Un vaste réseau de prostitution de jeunes femmes africaines venues du Nigeria, qui opérait depuis 2015 entre Benin City et Lyon (France), a été démantelé par la police française. Un procès s’est tenu mercredi, afin de situer les responsabilités. Parmi les accusés, Stanley Omoregie, un pasteur de 35 ans,qui se présentait comme quelqu’un qui voulait aider les gens de sa communauté.
Elles étaient plus de 23 personnes sur le banc des accusés. Hommes et de femmes, tous de nationalité nigériane, à l’exception d’un Français. Chacun de ces protagonistes est soupçonné d’avoir joué un rôle bien précis dans un vaste réseau de prostitution qui rapportait plus de 150 000 euros chaque mois. Considéré comme le chef de la bande, un pasteur du nom de Stanley Omoregie, était celui qui recrutait les filles. Une fois sur place, elles étaient contraintes de rembourser des milliers d’euros avant de pouvoir retrouver leur liberté.
Elles étaient recrutées au Nigeria et exploitées sur les trottoirs lyonnais. Chacun d’entre eux encourent dix ans de prison, notamment pour aide au séjour irrégulier, proxénétisme aggravé, traite d’êtres humains, blanchiment d’argent, le tout en bande organisée. Lors de leurs auditions face aux enquêteurs, les prostituées décrivent toutes le même le mode opératoire : au Nigeria, dans la province sud de Benin City, fortement touchée par le chômage, elles sont d’abord approchées par une personne qui leur propose de venir travailler en Europe comme coiffeuse ou serveuse dans un restaurant.
Agées de 17 à 38 ans, elles s’engagent à rembourser jusqu’à 30 000 euros pour le voyage et le service rendu. Après plusieurs semaines de transit par la Libye et des embarcations de fortune sur la Méditerranée, les victimes arrivent en Italie puis en France. Elles découvrent alors qu’elles devront se prostituer pour payer leur logement et rembourser leur dette.
Pendant le procès, le pasteur reconnaît qu’il louait bien des appartements à des jeunes femmes nigérianes mais jamais il ne s’était douté qu’elles se prostituaient. La présidente l’interroge : « Comment pensez-vous que ces femmes faisaient pour vous payer des loyers de plusieurs centaines d’euros par mois, sans travailler, puisqu’elles n’avaient pas de titre de séjour ? » Stanley Omoregie répond avoir voulu rendre service, sans chercher à savoir d’où venait l’argent.
Roland Nwoha, Coordonnateur de l’ONG Idia Renaissance, basée dans l’État d’Edo (sud du Nigeria), d’où vient la majorité de ces victimes explique que « dans certains cas, les parents sont complices avec les criminels qui les ont impliquées dans cette traite. À leur retour, les victimes sont rejetées par leur famille… Leurs parents ne peuvent pas supporter de les voir revenir d’Europe les mains vides ».
Prince Khalil
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