« Je ne suis pas votre esclave ». Ces mots peuvent suffire à déchaîner la haine et la violence dans certains villages de la région de Kayes, dans le sud-ouest du Mali, où « l’esclavage par ascendance » continue de se pratiquer, et condamne des personnes à être considérées inférieures par d’autres.
L’esclavage a été officiellement aboli au Mali en 1905, pendant la période coloniale, et la Constitution malienne déclare que tous les Maliens naissent libres et égaux. Mais dans certains villages du nord de la région de Kayes, les descendants d’esclaves sont toujours confrontés à une forme de discrimination particulière.
Des sociétés traditionnelles comme celles des Soninkés, des Malinkés ou des Peuls sont divisées en castes : les « nobles », les artisans, les griots et les « esclaves », ou « descendants d’esclaves ». Dans certains villages soninkés, les prétendus « esclaves » ne peuvent pas devenir maire ou même participer aux assemblées, et ne peuvent pas se marier avec des membres d’une autre caste.
Lors de fêtes comme des mariages ou des baptêmes, ce sont eux qui doivent apporter l’eau et abattre les animaux. Les prétendus « nobles » appellent cela la tradition ; les groupes anti-esclavagistes désignent eux ce phénomène sous le terme d' »esclavage par ascendance ».
Une vidéo amateure circulant sur les réseaux sociaux montrant un homme pieds et poings liés, humiliés en public pour avoir refusé d’être appelé « esclave » a attiré l’attention de milliers de personnes.
L’homme de la vidéo, le cultivateur Mohammedou Sidibé, explique que les « nobles » l’avaient pris pour cible parce qu’ils le soupçonnaient de filmer pour un groupe de militants anti-esclavagiste du nom de Gambana. Ce groupe utilise des vidéos amateures pour documenter ce genre d’incidents et les diffuser via WhatsApp au Mali et au sein de la diaspora soninké à travers le monde.
Sarah Kossonou
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