[POLITIQUE] LA CPI, UN TRIBUNAL NÉGROPHOBE ?

À ce jour, quinze mandats d’arrêt ont été émis par la CPI, tous contre des ressortissants africains à l’exception de l’ancien président Serbe Slobodan Milosevic.

Trois Soudanais: Ahmed Haroun, ancien ministre des Affaires humanitaires et Ali Kushays, le chef des milices djandjawids (27 avril 2007); et le chef de l’Etat Omar el-Béchir (14 juillet 2008);

Cinq Ougandais: tous des dirigeants de l’Armée de Résistance du Seigneur (ARS) dont son numéro un, Joseph Koni (2005);

Cinq ressortissants de de la République démocratique du Congo (RDC): Thomas Lubanga Dyilo (10 février 2006); Germain Katanga (2 juillet 2007); Mathieu Ngudjolo Chui (6 juillet 2007); Bosco Ntaganda (26 août 2006). Les trois premiers se trouvent actuellement au centre de détention de la CPI, à La Haye.

Jean-Pierre Bemba Gombo, fondateur du Mouvement de libération du Congo et ancien vice-président de la RDC, le 23 mai 2008 remplacé le 10 juin de la même année par un autre mandat. Arrêté, il a été transféré au centre de détention de la Haye.

Mais pas le début d’une enquête contre les commanditaires de la guerre en Irak que sont l’ancien président des Etats-Unis George Bush et Donald Rumsfeld, son ministre de la Défense. Un conflit pourtant déclenché contre l’avis du Conseil de sécurité en mars 2003, qui a coûté la vie à des centaines de milliers d’Irakiens et entraîné des violations des droits de l’homme comme dans la désormais (tristement) célèbre prison d’Abou Grahib.

Motus et bouche cousue également sur le conflit israélo-palestinien. Alors que selon plusieurs rapports circonstanciés effectués par l’ONU, Amnesty International et Human Rights Watch, l’armée israélienne (Tsahal) aurait commis des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité, notamment au cours de l’opération Plomb durci, du 27 décembre 2008 au 27 janvier 2009 contre le Hamas dans la bande de Gaza.

Guerre larvée entre l’UA et la CPI

À l’évidence, la justice internationale et son bras séculier, la CPI, sont loin d’être irréprochables. Sidiki Kaba, l’avocat sénégalais qui a présidé de 2001 à 2007 aux destinés de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), ne s’en est jamais caché. Dans son dernier ouvrage La justice universelle en question: Justice de blancs contre les autres? (L’Harmattan, 2010) il se fait fort d’en souligner les ambiguïtés et les « ressorts politiques qui les sous-tendent ».

Pour autant, cet infatigable combattant des droits de l’homme a toujours désapprouvé la décision de l’UA de ne pas coopérer avec la CPI. Il l’avait dénoncée en 2008, quand les chefs d’Etat africains avaient apporté leur soutien au président soudanais Omar el-Béchir: «L’Union africaine s’est placée dans une situation ambiguë en soutenant Omar el-Béchir et en refusant de coopérer avec la CPI. Cette situation remet en cause l’engagement de ses membres à combattre l’impunité. Elle viole l’Acte unique qui l’a créé et qui élève au rang de priorité la lutte contre l’impunité et le respect des droits de l’homme», s’était-il insurgé.

Prix Nobel de la paix, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu avait lui aussi crié son indignation:

« En juillet 2008, quand on a appris que le procureur de la CPI préparait un mandat d’arrêt contre Béchir pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre, l’Union africaine a publié un communiqué adressé au Conseil de sécurité de l’ONU pour lui demander de suspendre le processus.
Au lieu de condamner le génocide au Darfour, l’Union africaine a choisi de faire part de ses inquiétudes au sujet de l’acharnement dont seraient victimes les dirigeants africains et a soutenu les efforts d’el-Béchir pour retarder la justice ».

Le bras de fer que livre l’UA à la CPI est d’autant plus discutable que trois principaux dossiers concernant des pays africains sont actuellement ouverts à la Haye: la RDC, l’Ouganda et la République centrafricaine. Mais, à chaque fois, ils l’ont été à la demande de leurs chefs d’Etat respectifs. Considérant que leur pays n’avait pas les moyens de conduire dans les meilleures conditions de véritables enquêtes ou des poursuites contre les auteurs et les complices de graves crimes sur leur territoire, ils ont souhaité que l’instance judiciaire onusienne s’en charge.

Car mis à part des cas exceptionnels comme le Darfour ou plus récemment la Libye où, à la demande du Conseil de sécurité, elle a initié d’elle-même des actions judiciaires, la CPI, juridiction permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, a été conçue pour compléter les systèmes judiciaires nationaux. Elle ne peut exercer sa compétence que lorsque les juridictions nationales n’ont pas la volonté ou la compétence pour juger de tels crimes.

Source: slateafrique.com

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