface montre, à l’inverse, que les pays s’en sortant le mieux sont ceux qui, à défaut de richesses naturelles abondantes, ont su diversifier leur économie en développant des secteurs de services à forte valeur ajoutée et/ou en promouvant le secteur manufacturier.

« Parmi les 17 pays d’Afrique subsaharienne dont la contribution de l’industrie dépasse les 8 % de PIB, valeur médiane sur le continent, on retrouve, sans surprise, l’Afrique du sud ou le Kenya. Mais trois nouveaux ressortent également du lot : l’Ouganda, l’Éthiopie et le Rwanda », souligne Anne-Sophie Fèvre, autre coauteur de l’étude.

Leur point commun ? « Avoir bâti leur stratégie sur le développement de l’agroalimentaire et du textile », poursuit-elle. Le Rwanda, par exemple, s’est ainsi lancé dans la production de liqueurs à partir du café ou du citron produits localement auquel on ajoute de l’alcool importé avec pour cible commerciale l’ensemble de l’Afrique de l’Est. Le cas de l’Éthiopie est tout aussi emblématique s’agissant de l’essor de l’habillement.

« En 2012, la société chinoise Huajian Shoes y a implanté une usine de chaussures et en 2013, la marque de prêt-à-porter suédoise H & M a choisi des fournisseurs éthiopiens pour profiter des coûts salariaux moins élevés », raconte Anne-Sophie Fèvre.

UNE MONTÉE EN GAMME

« Comme hier l’Asie du sud-est, certains pays d’Afrique ont compris que leur avenir passait par une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiale. Certains commencent même à passer à des produits à plus forte valeur ajoutée », poursuit-elle.

C’est le cas de l’Ouganda qui s’est lancé récemment dans les produits métallurgiques et le secteur de la chimie (plastique et médicaments), la part des produits à haute technologie étant passé de 1 % des exportations totales en 2000 à 10 % en 2013.

Pour soutenir ce mouvement, les États multiplient les incitations pour attirer les investisseurs étrangers, dont nombre sont… africains. Ainsi, le gouvernement d’Addis-Abeba a annoncé un investissement de 1 milliard de dollars sur dix ans pour aménager un parc industriel qui proposera divers avantages (réseau électrique dédié, réductions fiscales…) aux entreprises candidates.

« Bien sûr, des freins pèsent encore sur le développement de ces pays, en particulier le manque d’infrastructures et l’instabilité géopolitique, admet Anne-Sophie Fèvre. Mais certains possèdent déjà les atouts nécessaires pour s’engager sur la voie d’une croissance vraiment durable. »

Source : http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Afrique/Les-nouveaux-champions-economiques-de-l-Afrique-subsaharienne-2015-06-22-1326502

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